Bientôt 8, l’ONU estime que ce sera pour 2023. 8 milliards d’individus. Mais on vient de passer à 7 en 2013, non ? 1 milliard de plus en 10 ans. Oui, je sais, ça fait flipper. La population va continuer d’augmenter, c’est une fatalité.

L’Inde est la future grande 'gagnante' de cette course à la surpopulation (ça devrait être pour 2027). 1.37 milliards d’individus à l’heure où j’écris ces lignes. J’ai passé presque un an et demi en Inde, et je ne comprends toujours pas bien pourquoi. Ils arrangent leurs mariages, donc tout le monde se retrouve en couple à peu de choses près. Ils sont également dingues de bébés, à un point irrationnel. Le problème en Inde, c’est la pression sociale, les traditions et les réactionnaires. La moindre différence est pointée du doigt, ou pire, bien pire. Vous n’avez pas idée.

Donc, si vous êtes célibataire, votre famille vous prend la tête, tout le temps. Si vous êtes en couple sans enfant, votre famille vous prend la tête, tout le temps. Si vous n’avez qu’un enfant, votre famille vous prend la tête, tout le temps. Pour ajouter l’utile à l’agréable, les religieux vous prennent aussi la tête, tout le temps. Les publicités pour assurance aussi nous affirment que la clé du bonheur, c’est d’avoir deux enfants. Elles me prennent la tête ces publicités, tout le temps. Avec tout ça, on n’est pas près de faire évoluer les mentalités…

La science-fiction essaye bien de répondre à la question. L’une des réponses est proposée dans Children of Men (Les fils de l’homme), un film dans lequel il n’y a plus d’enfants. « Quietus », le produit s’appelle : l’auto-euthanasie, le suicide industrialisé, ça ne fait pas rêver. Le clip d’Anvil de LORN reprend d’une certaine manière cette idée. 2100, la surpopulation mondiale aboutit à la création d’un réseau social post-mortem baptisé Anvil. Un terme qui signifie enclume, en anglais. Le problème de la surpopulation, c’est bien un poids. Le clip animé en noir et blanc se déroule en 2188. Il nous présente une jeune femme se connectant à une interface corporelle, pour plonger dans un monde virtuel, dans un serveur de l’au-delà.

Une nouvelle fois, LORN s’associe aux meilleurs (GERICKO) pour nous proposer une expérience audiovisuelle sublime. L'imagerie emprunte à la fois au style japonais (l’urbanisme, les urnes, les getas), européen (on pense à Moebius, mais pas que) et américain (la profondeur des encrages). On part de l’anticipation pour voyager dans le surréalisme et revenir à la science-fiction. Transhumanisme, anatomie débridée, le corps et la technologie se conjuguent au futur dans un déluge de formes géométriques et de vues subjectives. C’est grandiose.

Musicalement, LORN part de chromatismes très mélodiques baignés dans une production rétro. Ces notes répétées aboutissent à des envolées synthétiques sur une base de break beat. Plus on avance, plus la mélodie s’évanouit dans des échos impalpables. Le son traverse le temps comme le clip traverse la mort, LORN poursuit son parcours fascinant. Entre les break beats des débuts et les nappes de claviers évanescentes, "Anvil" synthétise à lui seul l’évolution de LORN au cours du temps. Le titre est tiré de l'album Vessel, sorti en 2015. La pochette reprend d'ailleurs l'esthétique de ce clip.

La solution contre la surpopulation, la vraie, pas celle de la science-fiction, elle est déjà connue. Le taux de natalité est étroitement lié à l’alphabétisation des jeunes filles, à l’égalité des sexes. S’il y a plusieurs projections, c’est qu’on ne sait pas à quelle vitesse cela va s’améliorer. Si l’on veut régler le problème de la surpopulation, il faut mieux éduquer les femmes du monde entier. Nous n’avons pas beaucoup d’influence, chacun d’entre nous, pour changer les comportements en Inde, en Indonésie ou au Nigeria. Faudrait déjà fermer le clapet à tous les religieux qui continuent de prôner la procréation à outrance. L’amour c’est beau, le fruit de l’amour c’est beau aussi. Mais trop de fruits, ça donne la diarrhée. Pour y arriver, on peut déjà commencer par montrer l’exemple, par mieux respecter les femmes chez nous. Parce que même ça, ce n’est pas gagné.

Connaissez-vous Marion Séclin ? Une jeune femme qui s’est faite harceler pour avoir simplement essayé de dénoncer une simple vérité. Championne de France de cyber-harcèlement, se présente-t-elle (1). Il y a de quoi. Tout ça parce que ces messieurs ne savent plus quoi faire avec leur pissou, si on ne les autorise plus à accoster des inconnues dans la rue. 40 000 messages insultants, bravo la France. Pour lutter contre ça, elle propose quelque chose de très simple. Manifestez votre soutien. Etouffez les messages haineux sous les mercis.

Nous avons la chance d’avoir été témoins du phénomène Me Too / Balance ton porc. La chance, oui, parce que ça ne pouvait plus continuer comme ça. Devant un phénomène comme celui-là, messieurs, fermons notre gueule, écoutons, et remettons-nous en question. Moi aussi, Blanche Gardin m’a tout d’abord fait grincer des dents. Ce n’est pas facile d’entendre toutes ces vérités, ce n’est pas une raison pour insulter les gens. C’est dingue que même en France, on ait encore 20% d’écart de salaire et qu’on voie autant de comportements répugnants. Vous saviez que Strauss Kahn n'a pas été condamné dans l'affaire du Sofitel ? Encore un qui s'en est sorti grâce à son pognon. La honte, même en France, on n’y arrive pas. On a le droit de faire des erreurs. L’essentiel, c’est d'en prendre conscience. Errare humanum est, perseverare diabolicum, ce n’est tout de même pas compliqué. Merci Marion Séclin, Pénélope Bagieux, Isabelle Alonso, Marina Rollman, Adèle Haenel, Blanche Gardin et toutes les autres, merci de nous ouvrir les yeux, et de continuer à le faire ! Ce qu’elles nous disent, ces femmes qui ont le courage de prendre la parole dans un contexte si hostile, c’est important. C’est grâce à des comportements comme les leurs qu’on s’en sortira, peut-être… Parce qu’il y a bien plus que l’égalité des sexes en jeu, là-dedans.

(1) https://www.youtube.com/watch?v=sphZS8JVwNc