Dès 1978, Ed STARINK se lance sous divers pseudonymes dans l’Easy Listening et plus particulièrement les reprises de thèmes populaires, à la sauce électronique (SPACE MAGIC, STAR INC., A CLOSES CALL) ou non (The EDDY STARR SINGERS, HOLLYWOOD STUDIO ORCHESTRA, The NEW STAR ORCHESTRA). Il a ainsi enregistré ou produit plus d’une centaine de disques, sur de nombreux labels différents, un peu à la manière des Anglais Johnny DOUGLAS et Bruce BAXTER (la série Top Of The Pops) ou du français Jean-Claude PIERRIC (ayant notamment collaboré avec Daniel JANIN sur le label Les Tréteaux). Une véritable boulimie musicale qui a duré jusqu’à la fin des années 1990, marquée par diverses rééditions partielles et de nombreux repiquages de morceaux d’un album à l’autre, ce qui ne facilite pas vraiment les choses.

En 1982, Ed STARINK s’attelle aux reprises de musique électronique, avec en premier lieu Chariots Of Fire And 15 Other Synthesizer Themes sur le label néerlandais MCR, qui a déjà publié Cristallin (1981). Un coup d’essai qui sera vite suivi de 1984 – Chariots Of Fire (1983) chez Capi-Lux et Space Magic – 16 Synthesizer Themes (1984) à nouveau chez MCR. L’embêtant est que les deux derniers albums recyclent en majeure partie des morceaux du premier, tout en apportant respectivement six et cinq nouvelles pistes. Laissons de côté le cas particulier des albums promotionnels Minolta Disco (1983) constitué en majorité de ces mêmes reprises, et Sounds Like E.T. (1982) contenant quelques reprises inédites de B.O.
En parallèle, Ed STARINK a encore concocté deux albums, Syndrome et Synsation, publiés respectivement en juin et octobre 1983, qui diffèrent des cinq autres puisqu’il s’agit de deux medleys d’une trentaine de titres chacun. Tous disséminent quelques compositions originales d’Ed STARINK (pour certaines des versions remaniées d’extraits de Cristallin, pour d’autres des restes du projet de suite "1984", le reste étant inédit) parmi les reprises, et ce ne sera pas la dernière fois (cf. Synthétiseur 9 et 12).
Bonne nouvelle : une partie de ce lot de reprises a été réutilisée dans la série Synthesizer Greatest et quelques compilations annexes. Mauvaise nouvelle : de cette série d’albums, seuls les deux medleys sont actuellement disponibles en intégralité. Nous allons donc dans un premier temps traiter uniquement ces deux albums.

Premier des deux medleys, Syndrome mélange, primo : des reprises de tubes électroniques ou de thèmes de films déjà présent sur d’autres albums de reprises (Chariots Of Fire And 15 Other Synthesizer Themes et 1984 – Chariots Of Fire), secundo : des interprétations de thèmes classiques (seul "Bolero" figurait sur Chariots Of Fire And 15 Other Synthesizer Themes, et certains de ces morceaux seront réenregistrés dans les volets classiques de la série Synthétiseur), tertio : des compositions originales d’Ed STARINK, certaines étant tirées de Cristallin ("Cristallin", "Danse Extatique", "L’Épouvante Surgit"), les autres de Chariots Of Fire And 15 Other Synthesizer Themes ("Syndrome" et "Huascáran"). Quelques-uns de ces morceaux font ici leur unique apparition chez Ed STARINK : "Them From The Lord Of The Rings" (Leonard ROSENMAN), "Music For The Funeral Of Queen Mary" (Henry PURCELL) ou l’extrait du troisième concerto brandebourgeois (J.S. BACH).

On peut aborder l’exercice du medley, courant dans les catalogues bon marché, successivement de deux façons. Les morceaux de Syndrome étant de trois types différents, le plus simple est de considérer séparément la qualité de composition des originaux et d’interprétation des reprises. Comme dit plus haut, il y a cinq originaux dont un présent en deux versions. "Syndrome" et "Huascáran" sont deux thèmes dans la lignée de Cristallin en plus énergique, prometteurs et qui appelaient à davantage de développement.
"Cristallin" et "Danse Extatique", premiers morceaux justement de l’album de 1981, sont raccourcis et assortis de rythmiques inédites qui préservent les mélodies d’origine mais réduit leur impact. On trouve également un extrait de "L’Épouvante Surgit" repris tel quel – la TR-808 contraste bien fort avec la Linn Drum. Quant aux reprises, c’est là aussi un peu mitigé. La production, bien que stable, est très typée années 80, beaucoup plus kitsch que celle de Cristallin (et ça ne va pas aller en s’arrangeant, au contraire), avec force Linn Drum réverbérée et séquences étriquées, malgré l’occasionnelle présence du piano et ne rend vraiment pas justice aux thèmes électroniques les plus anciens ("Popcorn", "Oxygène", "Équinoxe"), affaiblis par une rythmique envahissante. "I’ll Find My Way Home" (JON & VANGELIS) est également pas mal amoché. Étonnamment, les thèmes classiques ou tirés de B.O de films sont un peu plus réussis.

Les enchaînements sont quant à eux assez bien réalisés dans l’ensemble. La plus grande difficulté est alors de lier les thèmes entre eux de manière ingénieuse, ce que Ed STARINK réussit grâce à une production homogène, des ruptures de rythme (l’enchaînement "Chariots Of Fire" - "Cristallin" - "The Eve Of The War"), des entorses aux compositions originales voire des changements de tonalité ("Oxygène") qui interpellent l’auditeur sans briser la fluidité d’écoute. Syndrome s’apprécie donc facilement comme un tout et on peut facilement faire abstraction de la sélection qui ratisse large dans plusieurs domaines très différents.

Uniquement distribué en Italie mais aujourd’hui disponible sur YouTube, Syndrome ne reste évidemment guère plus qu’une curiosité. Il reste que c’est l’un des précurseurs de la série Synthétiseur / Synthesizer Greatest.