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MUSIQUE ÉLECTRONIQUE  |  REPRISES

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Ed STARINK - Synthetiseur 2 (1989)
Par BAKER le 17 Novembre 2018          Consultée 1278 fois

Le premier chapitre de Synthétiseur fut un tel succès (pub oblige) que d'autres volets ne tardèrent pas à pointer leur museau ; mais Ed STARINK ayant un large catalogue de reprises déjà achevées, la maison de disques Arcade décida de modifier les tracklists dès le volume 2, Synthétiseur n'ayant pas exactement les mêmes titres que Synthesizer, quelques-uns restant à jamais inédits dans notre contrée, même au travers des compils (car oui, ils ont compilé des compiles !). Ainsi ce volume 2 semble principalement axé sur les artistes français (la moitié), et possède soniquement une sorte de fil conducteur incitant au voyage.

Malheureusement, bien qu'il possède des qualités certaines, ce second volume se montre inférieur au premier ; le changement de tracklist y est sans doute pour quelque chose, la production aussi. Le disque débute par une reprise terriblement casse-gueule : la mythique ouverture du "Grand Bleu" par Eric SERRA. Un titre monumental qui dans l'inconscient collectif tire sa puissance autant des harmonies que des sons originaux, très recherchés et multiples. Et comme prévu, si STARINK fait des efforts démesurés pour essayer de coller à l'original (solo de saxo à la note près, final plutôt réussi), le remplacement de sons par d'autres décrédibilise totalement l'expérience : la nappe d'intro signée Roland est très cheap, le cri des dauphins ressemble plutôt au râle de Chewbacca, et le pont, complètement différent, semble en roue libre. Ce n'est pas mauvais, mais c'était trop haut pour lui.

Et c'est ce retour vers un côté un chouïa amateur (oh ! très peu) qui plombe ce volume 2, par rapport à la perfection clinique du premier. Le sakuhachi d' "Ushuaïa", le son lead de "Magic Fly" (certes pas plus cheap que l'original), le symphonisme un peu tremblotant du pourtant joli "Opéra sauvage", la flûte de pan d'un "Rain Man Theme" qu'on sent commandé, forcé (bien que STARINK soit sûrement fan de ZIMMER, quelques éléments le trahissent), jusqu'à un autre titre lui aussi foncièrement rattaché à l'originalité de sa production : "Zoolookologie". Pourtant, il y met tout son coeur, le son lead est assez proche, il y a tous les arrangements et breaks, les effets musicaux sont légion, STARINK ajoute même un petit lick de trois notes de guitare électrique qui... semble avoir toujours été là (alors monsieur Adrian BELEW, c'est là que vous vous cachiez, hm ?), mais rien n'y fait, il manque un ingrédient.

Les reprises réussies le sont pourtant sans équivoque, avec encore une fois une large victoire par KO de VANGELIS. Le mysticisme de "China" (quel son lead énorme, presque autant que l'original !), la séquence magnifique de "Spiral" - un épic majestueux et dense qui ne dure pourtant que trois minutes trente ! - et la bouleversante "Apocalypse des animaux", où STARINK montre un respect immense pour les dynamiques de ce morceau. A propos de dynamiques et de musique à tendance orchestrale, une reprise fait froncer les sourcils : le "Boléro" de RAVEL ? Oui, et franchement réussi. Si la dynamique sonore des deux premières minutes choque, tant elle est basse, le crescendo des orchestrations est très réussi, jusqu'à un final presque parfait (presque, il manque un cran de folie furieuse) où STARINK ne se prive pas d'ajouter une guitare électrique hurlante. Et ça marche ! Et m'est avis que le père Maurice ne se serait pas privé d'en utiliser une s'il avait pu !

Au rayon des bonnes surprises, ajoutons "Forbidden Colours", un pur standard de SAKAMOTO lui aussi très piégeux - mais notre batave s'en sort très bien -, un "Gold Bug" du ALAN PARSONS PROJECT si respectueux que, sincèrement, je ne vois pas la différence avec l'original (choeurs scat inclus, eux ne proviennent pas d'un synthétiseur c'est clair !), et une reprise magnifique de "Bilitis", du très récemment disparu et regretté Francis LAI. La naïveté, la douceur nacrée et sirupeuse de ce titre sont somptueusement reproduites.

Mais voilà, malgré ces très bons titres, finir Synthétiseur 2 laisse l'auditeur sur sa faim. La faute à qui ? A "Ushuaïa", culte mais quand même pas mal risible de nos jours ? (...STARINK fera bien pire un peu plus tard, ce qui n'est pas une raison). A "The Force", kitscherie disco-pop française exhumée de l'âge d'or des Star Warseries en tous genres (malgré une reprise dynamique et même meilleure que l'original, R2-D2 inclus dans le paquet) ? A "The Model" de KRAFTWERK, un peu pataud et à la mélodie vocale chantée par un synthé très gnangnan (qui d'ailleurs sonne de même : gnan-gnan-gnan) ? Ou peut-être à cette "'Croisière Intergalactique" qui n'est qu'une sorte de bande-annonce ... du premier disque ! C'est ni bien fait ni mal fait, c'est... fait. Comme une pub. Une pub à l'intérieur d'un disque pour un autre disque qu'on a déjà acheté suite à une pub : carton jaune.

Toujours est-il que ce volume 2 reste le vilain petit canard de la tétralogie initiale, avec un incessant rollercoaster entre le grandiose du symphonisme assumé et le cheesy gratiné de vieilleries qui n'ont pas supporté les rides. Un disque mineur, mais qui allait lui aussi faire un carton, le timing géré par Arcade semblant parfaitement au point. La preuve : à peine la semi-déception du 2 digérée, le 3 allait débarquer tout beau tout neuf. Suite au prochain épisode des aventures trépidantes d'Ed STARINK au pays des câbles MIDI.

Note finale : 2,5/5

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- Ed Starink (claviers, prog, guitare, basse, choeurs)


1. Le Grand Bleu - Ouverture (eric Serra)
2. Ushuaïa (serge Perathoner & Jannick Top)
3. Spiral (vangelis)
4. Equinoxe Iv (jean-michel Jarre)
5. Magic Fly (space)
6. The Force (droids)
7. Croisière Intergalactique
8. L'opera Sauvage - L'enfant (vangelis)
9. Zoolookologie (jean Michel Jarre)
10. The Model (kraftwerk)
11. China (vangelis)
12. Bilitis (francis Lai)
13. Le Boléro (maurice Ravel)
14. The Gold Bug (the Alan Parsons Project)
15. Forbidden Colours (ryuichi Sakamoto)
16. Rainman Theme (hans Zimmer)
17. L'apocalypse Des Animaux (vangelis)



             



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