Chuck BERRY est donc de retour à la maison... Qu'est-à dire ? Qu'après avoir écumé les scènes du monde entier, de Liverpool à San Francisco, suivant les modes au fur et à mesure de leur éclosion, notre bon Chuck a décidé de reposer ses pénates dans sa bonne ville de Saint Louis Missouri. Ou plus prosaïquement qu'il a abandonné Mercury pour rentrer à la maison mère de Chicago, j'ai nommé Chess. Bref, une nouvelle vie débute à 44 ans ! La photo de couv' en noir et blanc ne laisse d'ailleurs pas de place au doute, Chuck a son age, même s'il porte ses fameuses chemises chamarrées.

Bien, nous avons deux classiques sur cet opus. Vous allez reconnaître les intros... ouais, encore... Que voulez-vous que je vous dise ? "Tulane" est heureusement nanti d'une harmonica tressautante et ne ressemble pas aux classiques de Chuck, ouf ! Joan JETT et Steve GIBBONS en feront de sympathiques versions. "I'm A Rocker" présente les mêmes caractéristiques, je ne peux toutefois m'empêcher de préciser que la version de SLADE une décennie plus tard enterre toute la concurrence. Bref, deux classiques... tardifs mais tout de même !

Mais Chuck n'a pas laissé tomber le blues pour autant. Bien au contraire, ils deviennent de plus en plus roots l'age aidant. Ainsi "Have Mercy Judge" sonne vraiment bien, je vous la recommande, à croire qu'il a presque raté sa carrière ! Quelques intonations country au milieu du bluesy mainstream "Fish And Chips", un piano steady et un chant traînant à la Willie NELSON, quelle drôle de référence ! Enfin, "Some people Live" présente quelques accents rythm'n'blues, plutôt cool.

Nous voici face à plusieurs instrumentaux ! Chuck a eu la flemme de nommer une compo sans parole, ou alors il a eu la flemme d'en écrire allez savoir, du coup, nous voici avec un "Instrumental" entre les mains. Ca dépote et c'est déjà pas mal, n'évoquons pas l'intro. Un autre instru plus loin s'intitule "Gun", plus lent et plutôt dans l'air du temps. D'ailleurs "Flyin Home" voilà qui est logique dans la ville du "Spirit Of Saint Louis" de Charles Lindbergh, rythme bien entraînant et piano baltringue, une ambiance festive de saloon, celui ci est particulièrement bien foutu !

En bref et comme pour la plupart des albums précédents, le résultat est agréable, mais mis à part sur certains titres trop rares, on reconnaît la patte du Chuck. Bilan de la livraison, les deux classiques le font pas mal, les petits blues sont agréables, et les instrumentaux permettent à Chuck de briller niveau guitare. En revanche, la grande maison Chess de Chicago n'est plus au firmament et Chuck va se retrouver un peu seul face à lui même. Pour le moment toutefois, l'album s'écoute bien et mérite un petit trois.