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MUSIQUE ÉLECTRONIQUE  |  E.P

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LORN - Yesterday's Pain / Cut The Anchor (2022)
Par CHIPSTOUILLE le 11 Février 2022          Consultée 982 fois

Unearthed, acid etched
What do you see ?

Déterré, gravé à l’acide
Qu’est-ce que tu vois ?


Une rampe ? Un immeuble ? Le pont d’un tanker ? De la lumière qui tombe ? On ne voit rien, comme d’habitude, avec les pochettes si obscures de LORN. Alors on ferme les yeux, on s’immerge dans sa musique, et on tente de trouver une réponse à la question qui nous est une fois de plus posée. Nous sommes face à une intempérie, un cataclysme même. Sommes-nous sur le pont de ce tanker, au cœur de la tempête ? On entend des chants pachydermiques venus des hauteurs. On pense à la Guerre des mondes et à ses extra-terrestres géants, mais aussi à l’enfer suggéré de la saga Cloverfield. Ce chant au son saturé a également des allures de prière de prophète, chantée à l’hygiaphone. Elle nous annonce l’apocalypse depuis le sommet d’une tour. Cette tempête, est-ce le déluge ? Le rythme est lourd, lent, comme une étreinte dont on peine à s’extraire. La fin donne lieu à des jets de vapeur, les monstres sont-ils mécaniques, ou bien sommes-nous descendus dans la salle des machines ? Les paroles ne nous en apprendront guère plus, si ce n’est que la pesanteur de "Yesterday’s Pain" est psychologique et que toute cette musique picturale n’est qu’allégorie. Marcos Ortega nous y confirme bien le terme tempête, néanmoins.

Alors "Cut the Anchor" serait-elle la réponse à cette sombre prophétie ? L’intempérie semble cette fois-ci bien à l’extérieur, de même que les chants monstrueux que l’on devine à peine en fond. Nous sommes enchaînés dans les cales de ce bateau fait de métal. Le son s’étouffe parfois, comme s’il prenait l’eau. Serions-nous entraînés par le fond ? Le rythme est linéaire, toujours pesant, mais doit s’arrêter par instants, le temps d’un pas qui n’a pas lieu. L’impression d’avancer contre l’adversité est omniprésente sur ces deux titres. C’est lascif, à la limite de la monotonie et systématiquement difficile. La musique n’est néanmoins pas laborieuse, il y a toujours des variations, une nouvelle découverte. Nous ne sommes définitivement pas laissé à nous-mêmes dans ce calvaire fait de sons. "Cut the Anchor" est un ordre, mais la musique ne semble pas être parvenue à nous libérer. Personne ne semble ici prompt à obtempérer.

"No Llores", pas de larmes, nous est livré en titre bonus. Avant de s’arrêter abruptement au bout de sa petite minute, il nous déclame les mêmes vers pesants et sombres. Mais nous n’avons là qu’une expérimentation non-achevée. Que nous allons donc copieusement ignorer.

Qu’ai-je-vu ? Qu’ai-je ressenti ? Comment Marcos Ortega arrive-t-il à trouver ainsi, chaque fois, une voie différente, sans renier son style, et de manière toujours aussi prenante ? Yo2_Rustlin n’était donc pas une fin. Rien ne nous dit que celle-ci est loin. On ne sait toujours pas ce qu’il est advenu de l’album Periphery. On peut s’imaginer que le confinement a dû préoccuper l’artiste de la plus tordue des façons. Yesterday’s Pain/Cut The Anchor a un goût de symphonie inachevée de SCHUBERT. Voilà une question et une réponse (insatisfaisante) en deux mouvements. C’est grandiose, c’est noir, c’est lourd, c’est hypnotique. LORN a encore réussi son pari. En général, quand on me sort l’adjectif expérimental en musique, je fuis. Avec LORN, je ne comprends pas, c’est toujours magique.

Mais ce que j’ai oublié de voir sur cette pochette, c’est le cadre. C’est un écran d’ordinateur… Le même que sur The Maze to Nowhere. L’artiste n’a-t-il pas cité l’un de ses meilleurs titres (de l’album Remnant) pour également nous accueillir sur sa page Bandcamp ? "Out of the Frame" ? En dehors du cadre ? En dehors de l’écran d’ordinateur ? Moi qui vous aligne les chroniques ces temps-ci, à taper au clavier sans discontinuer, afin de tuer le temps en attendant que je puisse sortir quand le risque de contamination aura diminué, il serait peut-être temps que je sorte un peu du cadre, également. Allez, je vais faire un tour, ça me changera peut-être les idées.

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   CHIPSTOUILLE

 
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- Marcos Ortega


1. Yesterday's Pain
2. Cut The Anchor
- titre Bonus
3. No Llores



             



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