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- Style + Membre : George Benson & Al Jarreau

Al JARREAU - 1965 (1965)
Par BAKER le 4 Mai 2019          Consultée 1004 fois

S'il a régné sur les années 80 avec une insolence rare, Al JARREAU a pourtant mis un bon paquet de temps à percer. Choriste de luxe et chanteur joker mettant le feu aux planches des cabarets, JARREAU aura vécu sa musique à mi-temps de 1965 à 1975, son amitié indéfectible avec le génial George DUKE l'ayant aidé à débuter mais sans copinage excessif. Donc en 1965, Al se retrouve en studio avec trois musiciens aguerris et enregistre ce qui est plus une bande démo qu'autre chose. 1982, une maison de disques déterre cette bande. Tu m'étonnes, le gars vient tout juste de pulvériser le public avec Breakin' Away, il était temps de montrer ce qu'Al faisait à ses débuts.

Et à ses débuts, quand il avait 25 ans, Al faisait du jazz.

Jamais, même sur Tenderness, vous n'entendrez JARREAU chanter un jazz aussi pur, aussi éthéré : une contrebasse élastique, une batterie au second plan (sauf sur quelques passages obligés) et un piano tantôt accompagnant, tantôt solo en diable ("Come Rain or Come Shine" !). Rien d'autre, tout en live, d'ailleurs on peut entendre Al balbutier derrière les passages instrumentaux. On ne lui en voudra pas : il se prépare, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il assure.

1965, c'est l'occasion d'assister à la naissance d'un monstre, qui comme chaque monstre a appris à ramper avant de marcher (et cracher des lasers atomiques, mais ça c'est en option) : la voix est déjà assurée, le timbre varié et maîtrisé, le scat fait son apparition, mais il est fascinant de voir qu'Al est alors encore un peu timide. Il possède un organe hors du commun, il le sait (le final de "Sophisticated Lady"), il aime jouer avec le public (l'excellente "The Masquerade is Over"), il a une gouaille à la Ella FITZGERALD sur "A Sleeping Bee", mais il est aussi à l'étroit, comme tâtonnant. On le serait à moins : JARREAU n'a pas inventé un style, mais il l'a démocratisé, ce qui est peut-être encore plus difficile.

Cette bande démo, mono mais au son tout à fait acceptable pour ne pas dire bon, le montre capable de mille choses, et en même temps soucieux de plaire à de futures maisons de disques (on est en 1965. Maintenant, on dit ex maisons de disques. Comme quoi..). Les standards se montrent charmants, sans exploser mais sans décevoir : "My Favorite Things", la rigolote "Joey Joey", surtout "Stockholm Sweetnin' " qui fait la part belle aux dynamiques. La classe est là, elle est juste un peu bridée par moments. On sent, notamment sur "The Masquerade", que le crooner charmeur à tomber dans les pommes n'est pas loin, qu'il lui faut d'autres compagnons d'armes pour pleinement se réaliser. Ne jetons pas la pierre : le trio qui l'accompagne n'a pas à rougir.

C'est bon, un peu anecdotique mais en aucun cas inintéressant, car nous n'assistons pas ici à la naissance d'un géant, mais à ses premiers pas. C'est bien gentil les producteurs qui parlent de naissances de géants, mais s'ils étaient aussi géants, sortis d'un vagin à la taille démesurée, on les verrait (et entendrait... ohhhh... hinnnn... hannnnnnnnnn... ho oui Baker vas.......... hum), de loin. Or non, Al JARREAU n'a pas brûlé les étapes, et 1965 est sa première officielle, en tant que telle elle se montre comme on la désirait : pas parfaite mais envoûtante.

Et puis, il y a "One Note Samba". Une reprise splendide. Comme il s'agit d'un bootleg, on peut parier sans trop risquer qu'il s'agit de la dernière chanson enregistrée : le groupe est rôdé, Al est décoincé, et ce mélange de pop, de jazz et de bossa est absolument impeccable, et montre Jarreau tel qu'il éblouiera plus tard. C'est dans la mélodie la plus accessible mais avec des relents bossa très fragrancés qu'il exulte, et ce dernier titre est une magnifique porte d'entrée qui trace la voie à "We got by". En cela, ce bootleg semi-officiel n'est pas une arnaque, mais un vrai pan d'histoire. Les fans absolus de jazz seront aux anges, les autres ne sont pas dispensés de jeter une oreille sur les titres les plus réussis où déjà pointe la truffe humide du chacal. Mon oncle, ça fait une légende qui déchire, ou qui déchire pas ? ...Ou qui déchire ?

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   BAKER

 
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- Al Jarreau (chant)
- Cal Bezemer (piano)
- Gary Allen (contrebasse)
- Joe Abodeely (batterie)


1. My Favorite Things
2. Stockholm Sweetnin'
3. A Sleepin' Bee
4. The Masquerade Is Over
5. Sophisticated Lady
6. Joey, Joey, Joey
7. Come Rain Or Come Shine
8. One Note Samba



             



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