Le succès n’a guère changé notre Bonnie ! Voyez plutôt : après avoir sorti trois albums aux immenses succès interplanétaires, puis un live, la voici qui se met en tête de nous proposer un opus sobrement intitulé Fundamental. Bah, tout le monde va parier sur l’album roots des familles soit le retour aux amours premières de la rouquine à la mèche blanche, dont les trois premiers albums étaient bien terreux terriens. A mon sens, c’est une démarche d’équilibre, elle pense certainement avoir un peu perdu de son authenticité dans le dédale des multinationales de la musique. Nous sommes en 98, on sait que son mariage avec l’acteur Michael O’Keefe souffre, mais qu’importe, elle a très belle allure sur la photo de couverture de son treizième album.

Voyez donc le petit shuffle d’introduction de "The Fundamental Thing", tout laidback. Bonnie décrit la chanson comme un retour aux bases primordiales de la vie, de sa musique. Très sympa et cette rythmique est à se damner. "Cure For Love" est tout aussi tranquilou, sobre et plein d’un bel esprit bien raw de derrière les fagots. Bonnie y semble très à son aise. Une petite national embraye "Round And Round", on se croirait sous un arbre près d’un crossroad à faire le boeuf avec les potes qui passent. La voix de notre chanteuse est toute lointaine, on l’entend à peine pour laisser le pouvoir aux guitares. En un seul mot, c’est roots si on n’avait pas encore saisi le concept. D’ailleurs, voyez donc les crédits : c’est une compo du joufflu Willie DIXON, la classe. La compo de John HIAT "Lover’s Will" est quasiment sépulcrale. Bonnie en tire un joli parti avec sa belle voix claire, on retient le superbe refrain. "Fearless Love" est mignonne, toute douce, de l’Americana dans le texte. "I Need Love" déménage enfin un peu, cette compo du bassiste Joey Spampinato nous fait un peu sortir des pré carrés habituels de l’artiste.

Nous sommes désormais habitués aux compositions de Bonnie. Cette fois, on embraye avec "Spit of Love", sa rythmique fantomatique, toute éthérée, superbe et donnant une atmosphère irréelle au titre. Le chant de Bonnie achève de lui donner de belles lettres de noblesse. C’est bien sûr plus moderne, un poil moins roots, avec un solo magnifique. "Blue For No Reason" nous ramène à des considérations plus pop. On pense à Sheryl CROW et même aux BANGLES par instants. Il n’empêche que le titre reste de belle allure. Comme à chaque fois, nous avons droit au rocksteady… Cette fois, c’est "I’m On Your Side" et toujours bien agréable puis il y a toujours un chti’ côté laidback sur "Meet Me Half Way", mais à nouveau l’ensemble évoque Sheryl CROW, ou alors c’est le contraire, pardonnez-moi, j’oublie que Sheryl voulait ressembler à Elton JOHN Jusqu’à ce qu’elle voit Bonnie RAITT à la télé ! Enfin, "One Belief Away" reste souple dans ce même ensemble.

Le pari n’en était pas vraiment un, et voici un album clairement moins pop et plus racines que les précédents. Bonnie y retrouve certaines sonorités bien agréables, et la vibration générale reste très positive, comme c’est souvent le cas avec notre rouquine californienne. Les résultats commerciaux sont bien sûr moins élevés que lors des étonnantes sorties des dix ans passés, mais on reste haut et fort. 17éme du billboard, pas de quoi rougir ! Toujours simple et fidèle à son personnage, Bonnie RAITT, toute roots qu’elle soit, reste au top !