Des premiers albums de reprises électroniques d’Ed STARINK, Synsation est sans-doute le plus connu, ayant été réédité à plusieurs reprises, en 1984, puis sous les titres Inter-Synthellite en 1985, Synthesizer Spectacular en 1987, Sequences Synthesizer en 1991 sous le nom Andromeda Project, ou encore différentes éditions telles que Magic Fly – 28 Synthesizer Greats et Famous Synthesizer Themes, sans même parler des nombreuses pochettes alternatives. Syndrome n’a au contraire fait l’objet que d’une unique édition. Le but de cette chronique comme de la précédente n’est pas d’aborder la qualité des chansons originales mais de commenter l’intérêt de ces reprises et la cohérence de leur enchaînement.

Cet album tient la route en tant que traversée expresse du paysage de la musique électronique, ou plutôt de l’électro-pop, la sélection faisant totalement l’impasse sur les albums expérimentaux, et se montrant même assez peu audacieuse dans ses choix, étant cantonnée aux tubes, bien que trois compos de JON & VANGELIS soient accumulées en seconde moitié de face A. Tout comme sur Syndrome, les enchaînements sont fluides et bien menés, Ed STARINK n’hésitant pas à modifier la tonalité de certaines reprises, "Oxygène", "The Model", "Magnetic Fields" étant ainsi descendus ou montés d’un demi-ton, mais n’évitant pour autant pas la facilité du fondu-enchaîné (entre "To The Unknown Man" et "Équinoxe").
Synsation reprend une partie du programme de Syndrome, dans un agencement très différent toutefois, bien que l’enchaînement "Oxygène" - "Aurora" - "Chariots Of Fire" soit conservé tel quel en début d’album. Surtout, il n’y a aucun des thèmes classiques présents sur Syndrome, et Synsation fait davantage d’excursions dans la New Wave et la pop électronique (JON & VANGELIS donc mais aussi "Vienna" de ULTRAVOX, "Don’t Go" de YAZOO, "Don’t You Want Me" de The HUMAN LEAGUE, "Too Shy" de KAJAGOOGOO, "While You See A Chance" de Steve WINWOOD, "Funkytown" de LIPPS, INC., "I Won’t Let You Down" de PH.D. et "Maid Of Orleans" de O.M.D.). En tout cas, malgré la diversité des sources (pop, New Wave, électronique instrumentale, musiques de films), Ed STARINK parvient à nouveau à maintenir une cohérence d’ensemble.

Les cinq compositions originales d’Ed STARINK sont régulièrement disséminées dans la tracklist de manière à structurer un ensemble mine de rien assez fort en contrastes. Ce sont d’ailleurs des exclusivités, au contraire des inédits de Syndrome qui étaient des revisites d’extraits de précédents albums (Cristallin, Chariots Of Fire And 15 Other Great Synthesizer Hits). Leur traitement est donc forcément frustrant, étant donné la bonne qualité musicale proposée.

La version de 1987 (mais pas celle de 1991) contient six titres supplémentaires placés au début du programme – nous traiterons à part le cas singulier de Synthesizer Spectacular Volume 2 (1988). "Miami Vice" et "Axel F." (LE fameux thème de Harold FALTERMEYER, pour le film Le Flic De Beverly Hills) proviennent de 18 Famous Film Tracks & TV Themes (1985) et seront réutilisés dans Synthesizer Greatest Volume 1 (1989), identique au premier volume de l’édition francophone Synthétiseur, Les Plus Grands Thèmes (ce qui ne sera pas le cas des volumes suivants). "Blue Monday" (NEW ORDER) et "Space Shuttle" (original d’Ed STARINK) sont issus de Space Magic – 16 Synthesizer Themes (1984). "Antarctica" et "Dervish D", reprises de VANGELIS, sont les seuls inédits du lot, et seront repiqués dans respectivement les volumes 1 et 4 de Synthétiseur. Cependant, ces deux morceaux, sympathiques au demeurant, restent dans la lignée des reprises hybrides analogique - numérique de 1982-85.

Attention, à partir d’ici, la discographie d’Ed STARINK devient un catalogue spaghetti comme il n’en existe que dans le domaine de l’Easy Listening bon marché. Que dis-je, la majorité de la carrière d’Ed STARINK dans les années 80 et 90 EST de l’Easy Listening bon marché. Lui et son armée de musiciens de studio vont pondre des dizaines et des dizaines d’albums, sur des labels différents, à commencer par Star Inc. Music et ses 90 albums et compilations thématiques sortis entre 1986 et 1997, pour certains des repiquages de sa série Synthesizer Greatest ou de ses anciens disques thématiques chez MCR ou Arcade, pour d’autres des rééditions augmentées sous un nom et un packaging différents, comme on l’a vu avec Synsation, et comme on le verra peut-être avec l’album de reprises de thèmes de James Bond.

Vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir de vous faire rembourser. – Vuillemin