Traduire et reprendre les chansons de Dylan est un pari fou, courageux qui fatalement déclenche des sarcasmes. Entre les inconditionnels du Zim qui crient au scandale, les fans du barde d’Astaffort qui trépignent pour entendre des nouvelles compositions (cool c’est prévu en octobre 2013) et tous les commentateurs contents de se payer sa tronche (il a traduit les paroles sur Google translate….), notre homme est heureusement persévérant !
La principale difficulté est de traduire dans l’esprit de la chanson, et quand on sait que les vers de Dylan sont sujets à de multiples interprétations, on mesure le travail préparatoire effectué.

Onze chansons, pas vraiment les plus connues mis à part « Just Like A Woman/ Comme une femme » et des arrangements particulièrement soignés, on sait que Cabrel est un artisan/orfèvre. Le résultat est plutôt emballant, et la dernière partie de l’album est particulièrement réussie (« Tout se finit là, Bébé Bleu (It’s All Over Now, Baby Blue) », « L’histoire d’Hollis Brown (Ballad of Hollis Brown) », « Comme Blind Willie Mc Tell (Blind Willie McTell) ». Je suis plus dubitatif sur « D’en haut de la tour de guet (All Along The Watchtower » et « Je te veux (I Want You) », mais tout dépend de la perception de la chanson originale.

Il ne faut toutefois pas considérer cet album comme une parenthèse mineure dans la discographie de Francis, qui a toujours revendiqué Dylan comme sa principale influence et qui a déjà adapté des chansons (S’abriter de l’orage/Shelter from the Storm , Elle m'appartient/ She’s Belong to me).
Au-delà de savoir qui est l’auteur des textes, il me semble que le « grand public » peut apprécier les chansons comme pour un nouvel album de Cabrel, sans se poser spécifiquement la question, d’autant que, et c’est bien dommage, la majeure partie des acheteurs potentiels n’a jamais écouté les originaux !