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Chuck BERRY - From St Louie To Frisco (1968)
Par ERWIN le 27 Mars 2020          Consultée 1253 fois

1968 ! Quelle belle année de révolutions avant le summer of love ! Alors Chuck continue son petit bonhomme de chemin, tourne comme un fou furieux et n'a rien perdu de sa légendaire énergie. On note d'emblée les préoccupations de l'artiste qui, après avoir penché du côté de la cité des Scarabées en 64, se tourne cette fois vers la ville du renouveau puisque San Francisco a toujours été la ville des particularités. Rien d'étonnant puisqu'une bonne partie des grands groupes du moment viennent de la bay area. Chuck, sans doute aidé par Mercury pour son troisième opus avec eux, colle donc aux canons de la mode.

On reconnaît la rythmique à la Chuck sur l'introductive "Louie To Frisco", mais au moins, Mr BERRY a laissé au vestiaire ses principaux et irritants tics de guitariste. Nous voilà avec un rock d'assez belle facture. "Almost Grown" est issu du même moule, tout ceci se présente comme du rock moderne, sans doute moins couillu, mais aussi plus propret.

"Ma Dear" le voit piocher dans un esprit qui oscille entre le rythm'n'blues et quelques accents du british boom, un mid-tempo sympa aux cuivres très présents. L'orchestration est indéniablement moderne et presque "lourdingue" sur "Oh Captain". De la soul un brin avant-gardiste, mais qui ne manque pas de piment. Il scande fort bien le rythme agréable de "Mums The Word", toujours très r'n'b. On est carrément souly funk sur "I Love Her, I Love Her", la section du Sir DOUGLAS QUINTET y joue merveilleusement son rôle. On pense plus à Marvin GAYE qu'à Chuck BERRY à l'écoute de cette composition. Quelle évolution, d'autant que le chant est carrément méconnaissable sur ce titre de près de six minutes et à écouter impérativement !

Et du blues partout : "The Love I Lost" nous renvoie à des considérations plus roots que d'ordinaire, le chant de Chuck est d'ailleurs plus bluesy, un progrès évident. "I can't Believe" ne démérite pas, tout de lenteur et appuyé par un Hammond alors très dans l'air du temps. "Laugh And Cry" puise aux racines, on s'étonne d'une telle volonté de rendre hommage aux grands anciens avec un titre pareil en cette fin de décennie. Si Chuck voulait rendre hommage à Muddy, Johnny ou Elmore, voilà qui est réussi !

"My Tambourine" est le premier essai qui l'amènera à "My Ding A Ling" qui sera le seul numéro un de sa carrière. Pour le moment, la chanson est plus enfantine et mignonnette que subversive. On pense à certaines compos d'Harry BELAFONTE ou même certaines B.O. foireuses d'ELVIS. "Campus Cookie" sonne là encore comme une B.O. du King, mais Chuck se contente d'y jouer de la guitare avec une jolie aisance, au beau milieu d'une avalanche de son des sixties. D'ailleurs, Chuck ne refait pas les erreurs du passé et s'adjoint les services d'une aide sur "Song Of My Love" dans la langue de Cervantès. Etonnante cette addiction récurrente à la langue latine !

Hélas, Chuck repart dans ses errements avec les intros mille fois entendues et les rythmes peu originaux de "Little Fox". Dans l'exact registre, "Soul Rockin" malgré quelques effets cheap des sixties ne se différencie guère de ses aînées bien plus performantes. Et il continue avec "Misery", même si le traitement ici appliqué est bien plus moderne. On reste dans son domaine réservé. Enfin, la courte "Rock Cradle Rock" nous renvoie à des préoccupations bien plus passéistes.

Rien de désagréable dans ce nouvel album qui tente vraiment de coller aux modes de la fin des sixties. Un seul titre se détache toutefois de cet ensemble, il s'agit du tonitruant funk "I Love Her I Love Her" que je recommande vivement car complètement hors de propos et donc assez géniale dans la discographie du légendaire pionnier. Il s'est aussi amélioré dans le domaine du blues et les incursions soul sont intéressantes. Un 3.5 qui ne parvient pas au 4, la faute aux damnées redites dont il n'a une fois de plus pu s'empêcher.

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   ERWIN

 
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- Chuck Berry (chant-guitare)
- Doug Sahm  (guitare)
- Quincy Macon (guitare)
- Augie Meyers (keyboards)
- Johnnie Johnson (piano)
- Harvey Kagan (basse)
- Forrest Frierson (basse)
- Ebbie Hardy (batterie)
- George Rains (batterie)
- Eugene Washington (batterie)
- Frank Morin (saxophone)
- Carey Enlow (tenor saxophone)
- Martin Fierto (trompette)
- Ingrid Berry (backing vocaux)


1. Louie To Frisco
2. Ma Dear
3. The Love I Lost
4. I Love Her I Love Her
5. Little Fox
6. Rock Cradle Rock
7. Soul Rockin
8. I Can't Believe
9. Misery
10. Almost Grown 
11. My Tambourine
12. Laugh And Cry
13. Oh Captain
14. Campus Cookie
15. Mums The Word
16. Song Of My Love



             



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