Le revoilà. Deux années après son second album, il est maintenant affilié au label No Limits Record, car notre Snoop DOGG a eu quelques différents avec le boss de Death Row. Mais étant donné que rien ne l'arrête, il nous revient plus fort avec un album qui sent mauvais le commercial : son titre est Da Game is to be Sold, Not to be Told. Comprenez par ces quelques mots que notre rappeur est dans ce milieu pour faire de l'argent, pas pour papoter.

Allez, ne faites pas vos étonnés. Vous sentez bien que je ne porte pas cet album dans mon cœur. Rien qu'en voyant le titre et la pochette kitsch qui n'arrive pas au pied des deux précédents, je grince des dents. Et même s'il m'est forcé d'avouer l'intensité du morceau single "Still a G Thang", qui profite de l'énergie du flow de Snoop DOGG pour donner une ambiance boogie fort sympathique, il est difficile de trouver d'autres bons points à ce projet. Voyez par vous-même, le second single "Woof" vit dans l'ombre de l'intégralité du premier album du rappeur et ne lui arrive pas à la cheville en termes d'intensité malgré un couplet accrocheur de FIEND.

Parlons-en, des collaborations. Si notre rappeur a signé avec cette nouvelle boîte de production, ce n'est pas sans quelques arrangements. L'un d'entre eux est, il me semble, de faire participer le chef de No Limits Record à l'album. Résultat : MASTER P est présent sur 3 morceaux. Dans un premier temps sur le morceau introductif plein de positivisme "Snoop World" qui a toutes les caractéristiques d'un titre réussi. Plus loin dans l'album sur "Whatcha Gon Do", beaucoup plus g-funk et rallié à l'image de Snoop DOGG. Et enfin sur le dernier morceau, "Get Bout It & Rowdy" qui ne relève pas vraiment l'intérêt d'une fin d'album fort pompeuse et sans imagination. Le MASTER P a judicieusement posé ses pions pour que l'on n'ait pas l'occasion de l'oublier pendant ce long album. Les autres apparitions sont beaucoup plus douteuses, notamment celles de MYSTIKAL sur "Woof" et "Tru Tank Dogs", le second étant l'un des plus gros ratés de l'album.

Le principal souci de cet album, c'est qu'aucun morceau n'a ce petit quelque chose qui le rend accrocheur, qui donne un goût de reviens-y. Même "20 Dollars to my name" qui aurait pu être une franche réussite grâce à la diversité des rappeurs qui collaborent, devient terne et sans attache à cause d'une instrumentation molle. Snoop DOGG n'émet aucune envie d'innover à travers cet album, les thèmes explorés sont les mêmes que ceux de ses deux précédents projets, à savoir la vie dans le ghetto et ses aspirations. La récurrence des thèmes n'est pas un élément pénalisant en soi, mais quand on ne trouve que des points moyens à un album, elle vient s'ajouter à ces derniers. "D.O.G's get lonely 2" est presque risible tant il est crémeux et pas du tout dans la veine de ce à quoi aspire Snoop DOGG. "Hoes, Money and Clout" remonte un peu le niveau comme "Ain't Nut'in Personal" sans pour autant aider cet album à s'en sortir.

Snoop DOGG se voit ici attribuer son premier joker. Premier faux pas, accepté bien entendu. Pour autant, l'album a rencontré un vif succès commercial et nul doute que le rappeur n'a aucune raison de se plaindre d'avoir eu l'idée de sortir un projet comme celui-ci. Pour l'instant, nous allons rester avec Doggystyle dans nos walkmans branchés – parce qu'ils fonctionnaient encore à cette époque.