La pochette ne laisse pas l’ombre d’un doute planer sur l’identité du groupe, le duo britanique des PET SHOP BOYS est de retour. Ils portent certes leur âge jusqu’au bout de leurs crânes chauves et de leurs ongles manucurés. Le temps a passé mais le talent est encore là, n’en doutons pas. Comme souvent ces derniers temps, le duo semble en droite ligne sorti de Matrix, deux Smith qui sont là pour le plaisir des oreilles et non pour vous soutirer votre énergie ! Nous sommes toujours sur leur label X2 et James Ford est derrière la console. Il s’agit de la quinzième contribution du groupe à la musique populaire et son succès ne s’est jusqu’à présent jamais démenti.

On retrouve immédiatement la dynamique propre au groupe dès le premier single. "Loneliness" s’impose immédiatement avec ses sequencers qui nous replongent à l’époque où la synth pop dominait le monde de la musique. La voix de Neil semble sortie d’un single de 1985, un vrai plaisir coupable de se retrouver dans la Delorean de Marty pur plonger en 85, n’est-il pas ? Ce titre qui fait son chemin dans le cortex se présente avec bonheur aux oreilles de tous les ados de cette époque bénie des dieux ! Le second single "Dancing Star" est dédié à la mémoire de Rudolf Noureev. Il est moins mémorable mais porte de la même manière l’hommage aux fières années synthétiques fluos.

L’aspect dance est d'emblée présent sur "Feel". On sent l’appel des dance floor, une batterie monolithique en carton qui doit un brin à la techno qui est passée par là. Les synthés proposent une jolie ligne mélodique, et Neil semble avoir 25 ans, comme il se doit. Le refrain est d’une rare élégance, voilà un terme qui convient parfaitement au duo. Le terme convient aussi remarquablement à "The Secret Of Happiness", un mix d’influences diverses de new-wave et de variété, de pop et de synth, tout ceci assorti d’un petit rythme caribéin pour se sentir sous le soleil. La danse reste une préoccupation première, ainsi "Why Am I Dancing", les lignes statiques de sequencers et les percussions métronomiques sont une marque de fabrique du groupe !

Et parfois Neil Tennant se souvient qu’il est guitariste et que le monde ne se compose pas que de claviers et d’ordinateurs ! Cela nous donne "The Schlager Hit Parade" aux arrangements bien pompeux, et je ne parviens pas à déterminer s’il s’agit d’un hommage ou d’une moquerie pour nos voisins d’outre-Rhin ! "New London Boy" propose une vibe plus contemplative et quasi ambient pour nos amis de l’animalerie, avec un peu de flow, eux seuls occupent ce créneau, DEPECHE MODE ou OMD sont loin de ce style, pas de doute. Un piano et la voix douce de Neil lancent "A New Bohemia" qui pêche un peu par manque de rythme, ce qui fait pencher la balance vers une évidente variété. "Love Is The Law" est un mid-slow où les nappes de synthés se taillent une part de lion, bien achalandé. Enfin, "Bullet For Narcissus" semble tout droit sortie de l’une de leurs productions des eighties. Les couplets me paraissent un peu simplistes avec un chant trop figé de Neil.

L’album a été très plébiscité par les critiques de tout poils et on ne peut que saluer la sine évolution dont le duo a su faire preuve au fil des années en adaptant sa musique aux modes du moment, sans perdre pour autant en substance. De là à poser une note qui attire immédiatement le regard, il y a un pas que je ne franchirai pas. De la belle ouvrage et une maîtrise complète de leur art, c’est une évidence, mais je reste sur un trois équilibré sans parvenir à sortir un titre du lot, même si je conseille l’écoute de "Loneliness".