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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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- Style : Ange, The Gentle Storm , Blackmore's Night, Pentangle, Steeleye Span, Barleyjuice
- Membre : Black Sabbath, Martin Barre , Alan Simon , Chicken Shack
- Style + Membre : Fairport Convention, Ian Anderson

JETHRO TULL - A Passion Play (1973)
Par KERAZ le 22 Janvier 2008          Consultée 11889 fois

Dans sa solitude, Ian Anderson produit en 1973 l'un des albums les plus mystérieux et mystifiants qu'il m'ait été donné d'entendre. Le but de cette chronique n'est pas d'accorder une note quelconque à l'oeuvre ni d'imposer impunément un point de vue, mais bien de l'analyser pour mieux comprendre la controverse qui l'entoure.

Commençons par rappeler quelque vérité : le caviar, c'est raffiné et divinement bon, mais si on en mange trop, la conséquence est inévitable, on vomit et on ne veut plus en manger par la suite. C'est un peu ce qui arrive si on s'adonne trop à l'écoute de A Passion Play. Bien entendu, je n'ai pas renvoyé mon dîner à force de remplir mes oreilles de ce supposé chef-d'oeuvre incompris (je n'ai pas la flore intestinale si fragile quand même), mais je me suis simplement lassé au point de ne plus vouloir l'écouter. Pourtant, cet album était destiné à devenir le chef-d'oeuvre incontesté de JETHRO TULL, ce que croient toujours d'ailleurs certaines personnes qui tentent parfois en vain, parfois avec succès, de nous en convaincre. Néanmoins, A Passion Play reste l'opus le plus controversé de sa discographie et il ne laisse personne indifférent. Plus conceptuel, plus recherché, plus lyrique; il est le nec-plus-ultra de la période prog de la formation.

Ne vous attendez surtout pas à retrouver l'ambiance satirique et humoristique de Thick As A Brick car avec ce nouvel opus, on ne rit plus ! Il a presque entièrement été composé par Ian Anderson dans ses présumés longs moments de solitude. Le concept, très difficile à cerner, traite du voyage spirituel d'un homme après sa mort. Et c'est l'une des réjouissances que procure A Passion Play. Enfin, Ian Anderson s'éloigne un peu de son style d'écriture habituel qui, à la longue, devenait répétitif. Apparemment, cette fois-ci, il a énormément travaillé les textes, tous si profonds que j'ai eu bien du mal à en discerner le sens. La principale différence entre cet album et son prédécesseur, c'est la musique, quasiment méconnaissable ici si ce n'est la voix de Ian Anderson comme élément de continuité. Composée à partir de séquences extraites d'un projet de magnum-opus abandonné, la longue chanson qu'est A Passion Play diffère clairement de Thick As A Brick par son aspect expérimental débridé. D'ailleurs, le morceau, bien qu'il soit scindé en deux pour le bien de la cause (ah ces bons vieux 33-tours !) est en fait divisé en 16 séquences distinctes et de longueurs variables, ce que confirme rapidement l'écoute de l'oeuvre. Et bien sûr, il s'agit d'un accommodement très attrayant pour le chroniqueur que je suis.

Face A : L'étonnante montée

Le début, très différent de celui de l'opus précédent, inaugure une partie orchestrale épique, principalement à l'orgue et à la basse ainsi qu'une intro ne témoignant aucunement du caractère sombre que dissimule A Passion Play tant elle est rythmée. Imprégnée de leads de flûte et de sifflements, elle s'achève abruptement par un coup de tonnerre, moment où entre en scène la voix de Ian Anderson. En connaissant le concept, il est facile de deviner que cette partie correspond à la mort du personnage. La mélodie est tout simplement somptueuse et les accompagnements intimistes merveilleux. On se laisse très vite charmer par la face plus 'dark' de monsieur Anderson. La transition suivante est encore plus abrupte et directe car on enchaîne avec une petite séquence jazzy, saxophone à l'avant, pour ensuite revenir aux somptueuses mélodies. Ce n'est pas nouveau, le groupe nous y avait déjà habitués avec l'album précédent. Mais déjà, on commence à discerner les changements radicaux dans la musique. Le tempo plus lent, la présence intermittente et intimiste de la guitare acoustique et du piano : l'album est à traiter avec le plus grand sérieux. Les nombreuses parties instrumentales sont d'une complexité inégalée chez JETHRO TULL, on peut même à certains moments les comparer aux frasques complètement décalées de GENTLE GIANT. Vers les 13 minutes, on retrouve certainement la partie la plus intéressante de la galette, vaguement bluesy, où le groupe joue à l'unisson pour finalement revenir à ses délires 'Crimsoniens' en une séquence instrumentale enivrante. D'une complexité déconcertante, mais d'une efficacité réconfortante, la première partie est décidément trompeuse quant à l'orientation que prendra le disque. Surpassant de loin Thick As A Brick, elle témoigne d'une inspiration presque hors-du-commun.

Face B : L'abrupte descente

Le début de l'indigestion musicale commence ici. On peut aisément supposer que le groupe a fait une intoxication alimentaire tant la première partie de la Face B évoque un voyage astral suite à une prise exagérée de champignons hallucinogènes. Il s'agit en fait d'une narration théâtrale déclamée par John Evans qui sort pour l'occasion son accent le plus laid possible. On croirait un conte pour enfant récité par Syd Barrett. S'agirait-il d'une blague pour changer un peu l'atmosphère? Peut-être, mais je crois qu'on aurait bien pu se passer de cette séquence. C'est à ce moment précis que l'aspect expérimental s'aventure un peu trop loin et que le terme d'indigestion musicale prend tout son sens. Après cela, on a droit à des parties acoustiques, très bonnes, et d'autres instrumentales un peu pompeuses, à répétition, avec un peu trop de synthés. Toujours aussi mélancolique, la voix de Ian Anderson vient un peu racheter la narration de son comparse et on retrouve avec plaisir les belles mélodies intimistes de la face A. On note également une utilisation exagérée du saxophone qui devient vite lassant. Seule la fin, rythmée à souhait, avec guitare électrique et basse en vedettes apporte un peu de fraîcheur à la deuxième grande partie du morceau. Un goût amer reste dans la bouche à la fin de A Passion Play. Comment laisser un auditeur sur sa faim? Vous avez la réponse.

Il est presqu'inutile de noter cet album car chacun doit impérativement se faire sa propre idée. Certaines personnes (combien sont-elles?) adulent le morceau au complet et la folie dont il est empreint. Pour ma part, A Passion Play reste un album un peu décevant car, avec cette inspiration, Ian Anderson avait le potentiel de servir son meilleur album à vie, mais il est allé apparemment trop loin dans son élan de créativité. La morale de cette histoire : manger trop de caviar, c'est mauvais.

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   (3 chroniques)



- Ian Anderson (guitare, chant, flûte, sax)
- Barriemore Barlow (percussions)
- Martin Barre (guitare Électrique)
- John Evan (piano, orgue, synthétiseurs, narration)
- Jeffrey Hammond (basse, voix)


1. A Passion Play Part 1
2. A Passion Play Part 2



             



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