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CHANSON FRANçAISE  |  STUDIO

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- Style : Glenmor, Hubert Felix Thiefaine , Bernard Lavilliers

Léo FERRE - Paname (1960)
Par LE BARON le 14 Avril 2017          Consultée 2200 fois

Les années 60 débutent par un changement important pour Léo FERRE : il quitte Odéon, sa maison de disques depuis 1953, pour rejoindre Eddie Barclay. D’Eddie Barclay, on retient aujourd’hui la fine moustache, les mariages très nombreux, les fêtes à Saint-Tropez avec des types peu recommandables, comme le chanteur CARLOS – dont je constate à l’instant qu’il n’est pas chroniqué sur FP, c’est sûrement un oubli – ou Stéphane Collaro. Mais Barclay est aussi un musicien, grand amateur de jazz, importateur des premières matrices de microsillons, dirigeant de boîte de nuit, et j’en passe. Il est surtout fondateur d’une « écurie », comme il disait, dont il n’y pas à rougir, quand bien même ce ne serait pas notre tasse de thé : Jean FERRAT, Charles AZNAVOUR, Jacques BREL, parmi d’autres. Et désormais Léo FERRE.

La signature chez Barclay n’a pas été simple pour Léo. Il se méfie à priori des producteurs, qu’il considère comme des parasites vivant sur le dos des artistes. Cela s’avère pourtant un excellent choix. Barclay va fournir à FERRE des moyens d’enregistrement bien supérieurs à ceux qu’il a connu jusque-là, et lui permettre d’accéder à une reconnaissance plus large. D’auteur de chansons à textes plus ou moins confidentielles, FERRE va devenir un chanteur à succès, accompagné par des orchestres dignes de ce nom, promu comme il se doit. Ce succès lui permettra non seulement de vivre mieux, mais surtout de développer son écriture, ses compositions, et de porter des projets parfois très casse-gueules. Barclay le soutiendra presque toujours.

Ce qui frappe d’entrée, dès « Paname » (la chanson*), c’est donc la qualité du son et de l’orchestration. On est à l’évidence dans la catégorie supérieure, et c’est déjà une excellente nouvelle. Le titre est bien troussé, et l'on n'émettra qu'une réserve : il pourrait servir d’introduction à n’importe quel chanteur de variété haut de gamme. C’est d’ailleurs le défaut de l’album qui, s’il comporte quelques trésors, recèle aussi des chansons plus faibles, écrites par FERRE ou d’autres, et qui donnent l’impression que Léo tente l’expérience de la variété, comme s’il voulait sortir de son personnage de chanteur rive-gauche. C’est par exemple flagrant dans « Quand c’est fini ça recommence », une scie dont on se demande pourquoi FERRE nous l’inflige. Est-ce imposé par son producteur ? Disons qu’il continue de chercher son style. « Merde à Vauban », malgré son titre réjouissant, est également un peu lourdingue. De pénibles chœurs, une histoire de taulard enfermé sur l’île de Ré, tout cela manque tout de même de poésie.

Mais il y a de très belles surprises. Si avec « Les Poètes », FERRE renoue avec un de ses thèmes de prédilection (la malédiction du poète), il nous surprend avec « La Maffia », charge ironique et désabusée sur l’industrie musicale. Le fait qu’il écrive un tel texte alors qu’il vient de signer chez Barclay en dit long sur sa difficulté à le rejoindre. C’est féroce, et très drôle. Dans un autre registre, « Jolie Môme », que l’on attribue parfois à Juliette GRECO, est également une petite merveille. Chanson joyeuse, légère, c’est son érotisme qui fait tout son charme.

Encore un autre registre, plus grave celui-là. FERRE retrouve son ami Jean-Roger CAUSSIMON pour « Comme à Ostende », et c’est magnifique. Cela vous tire des larmes, et vous empêchera peut-être à jamais d’y aller, à Ostende, ou alors pour se foutre à l’eau. FERRE montre ici ses talents d’interprète, il incarne le texte avec une telle conviction que lorsqu’il chante : « Et ça pleuvait, oui ça pleuvait / Comme à Ostende et comme partout / Quand sur la ville tombe la pluie / Et qu’on s’demande si ça vaut l’coup / Si ça vaut l’coup d’vivre sa vie », on immédiatement a la réponse : ça ne vaut pas le coup, autant en finir !

Album important car premier d’une longue série de réussites, Paname, avec ses quelques excellentes chansons, est malheureusement affaibli par des titres plus faibles. Cela n’en est pas moins un bon disque, prometteur. FERRE va enfin pouvoir déployer son talent, et obtenir la reconnaissance qu’il mérite.

* Cet album n’a pas de titre à l’origine, on l’appelle Paname par commodité.

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- paname
1. Paname
2. Merde à Vauban (p. Seghers)
3. Les Poètes
4. La Maffia
5. Jolie Môme
6. Comme à Ostende (j-r. Caussimon)
7. Quand C'est Fini ça Recommence (r. Rouzaud)
8. Si Tu T'en Vas



             



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