Le succès est total, dès son premier album. SNOOP DOGG, considéré dorénavant comme un pilier de la culture hip-hop américaine, n'a pas traîné à s'imposer à l'époque. Il a l'intelligence de savoir jouer de ses relations pour doucement se rapprocher des têtes comme DR DRE et peu à peu monter en grade, et l'album Doggystyle lui ouvrira des portes qui vont lui permettre de faire à peu près tout ce qu'il veut. Mais n'allons pas trop vite en besogne, la carrière du SNOOP est aussi étoffée que périlleuse. Son second album Tha Doggfather, connait nettement moins de succès commercial que le premier, mais ceci ne l'empêchera pas d'atteindre des ventes tout à fait honnêtes.Le contexte dans lequel cet album voit le jour est sans appel : SNOOP DOGG a passé un long moment en procès pour une accusation de meurtre dont il fut acquitté, tandis que son ami 2PAC se fait assassiner. L'ambiance est posée, mais SNOOP veut nager à contre-courant pour sortir un album tout public, qui plairait à tous.

Venu de la côte ouest des USA, pour lâcher des paroles sur des rythmes g-funk caractéristiques des mouvances musicales hip-hop de l'époque, SNOOP DOGG est d'une efficacité monstre dans son domaine de prédilection. Visez un peu la puissance de "Doggfather", qui pourtant sur le papier se montre très basique avec son rythme classique et ses quelques notes de guitare. Mais non, pour notre rappeur il suffit de poser une voix pour que l'ambiance soit sublimée, on se retrouve avec un pur classique qui suit encore l'artiste aujourd'hui. Le thème se rapproche du film The Godfather (Le Parrain), que notre rappeur cuisine à sa sauce, jusqu'à nous sortir une pochette qui est un clin d'œil avoué au film. Il y a de nombreuses choses à retenir de cet album. Les productions sont d'excellente qualité, ce n'est pas un titre tel que "Up Jump Da Boogie" très rythmé qui va me contredire. Les apparitions du chanteur Charlie WILSON s’enchaînent, notamment sur "Snoop Bounce" qui fait preuve d'une réelle efficacité malgré sa simplicité instrumentale. L'instrumentale balancée sur "(Tear 'em off) Me and My Doggz" est d'une efficacité monstrueuse, par-delà ses sonorités métalliques et très agressives.

Cet album frise même l'excellent, quand on croise la route des morceaux que sont "You thought" avec l'intervention de SOOPAFLY et TOO SHORT dantesques tous les deux, mais aussi à travers les morceaux "Vapors" et "Doggyland" qui sont dosés à la perfection. SNOOP DOGG se voit donc en toute simplicité rapper sur des instrumentations g-funk qu'il maîtrise sur le bout des doigts. Impossible de passer à travers "2001", pur exercice technique pour un rappeur habitué aux rythmes plus lents qui arrive à s'amuser même sur des productions inattendues. Les collaborateurs sont nombreux sur cet album, cependant nous retiendront que les plus efficaces, à savoir Nate DOGG, WARREN G et l'omniprésent Charlie WILSON qui subliment à eux 3 le morceau "Groupie".

La touche est légère sur cet album, l'ambiance est tout public et les paroles oscillent entre le SNOOP DOGG plein d'humour et celui qui répand la bonne parole. Quoiqu'il en soit, en 1996 cet album n'aura pas l'effet d'une bombe comme son prédécesseur Doggystyle. Et même aujourd'hui, l'intensité des productions n'a rien à voir avec les grands albums de SNOOP DOGG. Pour Tha Doggfather, on sent l'ambiance grand public que le rappeur a voulu inclure à son style musical. Soyez en surs, ce n'est qu'une passade pour un rappeur qui a encore énormément de choses à dire.