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LORN - Diamond (2012)
Par CHIPSTOUILLE le 3 Janvier 2022          Consultée 802 fois

J’aime les jeux-vidéo, j’adore ça, j’en suis passionné. J’aime tellement ça que j’en ai écrit un livre (1), que j’ai bien du mal à publier. L’un de mes premiers jeux s’appelait Digger, avant que je ne devienne passionné. Dans Digger, il fallait récolter des diamants. On y contrôlait un tractopelle, un engin de construction. Récupérer tous les diamants, c’était le but à chaque tableau, pour avancer. Mais pour parvenir au but, il fallait éviter les ennemis, faisant office d’adversité. J’ai mis longtemps à découvrir que le tractopelle pouvait tirer un projectile pour se débarrasser temporairement de l’adversité. Le jeu tournait trop vite, aussi. Mon enfance, je ne l’ai pas vu passer. J’étais désarmé. C’était dur, alors je ne l’ai jamais terminé/e.

Un autre jeu où les diamants revêtent une telle importance, c’est Minecraft. Là aussi, il est question de construction. Minecraft donne la possibilité à des enfants du monde entier de se bâtir un 'chez soi'. Le diamant y est le matériau le plus convoité, qui permet d'obtenir les outils les plus solides, d’avancer le plus loin possible et de construire un 'chez-soi' rêvé.

Les paroles de "Diamond", de LORN, évoquent l’impossibilité de construire un 'chez soi'. Pas forcément une maison matérielle, au sens littéral, bien qu’il soit question dans les paroles de pierre et d’acier. Marcos Ortega a tenté de s’établir quelque part, toute sa vie, en vain, il a beaucoup déménagé. Moi aussi, j’ai beaucoup déménagé, 18 adresses différentes en 41 ans. Alors, quand Marcos Ortega explique en interview qu’il ne se sent nulle part chez lui, qu’il ne vient de nulle part et d’ailleurs, je comprends ça. Je le partage, moi aussi.

Mais la douleur de LORN, le sentiment intime qu’il exprime dans "Diamond", est plus complexe que l’impossibilité de s’établir quelque part. Il est question d’ongles qui ne tiennent pas, de tenter de se rattacher à une enclave et de ne pas pouvoir s'y tenir. So will I stay in these endless seconds / Suspended on ? Ça a été clairement plus compliqué pour lui que pour moi. La vérité de LORN, c’est que coûte que coûte, malgré les difficultés, il lui a fallu avancer, et tant pis pour ce qu’il a dû laisser en route derrière lui, même les jeux-vidéo.

Alors LORN nous raconte cela en musique, avec sa mélodie répétitive, suspendue dans l’espace, son rythme lascif et ses notes acides et éthérées. Son clip est d’une redoutable simplicité. L’animation en pixelart se retrouve coincée dans les artéfacts visuels d’une vieille cassette VHS. "Diamond" nous évoque une enfance difficile, au travers du langage visuel des jeux vidéo, les vieux. Marcos Ortega a dû constamment bouger, constamment se déplacer, constamment s’adapter. Comme le personnage d’un jeu, son enfance a été faite de tableaux. Des niveaux à écran unique, courts, difficiles et décisifs, comme sa musique. Derrière lui, une vague d’obscurité s’est déclenchée, un tsunami d’encre noire l’a poursuivi. Il n’a pas eu le choix, la solution était unique, et toujours devant lui. Jamais derrière, jamais il n’a pu revenir sur ses pas.

Peu importe les lieux qu’il a dû quitter. Sur le chemin de son double de pixel, on croise des arbres étranges. Les mêmes que l’on retrouve dans le clip de "Weigh Me Down", à l’évidence une suite spirituelle, nous y reviendrons dans une chronique dédiée. Puis on rencontre un chat facétieux, un miroir déformant, des obstacles qui surviennent au dernier moment, un avion, un immeuble, l’obscurité, une partie de Super Mario Land… Des bribes d’enfances à peine dévoilées.
Puis le beat s’interrompt, le temps que les arbres reviennent, qu’ils se multiplient, qu'ils forment une forêt, la même que celle du clip de "Inverted". Elle conduit à un tapis roulant et à une obscurité qui tombe comme la nuit. "Inverted" bien sûr, un autre problème qu’il a rencontré, nous y reviendrons aussi.

Puis la lumière rejaillit, avec une licorne blanche en vedette, comme l’apparition d’un rêve. Mais la tâche d’encre continue sa progression inexorable. LORN poursuit sa route, et le spectre de la mort surgit. Quel que soit l’écran, le spectre réapparaît, à la maison, au cimetière, chevauchant la licorne qui, comme le rêve, disparaît. Rendez-vous à la chronique de "PAWO" pour une tentative d’explication. Non vraiment, ça n’a pas été une enfance facile pour lui.

Au bout du compte, LORN chute, avec la télévision, avec un meuble, avec un train, avec les notes qui semblent vouloir s’évanouir avec lui. Puis il rebondit sur le sol, retour au chat, et la boucle continue. Le chez-soi qu’il n’a jamais pu construire, LORN en a fait une musique, et un clip, une sorte de jeux-vidéo qui tourne en rond. Lui va finir par participer à la bande-son de certains d’entre eux, comme Killzone Shadow Fall en 2013 et Furi en 2016. Lui aussi semble passionné par les jeux-vidéo. Lui aussi, semble-t-il, en a fait son ‘chez soi’, faute d’avoir réussi à s’établir quelque part. Quand on ne sait pas trop d’où on vient, on a du mal à savoir où on va.

(1) https://www.wattpad.com/story/209907348 pour les intéressés. Ça s’appelle Manette au poing. C’est en accès libre sur Wattpad, application téléchargeable sur smartphones et tablettes. Oui, je fais de la pub, pas le choix si je veux être lu. Désolé !

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- Marcos Ortega (musique)


1. Diamond



             



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