L’Electro-Funk est l’un des successeurs du Disco. Pour l’un comme pour l’autre, le format maxi-45-tours, fait de morceaux de durée importante et déclinés en plusieurs versions, découle immédiatement des besoins techniques de leur diffusion en discothèque par les Disc Jockeys qui les intègrent à leur banque de disques de danse qu’ils enchaînent entre eux et agrémentent d’effets sonores tels que le scratching et le smurfing. Parmi les plus célèbres exemples du style, on peut citer le combo BREAK MACHINE et leur Break Dance Party. Herbie HANCOCK s’y est également intéressé de près, avec son diptyque Future Shock (1983) / Sound Vision (1984). L’origine de l’Electro-Funk étant liée à l’histoire du Hip-Hop ainsi que des DJs qui réalisent des 'mashups' en temps réel à partir de morceaux préexistants, son exploitation sur disque est un peu paradoxale. On trouve d’une part des disques de remixes et de medleys de morceaux antérieurs (souvent du Disco, par exemple Giorgio MORODER sur Disco Circus) aux enchaînements tout faits, d’autre part les effets sonores typiques du DJing intégrés directement aux enregistrements.

Par conséquent, comme pour le Disco, des artistes étrangers aux mouvements Hip-Hop, Electro-Funk et Hi-NRG ont voulu s’y atteler, à des degrés divers. Parmi les excursions les plus exotiques, on peut citer Le Smurf Politic de Thierry LE LURON ou Tout Le Monde S’Aime de François BÉRANGER. Cette mode n’a également pas échappé à Ed STARINK, maître ès reprises tous azimuts, qui en cette fameuse année 1984 a publié le maxi-45-tours Star Scratch / Boddy Poppin’ qui semble passé relativement inaperçu et n’a pas connu de suite, Ed STARINK ne s’étant curieusement jamais intéressé aux courants House et Techno qui ont fleuri plus tard. Il s’agit également de son seul E.P inédit, les autres étant des medleys de reprises issues de sa série Synthétiseur.

Alors musicalement, qu’est-ce que ça vaut? Ed STARINK tentant de s’approprier un style bien particulier avec sa propre personnalité sonore et musicale, pourquoi pas? On retrouve effectivement les rototoms électroniques de ses premiers albums électroniques (Cristallin, Inner Spirits ou encore la suite "1984"), des effets de délai ou de réverbation qu’il a également souvent employés à cette époque. Difficile à dire pour ce qui est des mélodies, celles-ci étant peu développées et non progressives, ce qui n’est pas forcément un problème au vu du style pratiqué où l’accent est davantage mis sur les rythmiques. Il y a quand même sur "Star Scratch" et à la fin de "Body Poppin’" beaucoup de guitare électrique, et il est étonnant de constater que c’est l’un des disques où Ed STARINK l’emploie le plus. En revanche, on regrette la rythmique trop appuyée – la caisse-claire est bien trop envahissante –, les fausses guitares moches de "Body Poppin’" et le manque de samples.

Bien que n’étant pas intrinsèquement mauvais, Star Scratch / Body Poppin’ est borné à un exercice de style où le manque mélodique n’est pas compensé par une inventivité rythmique particulière. Un disque d’Ed STARINK dispensable. Les deux morceaux ne sont repris dans aucune de ses (pourtant très nombreuses) compilations.