Recherche avancée       Liste groupes



      
CELTIQUE CONTEMPORAIN  |  STUDIO

Commentaires (1)
L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style : An Triskell , Glenmor
- Membre : Pat O'may , René Werneer , Michel Santangeli , Gabriel Yacoub , Mor, Ys, Keris, Pierre De Grenoble, Malicorne, Dan Ar Braz
- Style + Membre : Angelo Branduardi , Nuit Celtique
 

 Site Officiel (1128)
 Musique Progressive Bretonne (908)

Alan STIVELL - Légende (1983)
Par MARCO STIVELL le 21 Août 2010          Consultée 5293 fois

Ainsi qu'il l'a été dit dans la chronique de Terre des Vivants, l'album de 1981, la sortie de ce dernier marque un tournant dans la carrière d'Alan. Si la Symphonie Celtique (1979) avait renforcé l'intérêt du public, devenu quelque peu timide après E Dulenn (1975), du moins par rapport aux albums "mythiques", celui-ci a de nouveau considérablement diminué depuis Terre des Vivants. Alan aura beau tourner en France pendant les années 80, c'est à l'étranger qu'il va surtout devoir se produire car hors de l'hexagone, la passion pour la musique celtique brûle toujours. La tournée 1981-82 a été tout de même très confidentielle, mais aussi surprenante (après un album très rock), Alan ne s'étant fait accompagner que d'un un seul musicien, le guitariste-percussionniste Bernard COUTELAN que l'on retrouve sur cet album de 1983, Légende, ou Legend (en anglais), ou Mojenn (breton).

Avec Légende, nous voilà partis dans une autre ère. Les années 80 ? ben franchement, on n'y pense même pas... Seul le son d'une batterie synthétique Linn sur une ou deux parties de "Teacht na d'Tuatha dé" nous le rappelle. Et encore... Sans cela, cet album semble venir d'ailleurs, d'une autre époque. Le son est assez froid, et ce dès les premières mesures. Quelque part, j'ai envie de dire que l'effet est réussi car l'atmosphère de ce disque nous fait plonger en plein Moyen-Âge, période à laquelle une partie des morceaux est consacrée.

Légende est le seul album d'Alan à présenter une forme d'exercice à laquelle ce dernier s'est essayé, en 82 apparemment : la musique de film. La majorité de l'ancienne première face est occupée par des thèmes chantés et instrumentaux qui ont servi de bande originale à un film nommé "Si J'avais 1000 Ans", de Monique ENCKEL, dont la trame puisait visiblement dans les légendes bretonnes. Les textes viennent d'archives, mais la musique est entièrement composée par Alan. Le son et les morceaux surprennent par leur froideur, comment ne pas se retrouver dans l'obscurantisme qui a occupé une bonne partie de cette longue période ? Le premier morceau, avec ces lointains sons de cloches en fond, nous entraînent dans un décor pluvieux, froid, dans un village de l'ancien temps. Il fût un temps où "Marc'heien" (l'intro avec le piano) et "Barn" me mettaient un peu mal à l'aise, mais c'est passé. Le deuxième surtout, fait bien voir cette idée de "condamnation", avec l'arrivée du bourreau. Comme quoi Alan, quand il compose, sait vraiment y faire avec les ambiances. "Azenor" sonne musicalement comme une chanson d'amour, mais le texte est plutôt dramatique : allant de pair avec "Barn", c'est une jeune femme qui est destinée à mourir. La chanson est tendre, Alan chante merveilleusement bien, mais la froideur du son plus présente que jamais en rebutera certains...

Un album très particulier (encore un !), où Alan n'est que peu accompagné. C'est sur cette musique de film surtout qu'on trouve quelques instruments comme la basse ou la guitare. Cette dernière est donc jouée par Bernard COUTELAN. On remarque surtout la présence inédite de Mikael KLEC'H, qui faisait partie du groupe mythique d'Alan à l'Olympia, et avec qui il n'a pas joué depuis plus de dix ans ! Pour le reste, notre barde est la plupart du temps seul et bien seul. Légende est une performance, car le chanteur-harpiste s'impose, plus que sur les autres albums, en multi-instrumentiste doué. Il va jusqu'à tenir la batterie seul sur "Azenor" ! Bon ok, ça ne sonne pas comme s'il était un vrai batteur, mais c'est louable de sa part de s'y être essayé. Au niveau du chant, c'est remarquable, il y'a des moments où il utilise plusieurs pistes et cela peut donner un effet "grégorien", comme sur "Marc'heien", du meilleur acabit.

