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Les OGRES DE BARBACK - Irfan, Le Héros (1999)
Par RAMON PEREZ le 16 Novembre 2020          Consultée 932 fois

Les débuts discographiques des OGRES DE BARBACK sont largement marqués par les musiques de l’Est. S’ils sont loin d’être des puristes, l’influence reste manifeste. C’était l’époque des grands films de Kusturica qui ont largement participé à la diffusion de cette culture, avec les musiques de BREGOVIC et, plus tard, du NO SMOKING. D’ailleurs Irfan, un nom qui allait bientôt être indissociable de l’univers de la fratrie Burguière (puisqu’après le chouette instrumental qui donne son nom à ce disque, ils ont fini par le donner à leur label), provient directement d’une œuvre du génial Yougoslave. Cependant ce deuxième album, paru deux ans après le fondateur Rue du temps et enregistré également en autoproduction, marque une évolution vers des choses un peu plus de chez nous.

En particulier, on y trouve un cachet BRASSENS avec une façon similaire de construire certaines chansons, c’est-à-dire en les basant sur une guitare rythmique très carrée, changeant d’accord à peu près à tous les temps. Les frangins frangines vont cependant bien plus loin que le Sétois en termes d’arrangements puisqu’ils manient au sein des morceaux de très nombreux instruments, ce qui est leur marque de fabrique. Cela donne de très grandes chansons, notamment la première qui est un véritable cas d’école. Le genre de morceau qui résume en trois minutes une œuvre entière, sur le fond et la forme. Chaque intervention d’instrument y est savamment pesée, extrêmement bien introduite ; cela apporte un souffle considérable, une vraie beauté. S’y ajoute l’un des meilleurs textes de Frédo, en partie autobiographique.

On peut aussi parler de "Voyageur" qui conclut Irfan en développant un instrumental présent sur le premier album. La première et la dernière chanson partagent cette façon de construire le titre ainsi que la thématique du voyage, à nouveau explorée dans ce disque de façon douce-amère. Entre ces deux morceaux, on trouve une palette quelque peu élargie au niveau du propos avec l’introduction de textes plus engagés (par exemple sur la condition féminine ou la xénophobie), en contre-point d’autres plus poétiques marqués par une certaine nostalgie. Elargie car on retrouve aussi régulièrement l’ambiance de Rue du temps avec quelques histoires et portraits de marginaux.

En deux ans, les Ogres ont pris confiance en eux. Cela s’entend entre autres à la production qui a déjà gagné en épaisseur. Mais c’est surtout sur la partie instrumentale que l’on en prend pleinement conscience. Il y a cette fois de larges plages orchestrales savamment développées pour donner un sacré cachet aux chansons. Par exemple "Printemps" démarre par une longue partie à l’accordéon qui touche au cœur avant l’arrivée de la chanson en elle-même. Ce genre de moments se rencontre fréquemment et ils sont pleins de bonnes idées. Il y a aussi de vrais morceaux instrumentaux (contrairement au premier album où ce n’étaient que des petits moments de transition). "Niev Nietch Nievitch" est le plus marquant, dépassant allègrement les quatre minutes avec le contenu très fourni d’un morceau de fin de baloche. On peut aussi retenir le sophistiqué "Lahoyasrha" et son travail harmonique poussé. C’est d’ailleurs une autre caractéristique d’Irfan que cette recherche harmonique, bien soulignée par l’emploi de nouveaux instruments et particulièrement de la clarinette, joliment utilisée sur ce disque.

Enfin pas de grand disque sans grande chanson. J’ai déjà parlé de celles ouvrant et fermant le disque mais il convient de signaler deux autres classiques du groupe que l’on retrouve sur Irfan. "Solène de Grenoble" avec sa construction en deux temps ; à l’accordéon pour commencer, avant le changement de ton, de rythme et de couleur si efficace sur scène. Et puis c’est dans cet album qu’il y a l’incontournable "Grand-mère". Si "Rue de Panam" est LA chanson des OGRES DE BARBACK, "Grand-mère" est LE morceau. Au sens où il n’est pas du tout taillé pour être repris en chœur autour d’une guitare mais pour mettre le feu en concert avec tous les instruments, ses chœurs et son final orchestral malléable à souhait. Des versions incroyables en sont livrées à chaque tournée (j’ai connu des concerts des Ogres sans "Rue de Paname", aucun sans "Grand-mère") dont certaines sont par bonheur à jamais gravées dans les multiples live que la fratrie a publiés.

Nos quatre amis livrent un deuxième album d’une grande qualité. Diversifié et plein d’énergie, il réussit à élargir la palette de façon très convaincante, tout en restant dans le prolongement de son prédécesseur. S’il n’est sans doute pas aussi important que Rue du temps, pour des raisons qui tiennent davantage à l’Histoire qu’à la musique, il n’en n’est pas moins réussi et de nature à ravir les amateurs de musique bien foutue.

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   RAMON PEREZ

 
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1. Contes, Vents Et Marées
2. Little Gentleman
3. Yo Squatt Bel
4. Peuple Du Moment
5. Printemps
6. Lahoyasrha
7. De Rien !
8. Grand-mère
9. Matelot
10. Banan
11. Irfan Le Héros
12. Solène De Grenoble
13. Rêve D'enfant
14. Niev Nietch Nievitch
15. Petite Hypocrite
16. Voyageur



             



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