Ce disque n'est rien d'autre qu'une compilation de 45 T parus aux alentours de 1960. Alan était encore tout jeune à ce moment là, il n'avait que 15 à 17 ans. Un jeune âge, peu commun pour faire des débuts discographiques, mais sa production verra son rythme ralentir par la suite, jusqu'en 1970. Il est amusant d'évoquer le contexte dans lequel s'est fait l'enregistrement des titres qui composent Telenn Geltiek : en prise directe dans la salle de séjour de monsieur Hermann WOLF, l'ancien patron de Mouez Breiz, alors seule maison de disques de Bretagne.

Déjà à l'époque, l'adolescent Alan COCHEVELOU "pas encore STIVELL" caressait l'envie de réunir les différents pays celtes par la musique et, dans le cas présent, cela se fera au moyen de sa seule harpe. Il ne chante même pas donc. L'instrument à cordes en nylon occupe tout le spectre sonore, les doigts agiles du Barde naissant font tout. Les thèmes choisis sont issus des répertoires bretons ("Kloareg Tremelo", "Kouskit Buan ma Bihan !", "Mona"), écossais ("Bonnie Banks O' Loch Lomond", "Tir-Nan-Og", avec un petit crochet par les îles Hébrides sur "Na Reubairean" entre autres) et irlandais ("Plijadur ha Displijadur", "Una Bhan"). D'autres ont une origine un peu plus incertaine ou métissée : ainsi à propos de "The Wearin' of the Green", Alan précise que la mélodie est d'origine écossaise, mais que l'âme vient d'Irlande.

Le premier 45 T s'intitulait Musique Gaélique et comportait seulement les sept premiers titres. L'ajout d'une dizaine d'autres morceaux ne rend pas l'album infiniment plus long, car la plupart des titres sont assez courts. On peut remarquer qu'entre les deux disques, il y a une petite différence de son, celui du second s'étant légèrement amélioré. D'autre part, on constate que Musique Gaélique n'est composé que d'airs doux, tandis que le reste de Telenn Geltiek varie un peu plus. On trouve ainsi un "Marv Pontkalleg" dans une version différente du classique qui paraîtra sur Renaissance de la Harpe Celtique en 71, car exécuté un peu plus rapidement (et ce n'est personnellement pas celle des deux que je préfère). On remarque aussi la présence de "Airde Cuan" (sans flûte) et "Na Reubairean" qui seront également présents sur Renaissance.

Les amateurs du Alan traditionnel seront pour le moins ravis de le retrouver sans aucun artifice moderne. C'est comme si on le rencontrait au milieu d'une clairière, derrière une cascade, ou devant un bon feu de cheminée. Ce dernier sentiment sera quelque peu "réconfortant" face aux sensations que donnent la plupart des titres (magnifiques) comme "Airde Cuan" et "Na Reubairean", à savoir quelques visions ou images inspirées par un temps de pluie. La buée sur les vitres n'est pas loin... Quoi qu'il en soit, le tout reste très agréable, et si ce n'est certainement pas l'album le plus représentatif du potentiel d'Alan, il est tout à fait conseillé à ceux dont le coeur fait un bond de joie à la seule mention des deux mots magiques : harpe celtique.