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POéSIE-CHANSON FRANçAISE  |  STUDIO

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- Style : Glenmor, Hubert Felix Thiefaine , Bernard Lavilliers

Léo FERRE - Verlaine Et Rimbaud Chantés Par Léo Ferre (1964)
Par LE BARON le 8 Septembre 2017          Consultée 3467 fois

Léo FERRE a beaucoup chanté les poètes. Dès Paris Canaille, son premier album (1953), il interprétait Guillaume Apollinaire. Suivirent Rutebeuf, Baudelaire, Aragon, les deux derniers faisant même l’objet de disques leur étant entièrement consacrés. Avec Verlaine et Rimbaud, FERRE poursuit donc la mise en musique de ses poètes de chevet, s’offrant un double album qui plus est. Composer à partir de ces textes est pour lui une « vacance », dira t-il, un moment de détente. Tout lui paraît simple : il s’assoit au piano, un recueil de poèmes ouvert devant lui, et il improvise. Et on est d’emblée frappé – et conquis – par l’incroyable fluidité qui émane de ce disque, alors même que les textes y sont particulièrement riches, denses, parfois complexes.

Des textes, il y en a 24 : 14 poèmes de Verlaine, 10 de Rimbaud. Couple maudit, couple infernal, la rencontre des deux hommes est d’abord marquée par une admiration réciproque. Elle deviendra rapidement un théâtre de violences et de déchirements en tous genres. Et si Rimbaud maltraite régulièrement son aîné, c’est Verlaine qui signera la fin de leur histoire en tirant sur son amant. Tragique histoire !

Rapprocher les deux semble évident, puisqu’ils se sont aimés, admirés, influencés. Ils sont pourtant bien différents. Verlaine est un poète du clair-obscur, qui peut autant décrire ses tourments intérieurs qu’une scène aperçue dans la rue, ou un souvenir. Sa poésie, explicite, laisse souvent sourdre la profonde anxiété de l’homme dont les nerfs sont constamment à fleur de peau. Les textes choisis par FERRE sont très beaux : « Il patinait merveilleusement », « Âme, te souvient-il », « Green », etc. Il n’empêche : comparé à Rimbaud, Verlaine semble plus « léger ». Il peut même s’avérer franchement érotique (dans « Pensionnaires », description de jeunes amours saphiques), ou dispensateur de conseils pour qui voudrait s’essayer à la versification. Nul doute que FERRE a lu avec attention – et appliqué avec soin – les conseils délivrés dans « Art Poétique ».

Rimbaud… que dire ? Rimbaud est un sale gosse génial. Sa poésie est volontiers hermétique, plus dérangeante, plus forte aussi. Sombre, elle est traversée d’éclats d’une lumière aveuglante. Et il y a cette solitude douloureuse, celle du « voyant » entouré de gens ordinaires, forcément médiocres. Rimbaud n’est que visions, et FERRE s’en empare avec aisance, et brio, faisant œuvre de passeur de mots, nous permettant de pénétrer dans une œuvre parfois difficile.

Prenons « Les Assis »: « Noirs de loupes, grêlés, les yeux cerclés de bagues / Vertes, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs / Le sinciput plaqué de hargnosités vagues / Comme les floraisons lépreuses des vieux murs ». Ce texte est d’entrée plutôt âpre, et sa lecture peu aisée : « loupe », « doigts boulus », « sinciput », etc. C’est obscur, intimidant. Et pourtant FERRE nous embarque avec lui immédiatement. S’il y parvient aussi remarquablement, c’est qu’il est davantage soucieux de nous faire partager les sonorités de la langue rimbaldienne que d’en tirer une signification. Impossible de ne pas vibrer en l’écoutant faire résonner des mots qui, fussent-ils à la limite d’être abscons, n’en touchent pas moins des zones éminemment profondes, et sensibles, de notre être, ou de notre âme si l’on y croit. Rimbaud est un poète de l’indicible. Avant d’être compris, il doit être ressenti. Et c’est l’immense talent de FERRE, que de partager avec nous cette intime vibration, l’air de rien, nous livrant des poèmes comme sur un plateau, en ami partageant le voluptueux fracas des mots.

La musique est parfaite. Elle soutient le verbe, mais ne prend jamais sa place, ne le dilue aucunement. Si FERRE n’avait chanté que Verlaine, ç’aurait été un excellent disque. Mais il ose chanter Rimbaud, et cela devient grand. « Chanson de la Plus Haute Tour », « Les Assis », « Les Poètes de sept ans », « Les Corbeaux », 4 textes de très haut vol magnifiquement interprétés, et qui justifient à eux seuls l’écoute d’un album mal connu, mais qui fait pourtant clairement parti des meilleurs de Léo FERRE.

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   LE BARON

 
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- Jean-michel Defaye (arrangements, direction musicale)


- Verlaine Et Rimbaud Chantés Par Léo Ferré
1. Écoutez La Chanson Bien Douce (verlaine)
2. Chanson De La Plus Haute Tour (rimbaud)
3. Il Patinait Merveilleusement(verlaine)
4. Mon Rêve Familier (verlaine)
5. Soleils Couchants (verlaine)
6. Les Assis (rimbaud)
7. L'espoir Luit Comme Un Brin De Paille Dans L'établ
8. Art Poétique (verlaine)
9. Pensionnaires (verlaine)
10. Âme, Te Souvient-il ? (verlaine)
11. Le Buffet (rimbaud)
12. Les Poètes De Sept Ans (rimbaud)
13. Chanson D'automne (verlaine)
14. Les Corbeaux (rimbaud)
15. Green (verlaine)
16. Mes Petites Amoureuses (rimbaud)
17. Je Vous Vois Encor (verlaine)
18. L'étoile A Pleuré Rose (rimbaud)
19. Ô Triste, Triste était Mon âme (verlaine)
20. Rêvé Pour L'hiver (rimbaud)
21. Clair De Lune (verlaine)
22. Les Chercheuses De Poux (rimbaud)
23. Ma Bohème (rimbaud)
24. Sérénade (verlaine)



             



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