Il suffit d’une image pour changer une ambiance ! On se souvient de la couv' particulièrement ratée de Streelights, et nous sommes cette fois aux antipodes avec cette nouvelle photo où on a même du mal à resituer Bonnie RAITT qui ne sous avait pas habitués à de grandes acrobaties. Voilà qui interpelle, mais positionne d’emblée le disque de 75 dans une ambiance décontractée.Ne nous attendons pas à du roots ! Il s’agit déjà du cinquième opus de la chanteuse guitariste et, pour le moment, on ne sait pas encore dans quelle direction la carrière de la jeune artiste va se diriger : très roots et raw dans ses trois premiers albums, beaucoup plus mainstream et pop dans le quatrième.

C’est un morceau d’Allen TOUSSAINT qui ouvre le skeud : "What Do You Want The Boys To Do ?" impose une jolie bonne humeur avec son ambiance soul festive détendue du gland. L’ensemble sonne bien sûr très mainstream, mais Bonnie semble d'emblée moins à la peine que sur l’album précédent. Un peu plus bluesy, "Sugar Mama" fait enfin retentir la slide et la wah-wah de Bonnie. Ah, ça fait du bien ! Le R’n’B reprend ses droits avec "Walk Out The Front Door" aux jolies harmonies vocales. Les gars de LITTLE FEAT sont dans la place ! Le mandoliniste Fred Tackett propose la très souly pop "Fool Yourself" dont le refrain réussi se laisse bien écouter. Puis, c’est au tour de Bill PAYNE de proposer une compo' à la rouquine californienne et "Pleasin Each Other" nous renvoie à une country cool et sans prétention.

Le guitariste John HALL suit Bonnie dans ses pérégrinations depuis quelques temps déjà, et avant d’être un politicien en vue aux U.S, il proposait déjà des compos oscillant entre funky et pop : les cuivres et l’ambiance de "Good Enough" sont bien symboliques de son art. Le grand piano de "My First Night Alone Without You" nous éloigne d’autant plus du pré-carré de base de Bonnie, sans que cela soit désagréable pour autant. Ce joli slow est toutefois très pop et sert au mieux la jolie voix douce de la chanteuse. La "Run Like A Thief" de John SOUTHER nous ramène dans le giron de la countrypolitan, mais la voix de Bonnie parvient tout de même à illuminer cette chanson tristounette, avec quelques jolies interventions de guitare.

Les meilleurs moments de cette livraison sont les suivants : Eric KAZ, ex-BLUE MAGOOS et grand requin de studio, propose souvent ses compos à Bonnie et elle tire ici un très joli parti de la poppy "I’m Blowin Away", avec ses orchestrations judicieuses et ses harmonies typées 'grands espaces'. Enfin, un piano de saloon lance l'ambiance bien western de "Your Sweet And Shiny Eyes", chanson que son ami Jackson BROAWNE a aussi l’habitude de chanter. Dois-je confesser que c’est dans ce genre de moment que je préfère la douce Bonnie RAITT ? La glorification des paysages américains, on se croirait à l’arrière d’une caravane à regarder les vaches passer.

On est mieux que sur l’album précédent, mais ce n’est toujours pas avec celui-ci, même s’il n’est pas exempt de qualités, que je conseille de découvrir la discographie de la rouquine à la mèche blanche. Sa voix est toujours impeccable, jamais prise en défaut, et on retrouve enfin un peu son jeu de slide, même s’il est à mon sens trop discret. Les résultats sont plutôt bons, l’album se classant à une honorable 43ème place du billboard, de quoi espérer un avenir meilleur pour Bonnie RAITT qui se fait peu à peu un nom dans la communauté et qui tourne beaucoup, pour le meilleur ! C’est un trois équilibré.