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JETHRO TULL - Under Wraps (1984)
Par MARCO STIVELL le 21 Janvier 2011          Consultée 7279 fois

Under Wraps, ou l'album honni de JETHRO TULL, non pas par le groupe lui-même bien sûr (quoique ?) mais par le public. A un tel point que parfois ses détracteurs écrivent mal son nom - j'en ai connu un qui l'écrivait sans cesse "Under Wrap", pourtant deux mots, dix lettres et même pas de "The" escamotable, c'est pas bien sorcier ! -. C'est dire si la polémique est forte autour de cette galette. Ce qui peut aisément se comprendre, il n'y a qu'à se rappeler que cette situation est arrivée maintes fois, et avec des groupes non moins prestigieux que JETHRO TULL. Prenez GENESIS par exemple. Alors que son album Duke sorti en 1980 marquait une transition de choix entre deux époques bien distinctes, les années 70 et les eighties, de manière à la fois assurée et conciliante, le disque Abacab sorti un an plus tard faisait exploser la machine avec des sons et compositions ayant définitivement mis à l'écart les fans de la veille. JETHRO TULL a pris le parti de faire chaque chose en son temps. Stormwatch en 79 marquait la fin de la 'période classique' du groupe, j'entends par là le renvoi par Ian Anderson de tous les 'anciens' membres, à l'exception de Martin Barre. L'album A avait apporté un nouveau souffle en 1980 grâce à la présence d'Eddie Jobson, une avancée bien plus 'technologique'. Broadsword And the Beast, deux ans plus tard, a fait encore mieux, avec cette fois une progression dans les riches eighties, avec de la réverb' en-veux-tu-en-voilà. Et suivant le nouveau rythme d'un album tous les deux voire trois ans, voici Under Wraps en 1984, sans doute l'album le plus jusqu'au-boutiste du groupe dans sa soif de modernité, et susceptible de se prendre des volées de bois vert comme on n'en avait plus vues depuis A Passion Play, onze ans plus tôt.

C'est bien simple, il suffit de regarder le livret et les crédits. Pour cette toute nouvelle expérience, le docteur Peter-John Vettese est toujours présent, d'abord en tant que claviériste bien sûr, mais aussi comme compositeur de la majorité des morceaux. D'autre part, vous remarquez qu'aucun batteur n'est mentionné dans l'édition remasterisée, cela ne saurait évidemment être plus clair : les anciennes éditions tentaient de vous faire croire qu'il y en avait bien un, et le croirez-vous, c'était Ian Anderson lui-même qui était crédité à ce poste. Le sceptique s'esclaffe. Le naïf dans mon genre s'enthousiasme en voyant "drums" écrit à côté du nom du maître. C'est le sceptique qui a raison. Contrairement à Stormwatch où Anderson tenait vraiment la basse dans la majeure partie du disque, ici il n'a pas effleuré la moindre peau d'une baguette, voire d'un doigt. Tout n'est que programmations, boîtes à rythmes, drum machines, tout ce que vous voulez dans ce goût-là. Les faux rythmes viennent se caler par-dessus les autres instruments, et l'utilisation est telle qu'on se demande parfois si l'inverse n'est pas également valable, à savoir les morceaux qu'on aurait construits autour d'un même rythme, un rythme commun à plusieurs chansons.

C'est bien là le principal problème d'Under Wraps. Vous commencez à me connaître et savez que je ne critiquerai pas cet album pour son parti-pris sonoristique, du moins pas dans l'absolu. L'idée d'une oeuvre hyper-électronique après le rock eighties de l'excellent Broadsword And the Beast était plutôt bonne, pour ne pas dire très bonne. Mais on a l'impression nette que Under Wraps, à force d'avoir trop voulu explorer de nouvelles voies, n'a fait parfois que se perdre lui-même. Le côté rock est présent surtout dans les guitares, et l'on sent malgré l'avalanche de séquences et de programmations que Martin Barre s'y est beaucoup impliqué (pour preuve, il cosigne quelques compositions, ce qui n'est guère fréquent dans la carrière du groupe). D'autre part, on peut noter ça et là quelques chansons d'une qualité plus importante que les autres, mais pas assez pour faire d'Under Wraps un indispensable. Le travail est intéressant, mais décidément trop homogène et facilement qualifiable de 'daté', voire obsolète (je ne m'y risquerai pas !) Les quelques interventions bien senties de flûtes, ou les accents toujours aussi nasillards de Ian Anderson semblent presque hors-sujet ici. Surtout, les compositions d'Under Wraps manquent d'efficacité. Globalement, on peut affirmer que l'apport de sonorités électro à tout va justifie facilement l'absence de mélodies réellement marquantes, voire de passages jouant à la fois sur la simplicité et l'efficacité, ce qui ne faisait pas défaut au disque précédent.

Bien sûr, on note des exceptions, mais si peu, en particulier l'interlude "Under Wraps #2", véritable respiration folk au milieu du disque, mais aussi le très bon tandem "European Legacy" / "Later, That Same Evening", les plus incisifs "Automotive Engineering" et "Lap of Luxury" ou encore "Heat" qui symbolise à lui seul l'éclat du JETHRO TULL 'classique' avec une nouvelle armature. Pour le reste, on navigue entre le bon, le très bon et l'anecdotique, sachant encore une fois que le tout sonne très 'uniformisé'. Cela rend l'album copieux à chaque écoute, difficile à s'enfiler d'une traite, même si Under Wraps s'inscrit encore dans l'ère du vinyle.

Je m'amuse parfois à me demander si une écoute de cet album aurait donné envie à de grandes figures de la chanson telles notre Jean-Jacques GOLDMAN - pour ne citer que lui - de pousser leur écriture à travers ce domaine innovant mais aussi plutôt extrémiste (il n'y a qu'à voir le morceau "Bienvenue Sur Mon Boulevard" du concerné, album Non Homologué, 1985).
En définitive, on est loin d'une oeuvre aussi délicate que ce que la pochette veut bien nous suggérer. Quoiqu'il en soit, même si la note peut paraître un peu sévère, elle tient compte de l'intérêt que procure un tel disque. Jugez plutôt.

Note réelle : 2,5/5

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   MARCO STIVELL

 
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- Ian Anderson (chant, flûte, guitare acoustique, programmations)
- Martin Barre (guitares électriques)
- Dave Pegg (basse)
- Peter-john Vettese (claviers, programmations)


1. Lap Of Luxury
2. Under Wraps #1
3. European Legacy
4. Later, That Same Evening
5. Saboteur
6. Radio Free Moscow
7. Astronomy
8. Tundra
9. Nobody's Car
10. Heat
11. Under Wraps #2
12. Paparazzi
13. Apogee
14. Automotive Engineering
15. General Crossing



             



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