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Ed STARINK - Synthetiseur 5 (1991)
Par BAKER le 2 Janvier 2019          Consultée 1051 fois

Après quatre volumes remarquables de cohésion, la série Synthétiseur prend un tournant. Fort de son "Boléro" de RAVEL qui s'est avéré une grande réussite, Ed STARINK entame (ou se voit confier, c'est selon) la réalisation de reprises de thèmes classiques. Pourquoi ? Peut-être parce que c'est intemporel, que ça fait un joli cadeau de Nowel, que c'était dans l'air du temps, que ça vend bien, vu le côté racoleur, que sais-je ? Toujours est-il que si la collection originale prenait des risques mais se montrait finalement très agréable par le soin évident apporté aux reprises, la bifurcation vers la musique dite classique n'était pas du tout cuite.

D'abord, parce que ça risquait de saturer le marché. Après JARRE au synthétiseur, MORODER au synthétiseur, O.M.D. au synthétiseur, voilà MOZART au synthétiseur ; c'est quoi la prochaine étape ? Christian MORIN au synthétiseur ? "Ocarina" ? Ensuite, le hic, c'est que ça a déjà été fait, et très bien : le disque ayant réellement révélé le synthétiseur n'est-il pas Switched-on Bach de Walter CARLOS ? Un disque excellent car il donnait une relecture très distincte à un répertoire ô combien inébranlable. Or, pour ce Synthétiseur 5, le choix des sons sera primordial et fatidique, alors même que plus de 20 ans séparent les deux albums et que le choix desdits sons a été multiplié par des centaines.

Il n'y a pas que pour l'aspect stylistique que ce volume 5 change bien des choses : pour la première fois, si on prend le temps de lire le hum, 'livret' (les 4 lignes de crédits, quoi), on s'aperçoit que la moitié de l'album (la face B dans sa version 33-tours) a été réalisée non pas par Ed STARINK, mais par une pièce rapportée ! Bernard Wantier, qu'il s'appelle. Comment est-il arrivé à figurer sur le même disque qu'un claviériste désormais illustre ? Parce que Bernard Wantier est un bon musicien, à la base. Un bon multi-instrumentiste ayant un sacré bagage technique et qui a fait une multitude de sessions de studio et live. Et beaucoup de gens possèdent des disques de lui, surtout les parents. Bernard Wantier n'est autre que le véritable nom de Bernard MINET. Synthétiseur 5 se retrouve donc avec comme sous-titre "Les thèmes les plus rabâchés de la musique classique repris au synthétiseur par Bernard MINET". Ca vend du rêve au polonium en intraveineuse, ou pas ?

Voici donc un disque qui partait sous des augures plutôt limites, et qui se retrouve coincé entre deux chaises. Déjà, il débute par "Boléro", qui est 1/ déjà connu et 2/ de loin le meilleur titre. Ensuite, autant les volumes précédents essayaient de ne pas tomber dans le cheap, autant ici parfois on est en plein dedans. La "Chevauchée" de WAGNER par exemple, trop dreamy, trop gentille, trop douce, merde quoi, WAGNER les mecs, le gars qui a envahi la Pologne ! Non ? "Also Sprach Zarathustra" aussi qui, après une minute de drone à la VANGELIS, donne dans le raté premium. Les sons sont bien choisis mais quelle interprétation pataude, ratée, misérable ! Où est le ralentissement des percussions ? Où est l'emphase du final ? Ce titre au synthétiseur, il faut se retenir, il faut avoir les mains qui dansent la gigue au-dessus du clavier, il faut se lécher les babines et retenir le dernier accord comme un chat joue avec une souris ! Avec mon niveau "Andrew Fletcher", j'ai fait mieux dans mon pauvre petit studio, m'enfin ! Le pire, c'est que pour le titre suivant, le célèbre "Beau Danube Bleu", STARINK commet l'erreur inverse : trop lent ! Trop balourd !

La "Danse du Sabre" est mignonne mais le coup de la guitare est une fausse bonne idée, il aurait fallu un Steve Bartek sous acides qui décanille des cordes par dizaines. La "Marche des 3 Oranges" possède des sons de trompettes qui devraient être interdits par l'Unicef. La première "Gymnopédie" de SATIE est refaite au synthé et pas au piano, mais le traitement cordes pincées / flûte sera tellement meilleur lorsque les frères HACKETT seront aux commandes. Et la face B ? Bernard MINET s'en tire-t-il mieux ? Non, c'est bien pire, et c'est là que la collection commence à perdre totalement pied. L' "Adagio" d'ALBINONI possède l'émotion nécessaire mais fait un peu trop "Bilitis". "Guillaume Tell" n'arrive pas au degré de folie kitsch de la version de Mike OLDFIELD, "Aïda" de VERDI revient au temps béni des cassettes compil à trente balles qu'on trouvait chez Total. Le "Canon" de PACHELBEL ? C'est le Laideron de Chelèpabel ! Je suis persuadé que le preset de choeurs synthétiques s'appelle "ChoirCheum". Pareil pour l' "Ave Maria" : grazia plena ? Au Theremin, j'aurais dit pourquoi pas, mais là... Le pire était le "concerto d'Aranjuez" : la flûte de pan à la Christian MORIN (tiens), la fausse guitare, NON ! Face à cette version, on préférerait passer des heures, des semaines, des mois, à écouter des concertos qui n'existent pas.

A me lire, on pourrait donc penser que Synthétiseur 5 est non seulement une mauvaise idée, mais surtout un disque à éviter. Il y a pourtant deux raisons précises pour lesquelles l'échec n'est pas complet. D'une part, il y a des parties, voire des morceaux entiers, franchement écoutables : la "Danse Macabre" de SAINT-SAENS, bien que fortement réduite, est excellente avec ses trilles d'ossements à la TANGERINE DREAM. Les surprises que sont la "Danse du Feu" de DE FALLA et la "Rapsodie Espagnole" de RAVEL, où le spectre de VANGELIS (décidément c'est une manie) plane, sont assez correctement rendues malgré leur complexité. Même MINET se débrouille bien avec la folie de la "Danse Hongroise n°5".

L'autre raison, et c'est là le principal intérêt de parler de cette antiquité de la nonante décennie, c'est qu'à travers le prisme de la modernité hype, combien d'adolescents et de jeunes adultes se sont-ils ouverts à la musique classique grâce à ce disque ? Combien d'entre nous se sont surpris à trouver RAVEL, SATIE ou BRAHMS intéressants ? Vu sous cet angle, Synthétiseur 5 n'est plus un ratage ou un navet, c'est une opportunité d'ouvrir le paysage musical d'un grand nombre de gens (jeunes principalement). On regrette évidemment que certains titres inratables soient traités un peu par-dessus la jambe, et que le côté purement synthétique soit un alibi mal utilisé, mais en attendant, le côté cheap qui prédomine ne doit pas devenir rédhibitoire.

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- Ed Starink (claviers, prog)
- Bernard Wantier (claviers, prog)


1. Bolero (maurice Ravel)
2. Danse Macabre (camille Saint-saens)
3. La Chevauchée Des Valkyries (richard Wagner)
4. Danse Du Sabre (aram Katchaturian)
5. Ainsi Parlait Zarathustra (richard Strauss)
6. Le Beau Danube Bleu (johann Strauss)
7. La Marche Des Trois Oranges (sergei Prokofiev)
8. Marche Des Toréadors (georges Bizet)
9. * Gymnopédie 1 (erik Satie)
10. * Rapsodie Espagnole (maurice Ravel)
11. * Danse Rituelle Du Feu (manuel De Falla)
12. Adagio (tomaso Albinoni)
13. Concerto De Aranjuez (joaquin Rodrigo)
14. Ouverture De Guillaume Tell (gioacchino Rossini)
15. Marche Triomphale (giuseppe Verdi)
16. Marche Turque (wolfgang Amadeus Mozart)
17. Danse Hongroise N° 5 (johannes Brahms)
18. Canon (johann Pachelbel)
19. Ave Maria (franz Schubert)
- * = Bonus Tracks édition Cd



             



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