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MUSIQUE ÉLECTRONIQUE  |  STUDIO

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LORN - Nothing Else (2010)
Par CHIPSTOUILLE le 1er Février 2022          Consultée 641 fois

Voilà 17 ans que ce portrait vous toise sur Forces Parallèles. Pourquoi ai-je choisi de me présenter à vous sous les traits de Holeraw, cette caricature d’Andy Warhole faisant office d’antagoniste, dans la quadrilogie du monstre de Enki Bilal ? A l’époque, la quadrilogie ne devait être qu’une trilogie, et seuls les deux premiers chapitres avaient vu le jour. Enki Bilal y dépassait le cadre du 9ème art (la BD) pour véritablement rejoindre en quelques coups de pinceaux le 3ème (la peinture). Le 5ème (la littérature) aussi, avouons-le, de par les sujets traités. Cette histoire de quête du premier souvenir m’a fasciné. Bien entendu, aucun d’entre nous n’est véritablement capable de remonter aussi loin que son premier jour sur terre. Les philosophes vous préciseraient que la conscience est nécessaire afin que la pensée prenne forme, et avec elle la possibilité d’imprégner notre mémoire. Ce que l’on redécouvrait surtout à la fin du Sommeil du monstre, c’est que le premier souvenir, bien avant la pensée, était avant tout une émotion.

Quel est votre tout premier souvenir ? Etes-vous véritablement en mesure de déterminer qu’il s’agisse du tout premier ? J’ai personnellement déménagé à l’âge de 4 ans. Ceci me confère un certain privilège sur la question. Dans mes tout premiers souvenirs, je suis donc capable d’isoler une poignée d’entre eux avant les autres, du fait de leur localisation. Il n’y a rien dans ces instants que je ne puisse rattacher à une émotion forte : la perte, la peur, la joie, la déception, l’excitation et l’ennui… Quelle est la saison, quel est le jour, qu’a-t-il été dit ? Tout ceci n’est plus que vague impression. Une image floue et une émotion, voilà ce qu’il me reste pour chacun d’entre eux. Enki Bilal exprime le flottement de ses souvenirs lointains par la présence de traits de peinture horizontaux traversant les images du présent. Nos premiers souvenirs ne sont qu’impressions.

Cette impression de début qui n’existe pas tout à fait, je l’ai ressentie en cherchant à déterminer le point de départ musical de LORN. Sur Bandcamp, on remonte péniblement avant 2014. Cherchez bien, il y a deux comptes homonymes. Sur Youtube, la chaine officielle ne remonte pas au-delà de 2010 avec Nothing Else, son premier album. Cherchez bien, on peut tout de même reconstituer son deuxième EP Grief Machine (2007) à partir de multiples vidéos publiées sur différentes chaines. Sur Discogs, on trouve une discographie incomplète, mais présentant des traces antérieures avec le (premier ?) EP 7 & 13 (2006), dont je ne suis parvenu à trouver qu'un seul titre sur Soundcloud. L’autre œuvre préalable ? Un vieux répertoire publié en 2008, constitué de 84 fichiers posés en vrac, nommé "Self Confidence Vol. 1", qui contient à l’évidence plusieurs embryons d’EP ou d’albums. Aucun d’entre eux n’a donc vu le jour officiellement. On n’allait tout de même pas commencer par là…

A l’image de BRAHMS ou BEETHOVEN, il faut donc prendre le train de LORN en route faute de savoir d’où il est vraiment parti. Ce que l’on sait vous dire, c’est que Marcos Ortega a commencé à bidouiller de la musique autour de 2004. Ses débuts sont plus rythmiques que mélodiques. Abstract Hip Hop sans le Hip ni le Hop, Tri Hop, Dubstep, Drum and Bass, IDM, on ne sait dire. Aucun de ces genres ne semble véritablement correspondre. On a bien écouté quelques mesures de DALEK, VENETIAN SNARES, MASSIVE ATTACK, TRICKY, AUTECHRE et quelques autres par le passé, qui semblent approchantes par quelques aspects. On se doute qu’il y a mille artistes qu’il conviendrait mieux de citer ici. Rien ne nous avait autant convaincu que LORN jusqu’à aujourd’hui, dans cette cadence électronique, sombre, et modérée. S’il y a une base rythmique et ambiante dans tout ceci, tous ces genres n’ont laissé que de vagues empreintes. On sait que le terme a déjà été utilisé il y a très longtemps pour DEBUSSY, mais on a surtout envie de vous parler d’impressionnisme ici.

Un impressionnisme noir et brut, qui donne lieu à une œuvre aboutie et absolue. Nothing Else, rien d’autre, a été conçu dans l’idée qu’elle n’aurait pas de lendemain. Fort heureusement, un début de succès a commencé à poindre après cette livrée, ce qui a permis à l’artiste de poursuivre pour le pire et pour le pire. Dès la chanson conclusive, "Until There is No End", une lumière au bout de ce tunnel obscur, on sait déjà dire que Marcos Ortega n’avait pas tout à fait envie de conclure. On vous renvoie à la chronique du clip correspondant pour de plus amples explications.

13 titres, tout de même, sans affoler le compteur des minutes, LORN a peut-être ici péché un peu par excès. On se doute que l’artiste avait envie de tout caser avant, peut-être, de disparaître. Chacun d’entre eux livre une idée, un souvenir, une impression. On est chaque fois transporté, fasciné. Comme Enki Bilal dépassait du cadre de la BD, il semblerait que LORN, avec ses bruits, ses impressions noires, ses motifs répétés, ses rythmes cassés, dépasse du cadre de la musique par instants. Sur quel autre art lorgne-t-il ? Le 6ème (les arts de la scène, et plus particulièrement la danse), ça sera pour plus tard. Concernant le 10ème (les jeux-vidéo et le multimedia), le titre "Cherry Moon" a terminé sa course, si j'ose dire, sur les bandes son de Gran Turismo 5 et DIRT 3. Le rapport entre l'art et les jeux de sport automobile est inversement proportionnel à leur exigence de réalisme. On a donc surtout envie de vous parler du tout premier, l’architecture. LORN construit ses œuvres comme un architecte. Il nous y livre des impressions d’espace, de vide et de textures froides. S’il inspire d’autres artistes à produire des clips non officiels faits de plans d’immeubles au brutalisme certain (1), ce n’est pas un hasard.

Néanmoins, quelques erreurs de jeunesse se sont maintenues ici, malgré la prudence méticuleuse dont LORN a fait preuve avant de nous concocter ce premier album. Le violon introductif d’ "Army of Fear" est un peu trop synthétique. L’enchaînement d’ "Automaton" sur "Bretagne" nous délivre un excès de battements. Les claquements insistants de "Void I&II" sont trop présents pour que l’on profite pleinement de ses borborygmes et de ses nappes mélodiques en fond. De manière générale, Nothing Else nous semble un peu excessif dans ses break beats pour le moment. LORN va peu à peu les délaisser dans ses productions suivantes, au profit du chant, des mélodies et des ambiances. Ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Soulignons tout de même la présence de quelques incontournables comme "Greatest Silence" et "Cherry Moon", qui n’ont pas eu le droit à leurs clips officiels, mais l’auraient bien mérité. LORN m’a conquis au point de briser le moule usuel de mes critères d’appréciations en musique (la mélodie, la vitesse, les variations…). Je ne suis pas ici comme un poisson dans l’eau. Mais comme un bébé découvrant le monde, seules les impressions et les émotions me restent après la découverte de cet univers. C’est bien sombre, tout de même, mais ça me plaît.

(1) Clip non officiel de Oxbow B (tiré de l’EP The Maze To Nowhere) https://www.youtube.com/watch?v=q5zNqf5lX5w

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   CHIPSTOUILLE

 
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- Marcos Ortega (tout)


1. Grandfather
2. None An Island
3. Army Of Fear
4. Bretagne
5. Automaton
6. Void I
7. Void Ii
8. Tomorrow
9. Glass & Silver
10. Cherry Moon
11. Greatest Silence
12. What's The Use
13. Until There Is No End



             



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