Ceci est une chronique pas comme les autres. *coup d’orchestre*

Commençons par le commencement : en 1984, paraît sur le label Arcade (bien connu puisque Ed STARINK va y publier de nombreux albums thématiques dont ses fameux Synthesizer Greatest) un double-album intitulé Dansen Moet Je Doen, dédié aux musiques de danse et de variété. Ce double-album juxtapose des morceaux de trois artistes différents : Ed STARINK, l’accordéoniste suisse Mario ROBBIANI et le chef d’orchestre néerlandais José Kingsbergen alias José MARCELLO. Chacun se partage un tiers du programme; nous avons donc l’équivalent de trois albums d’une demi-heure mélangés ensemble. Tous les morceaux sont des reprises, à l’exception de six des onze morceaux d’Ed STARINK qui sont des compositions originales.
Ce n’est pas tout : les morceaux de José MARCELLO proviennent en réalité d’un de ses albums solo, The World-Cup Championship Ballroom & Latin American Dancing, paru quatre ans auparavant, et dont l’une des douze pistes a été incompréhensiblement écartée de Dansen Moet Je Doen. Les pistes signées Mario ROBBIANI ou Ed STARINK ne semblent pas avoir été reprises d’ailleurs, à l’exception d’une réédition CD de l’album amputée de huit morceaux. Et donc, pour cette chronique, je me focaliserai uniquement sur les compositions (et les reprises) d’Ed STARINK, comme s’il s’agissait d’un album solo à part entière.

Les onze morceaux arborent pour la plupart des arrangements orchestraux ou électriques, un seul étant entièrement électronique ("Compudance", titre typiquement 'starinkesque' au passage). Un cas de figure analogue à celui de Moving Rhythm qui combinait également des titres électroniques à d’autres plus traditionnels. Aucun morceau de Dansen Moet Je Doen n’a été recyclé sur Moving Rhythm, quoique l’inverse ne m’aurait pas étonné.

On peut dire sans se tromper que ce n’est pas excellent : la grande pompe et l’indigence absolue de "John’s Choice", "Three Quarter" et "Vienne Mon Amour" composés façon valses viennoises* (du cru d’Ed STARINK et de son comparse Hank Dussen qui plus est!), le slow dormitif "Dansen Een Fest", l’orchestral et désuet "Dansen Moet Je Doen", les arrangements hybrides bancals de "No Song To Sing" (originellement composé par le producteur Rob van Donselaar). Passons (au rouleau compresseur) sur l’abominable revisite Disco de la cinquième de BEETHOVEN ("Beethoven 5th Disco"), lourde et boursoufflée en plus d’être anachronique. Ah, ces cordes, ces piou-piou électroniques, ce piano passé à double vitesse !

L’attrait principal de cet album est incontestablement "Compudance"**, seul passage électronique du lot, de la synth-pop assez jouissive, un véritable festival de samples du Fairlight CMI qui aurait eu parfaitement sa place sur l’album Electric Boogie (1984), quel gâchis que de l’avoir abandonné dans ce tas de bouse qui tient lieu d’album de variété ! À l’auditeur désespéré, il reste quelques branches auxquelles s’accrocher : la bossa nova "Mas Que Nada" (du Brésilien Jorge BEN) pas trop mal restituée, et les deux chacha électriques "Arriba-Bon-Bon" (assez jazzy et chaloupé, anecdotique mais divertissant) et "Si-Charanga" (nettement plus intéressant avec une combinaison de soli de saxophone et de synthé).

Le peu que j’ai écouté du reste ne me semble pas avoir le moindre intérêt, à l’exception du correct "Boogie Boy" de Mario ROBBIANI (mais crédité à un certain J. McDeery, qui apparemment fut un collaborateur occasionnel d’Ed STARINK sur certain de ses albums de variété). Parlons de José MARCELLO qui se prend pour un crooner mais ne fait que nous importuner (pour être poli). Devons-nous Pparler du classique des BEATLES ("Michelle") massacré à coups d’orchestre? Non, rompez, à dégager voie 12. Voilà qui conclut cet album aussi massif qu’anecdotique, dont l’aspect bancal et bricolé est représentatif du milieu de l’Easy Listening discount.

* J’ai triché, c’était marqué sur la pochette.
** Ça démarre à 44 minutes 40 secondes: https://www.youtube.com/watch?v=R1Qotkoq0XU