En 2017, Francis CABREL fête ses 40 ans de carrière. En fait, non, il ne fête rien du tout. Comme il l'a toujours fait, il continue de mener son existence, loin des photographes et des médias, dans son village d'Astaffort. S'il quitte son antre en ce deuxième semestre, ce n'est pas pour célébrer en grandes pompes ses quatre décennies de musique. Non, c'est plutôt pour annoncer que le vieux loup a décidé de sortir de sa tanière analogique pour basculer dans le monde merveilleux du numérique. Traduisez, le père Francis accepte finalement que sa discographie complète soit accessible via les sites d'écoute en streaming, type Spotify ou Deezer. Cela ne changera pas fondamentalement grand-chose à l'appréciation de sa musique (il était déjà possible de se la procurer en numérique, [mode vieux con ON] et puis, tout de même, rien ne vaudra jamais le fait de glisser son CD dans la platine ou les doux crissements du microsillon. [mode vieux con OFF] Mais tout de même, il y a avec le streaming un côté 'pratique' qui, c'est une chance, nous permet maintenant d'emporter CABREL partout avec nous.

Pas bégueule, et sans doute content d'avoir négocié des droits d'auteur à son avantage, Francis nous propose pour accompagner cette bonne nouvelle deux nouveaux morceaux. Issus des sessions d'écritures d'In extremis, ils n'ont finalement été mis en boîte qu'au début du mois de septembre, quelques jours seulement avant leur publication. La filiation, néanmoins, est naturelle. On retrouve les mêmes ambiances cosy, façon salon enfumé, que l'on pouvait entendre sur l'album précité. Ces deux morceaux sont 'tranquilles', un peu 'plan-plan', mais visent juste et droit. "Le fils préféré", un blues rythmé aux ambiances chaloupées, propose un refrain sympathique qui permet d'apprécier le timbre unique du chanteur. Le thème, qui semble préoccuper Francis depuis quelques temps, évoque l'hypocrisie d'une époque où tout le monde prône l'amour de son prochain et la réconciliation, mais où personne ne sort dans la rue sans son gilet pare-balles. Le morceau propose de belles mélodies et des lignes de guitare percutantes, mais est à l'image de l'album (i]In extremis : un peu trop poli, sans grande envergure.

Il en va de même du deuxième titre proposé : "Des Montagnes de tout". Cette ballade mignonnette est en réalité une valse tendre, agrémentée d'un violon et d'un accordéon, qui traîte des petits travers et autres maniaqueries qui pimentent la vie de couple. Le pont, sur lequel un piano et une clarinette font leur apparition, renforce le côté espiègle de ce morceau court et surprenant, appréciable par son originalité.

A en croire Francis, ces deux titres ne figureront pas sur son prochain album, déjà à moitié écrit et dont la publication est annoncée pour 2018. Sentant bien qu'il vieillit, notre chanteur intemporel a semble-t-il décidé d'agir tant qu'il en a encore les capacités. En espérant un album plus percutant que ces deux titres sympathiques mais dont la portée reste bien faible si on la compare aux réalisations passées de l'artiste.