A la fin de la première face, on trouve un reel, "Eireog Shineidin", avec un très bel arpège de harpe sur percussions et un peu de flûte, très sympathique. C'est comme une petite pause à la suite d'un tel voyage. Après cela, nous assistons à un autre départ, celui de Bran, aussi connu sous le nom de saint Brandan, moine irlandais qui a traversé l'Atlantique, avant de repartir nous-mêmes, emportés par la musique. Jolie chanson où Alan se dédouble vocalement. Il s'accompagne lui-même à la harpe et aux percussions. Le texte est très précieux car venu tout droit du haut Moyen-Âge...

Puis nous repartons. Before Landing, déjà loin derrière, racontait l'histoire de la Bretagne. Ici, c'est à l'histoire ancienne de l'Irlande que nous somme conviés, celle des Tuatha dé Danan, les peuples dieux de Danu, qui y vivaient avant les hommes. La traversée s'avère plus difficile que celui de la musique du film de Monique ENCKEL, déjà parce qu'il est plus long, et qu'ensuite il y a moins de récurrence dans les thèmes, des airs et orchestrations plus complexes, et pas mal de diversité. Mais ce n'est pas tout : certains morceaux, où la harpe domine, comme "Dadga & Morrigan" ou "Le Songe d'Angus", semblent complètement improvisés, et comme ils s'étalent sur plusieurs minutes, il est difficile de tout retenir, lors des premières écoutes du moins. Ajoutons à cela une poignée de morceaux où Alan expérimente à la harpe et aux synthés, et cela donne des sonorités "bizarres", comme sur "Tuatha dé Danan", ou "Sa Charn". Ce dernier étant même partagé en différentes humeurs. La partie "An Lith", dépeignant une orgie, est un vrai délice musical. Voyage difficile donc, mais dont les paysages se révèlent au fil des écoutes. D'autant plus que la fin, moment que je préfère, vaut vraiment le détour, comme le reste d'ailleurs mais plus encore. "Comflaithius" est introduit par une boîte à rythmes, des percussions, puis entrent les claviers, ainsi que les flûtes, encore un très beau passage, et plutôt optimiste. Mon morceau favori avec "Au-Delà des 9 Vagues" (harpe et bodhràn), bien que ce dernier conclue l'album de façon bien mystérieuse...

Légende est un de ces albums qui ont besoin de plusieurs chances, de temps pour se révéler totalement. Il ne ressemble à rien d'autre - ou si peu - parmi tout ce qu'Alan a pu produire. Au départ, et comme beaucoup de fans je suppose, l'écouter m'a fait tout bizarre, mais aujourd'hui j'ai une certaine tendresse pour cet album. Peut-être pas toujours pour sa composition, mais pour ses ambiances, et puis il représente encore une fois une certaine performance de la part d'Alan sur le plan instrumental. Une très bonne curiosité de plus.

A lire aussi en MUSIQUE CONTEMPORAINE par MARCO STIVELL :


The ENID
Final Noise (1989)
Conclusion live retentissante avant nouveau repos




The ENID
The Seed And The Sower (1988)
Somptueuse incursion dans la new-age


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Alan Stivell (chant, harpes, cornemuse, bombarde, flûtes, percus)
- Xavier Eskabasse (batterie-synthé linn)
- Vidya Bataju (choeurs)
- Bernard Coutelan (guitares, percussions)
- Laurent Cokelaire (basse)
- Christian Gentet (contrebasse)
- Mikael Klec'h (flûte traversière irlandaise, bodhran)


1. Si J'avais 1000 Ans
2. Tour An Arvor (la Tour D'armor) (a)
3. Marc'heien (chevaliers)
4. Barn (condamnation)
5. Azenor
6. Sawen (la Toussaint)
7. Tour An Arvor (b)
8. Eireog Shineidin (d'après Jenny's Chicken Reel)
9. Immram Brain (le Voyage De Bran)
10. Teacht Na D'tuatha Dé - Venue Des Peuples 'dieux"
11. Tuatha Dé Danan (les Peuples Dieux De Danu)
12. Dagda & Morrigan
13. Eriu
14. Sa Charn - Dans Le Tertre (an Lìos Gloine)
15. Aisling Aengusa (le Songe D'angus)
16. Comflaithius
17. Dar Noi Tonna (au-delà Des 9 Vagues)



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod