Le troisième véritable album d’Ed STARINK (c’est-à-dire sans reprises) est un album de Library Music, paru chez le micro-éditeur Harkonnen Disque, filiale de Leonardi Edizioni. La 'scène' de la Library Music italienne s’est fait une spécialité des multitudes de micro-labels et des maisons de disques aux multiples filiales. Moving Rhythm est surtout la plus hétérogène des œuvres personnelles d’Ed STARINK.

Moving Rhythm contient trois petits bijoux cachés. Le premier est l’introductif liminaire, une composiion très rythmée, à la mélodie atypique et originale et à la mise en son excellente, présentant un très bel équilibre des différentes pistes musicales. La cerise sur le gâteau est un magnifique pont planant qui laisse libre court à un orgue électronique halluciné et à une intéressante variation sur le thème de départ. Un véritable petit délice. Dommage que la dernière minute ne soit qu’une simple redite du début. Les deux autres morceaux sont assez différents. Il s’agit de petites pièces à forte tendance néo-classique. Deux titres un peu rêches mais aux mélodies bien pensées. "Twang" ressemble à une musique de vieux jeu vidéo, et sa conclusion est des plus réussies. "Stringduet" est plus froid, plus dramatique aussi, mais traversé de moments de grâce.

Malheureusement, Moving Rhythm frise l’arnaque. La pochette montre Ed STARINK en studio devant ses claviers électroniques. Or, pour les trois quarts de l’album, nous avons droit à de la bonne vieille variété instrumentale. L’instrumentation est très variable : du Disco violonneux avec "Space Movement" et "Toys", de la Lounge électrique à synthés et boîtes à rythmes avec "Slow Mood", "Country Lovers" et "When The Winter Has Gone", du funk-rock à synthés avec "Syndustrial", de la béguine avec "Trumpetdance" (NDColuche: Oh! Que c’est beau, qu’c’est beau, qu’c’est beau…), de la ballade orchestrale dégoulinante avec "Bondstreet 1" (supplément cuivres) et "Rasta Sax" (supplément saxophones).
Alors là, comment dire ? Je sauve uniquement "Slow Mood",  !de l’Easy Listening de bonne facture, avec un dialogue improvisé entre la guitare et le saxophone sur fond d’électronique. Pour le reste, on a "Syndustrial" qui part avec de bonnes intentions et se veut punchy mais se viande à cause de couplets hyper mièvres (quelle déception, le titre était si prometteur !). "Country Lovers" est une parodie poussive de reggae, tandis que "Trumpetdance" serait entraînant s’il n’avait pas déjà sombré corps et âme dans le kitsch le plus visqueux. On ne sait s'il faut écouter "Space Movement" et "Toys" avec condescendance ou les dégager sans attendre. Je vous passe le dernier quart du disque qui s'avère une purge absolue.

Moving Rhythm  est manifestement issu de sources dispersées dans le temps – on se demande bien ce que font ces morceaux Disco réverbérés en 1986 – et il est très probable qu’Ed STARINK se soit contenté de ramasser des fonds de tiroirs, que je n’ai pas identifiés à ce jour. Une fumisterie patentée comme on en trouve quelquefois en Library Music. Quelle franche déception !