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Francis CABREL - Les Murs De Poussière (1977)
Par GEGERS le 29 Novembre 2009          Consultée 11077 fois

A la fin des années 70, peu s'intéressent à la chanson française. Le punk, et surtout le disco, balayent tout sur leur passage, ne laissant aux autres genres qu'un faible espace d'expression. C'est pourtant dans ce contexte peu favorable qu'un certain Francis CABREL vient poindre le bout de sa moustache. C'est en remportant un concours organisé par Sud Radio que le jeune auteur/compositeur/interprète agenais de 24 ans se voit offrir un contrat par la maison de disques Columbia. 11 titres mis en boîte plus tard, voici que débarque le premier album de CABREL, Les murs de poussière.

Cet album, c'est pour beaucoup un seul et unique morceau : "Petite Marie", écrit par Francis CABREL pour son épouse Mariette. Ce ne serait voir que le caillou qui cache la montagne. Certes, "Petite Marie" est un petit bijou universel et intemporel, une ballade comme on en compose une fois dans sa vie. Mais la version présente sur ce premier album est loin d'être la meilleure. Reniée par CABREL en personne qui, sous l'impulsion de sa maison de disques, avait tenté de camoufler son accent autant que possible, cette version est de très loin supplantée par n'importe quelle version live de cet extraordinaire morceau.

Les murs de Poussière, c'est aussi un magnifique morceau-titre haletant. L'herbe n'est pas forcément plus verte ailleurs, nous dit CABREL dont le talent de conteur et d'orateur est déjà digne des plus grands. Malgré des arrangements (cuivres et instruments à vent) imposés par Columbia plus qu'envahissants et rendant parfois inaudible le son des guitares, le folk 'rural' du jeune homme s'impose déjà comme une référence.

Débutant par une complainte post-moderne, la magnifique "Ma ville", CABREL vient cueillir l'auditeur de sa voix chaude et rassurante. "Ma ville" se veut pourtant froide et angoissante, décrivant le mal-être d'un citadin étranger dans sa ville. Pure invention humaine, la ville n'est pas un lieu de vie adapté pour l'Homme, semble constater le chanteur dont l'attachement à ses racines agenaises ne font déjà aucun doute.

Majoritairement lentes, les chansons qui composent Les murs de poussière plantent en beauté l'univers varié d'un grand compositeur en devenir : "Je reviens bientôt" traite du départ et de la solitude, des sujets chers à l'artiste, sur une mélodie nostalgique au piano. Et puis apparaissent déjà ces portraits, tableaux de peintre, que dresse CABREL, se faisant le conteur des petites gens ("Madeleine").

Ces quatre morceaux, variés et complémentaires, sont les seules réussites indéniables de ce premier album. Tentant déjà des incursions dans des univers blues/rock chers à son idole Bob DYLAN, CABREL se fait moins convaincant avec des titres comme "Je m'étais perdu" ou "Change de docteur", prévisibles et quelque peu superflus. Manquant de conviction, le moustachu d'Astaffort fera bien mieux par la suite dans un style identique.

Restent des titres plus ou moins inclassables, sans guitare et gonflés d'arrangements vains, qui affaiblissent l'opus : "L'Instant d'amour", bleuette formatée pour plaire à Columbia, se révèle totalement inutile, tout comme "Imagine-toi", chanson d'amour qui ne restera pas dans les annales.

Enfin, apparaissent déjà les premières reprises et adaptations, autre marque de fabrique de CABREL. Un peu timide et tâtonnant, le chanteur propose une adaptation de la comptine "Colchique dans les prés" clôturant l'album de façon fort sympathique.

Bridé par sa maison de disques, Francis CABREL livre avec Les murs de poussière un premier album très encourageant et sublimé par le classique des classiques qu'est "Petite Marie". Musicalement, le bonhomme prouvera néanmoins par la suite que les morceaux les plus inspirés ne font pas nécessairement les plus gros tubes.

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- Francis Cabrel (chant, guitare)
- + Divers Instrumentistes


1. Ma Ville
2. Petite Marie
3. Les Murs De Poussière
4. Je Reviens Bientôt
5. Imagine Toi
6. Je M'étais Perdu
7. Madeleine
8. L'instant D'amour
9. Change De Docteur
10. Ami
11. Automne (colchique Dans Les Prés)



             



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