En 2024, Snoop DOGG nous a bien fait poireauter : il tease la sortie de son vingtième album durant des mois en annonçant des dates de publication à tire-larigot mais monsieur est trop occupé à encaisser des chèques pour son apparitions aux Jeux Olympiques de Paris et dans une pub pour une marque de briquet très célèbre aux côtés de sa BFF dont la street cred’ n’est plus à prouver, Martha Stewart, maîtresse de maison incontestée aux USA qui a fait un tour par la case prison et qui se passionne autant pour la déco d’intérieur que pour la fumette.

Evidemment, Snoopy manque de temps puisqu’il semble principalement le dédier à s’enfiler une moyenne de 80 joints par jour (c’est pas moi qui le dit !*). Bon, il parvient tout de même à nous régaler avec Missionary, un vingtième album pour célébrer les trente ans de Doggystyle, son tout premier album également produit par Dr DRE. Bien sûr, je sais que ce petit kamasutra de base n’a échappé à personne, bande de coquins. La pochette n’est peut-être pas aussi osée que celle de Doggystyle mais Snoop ne laisse aucun doute planer : à 53 ans il est toujours dans le game.

L’intro « Fore Play » est chantée par BJ The CHICAGO KID et ouvre l’album sur des préliminaires express d’à peine une minute. Même avec les années, Snoopzilla reste un vrai gentleman : une petite pipe et puis s’en va. « Shangri-La » est presque aussi courte mais au moins, Snoop est en forme suffisante pour rapper un peu cette fois mais c’est réellement sur un titre comme le single « Outta Da Blue » où DRE sample « Paper Planes » de M.I.A. qu’on retrouve un Snoop Doggy Dogg dont le flow est toujours en forme, mais qui doit se rabattre sur sa deuxième position préférée, le doggystyle n’étant apparemment plus de son âge (Maybe I’m just tryna get high/Smoking the legendary/Thighs high, open them wide/Something like missionary).

Le rappeur a peut-être mal au genoux mais il reste endurant encore sur le très bon titre « Hard Knocks », dont les refrains chantés par des voix féminines allègent un peu l’ambiance sombre d’un beat porté par une batterie aux sonorités très West Coast. Sans jamais se lasser, Snoop nous rappelle ses deux passions dans la vie, la weed et le cul, pardi ! (Ring ding ding, she fuck me right then I’m a goner/Ting ting, then we toast into this marijuana/Now how many licks does it take just to get to the center of a cupcake?).

Ca fume et ça groove un max sur le single « Gorgeous » en duo avec la R&B-soul Jhené AIKO. Snoopy se dévoile, son truc à lui, c’est les plans à trois (You know the rules, plus one, she always come with a guest/She in the pool, best believe I plan on making her wet). Les claviers et synthés sont funky et rétro, aucun doute Dr. DRE reste l’architecte en chef des vibes old school de la West Coast.

Comme toujours, Snoop sait s’entourer, que ce soit sur le mix rap-rock de « Last Dance With Mary Jane » en featuring avec Tom PETTY et Jelly ROLL où on est sur une sorte de ballade G-funk plutôt sympa, sur le single « Another Part Of Me » sur lequel il collabore avec STING pour un rendu franchement bof-bof ou encore le titre « Skyscrapers » avec Méthode MAN et SMITTY. Pas tout est bon, loin de là, mais l’OG du rap nous sert aussi une bonne dose d’égotrip sur le club banger « Thank You », totalement en contraste avec le featuring ultra-chill de Snoop, EMINEM et 50 Cent sur « Gunz N Smoke », beaucoup plus mou que ce qu’on pourrait pu attendre d’une telle collaboration.

L’atmosphère très cool de « Pressure » oscille entre tonalités funk et futuristes, le gangsta rap est au rendez-vous sur ce morceau où le D-O-double-G, dans un groove bien langoureux, continue de fantasmer sur les plaisirs charnels (She said she wanna eat a hot dog, Imma relish it/You ever met a billionaire with a million fetishes?). Vous commencez à connaître la musique : une petite pipe et puis s’en va.

La basse est smooth sur le titre « Fire » dont les influences reggae sentent bon la weed de la côte ouest, puis on termine sur quelques pistes aux beats faits de claviers et de percussions très old school qui nous emmènent droit en Californie, sans que Snoop n’oublie jamais de la ramener avec ses divagations en tout genre sur le sexe oral, comme dans « Gangsta Pose », « The Negotiator », « Now Or Never » et « Sticcy Situation » (Call my shit the Playboy mansion/And I’m Snoop Heff, snow bunnies with loose necks).

Entre fumée et plaisirs coquins, Snoop DOGG n’est pas encore prêt à faire dans la dentelle sur le vingtième chapitre de sa carrière légendaire. Avec un titre qui annonce la couleur, Missionary ne surprendra personne, on sait qu’on va partir dans un délire de gangster, de fumette et de clins d’oeil explicites. Mais bon, autant dire que Snoop a été plus occupé à compter ses joints qu’à nous donner du vrai bon rap, que ce soit en solo ou dans un gang-bang de collaborations sulfureuses qui auraient dû marquer les esprits.

* https://www.nme.com/news/music/snoop-dogg-personal-blunt-roller-rolled-half-million-joints-rapper-3338582