Nous en sommes à peine au quatrième opus des DURAN DURAN, et nombreux sont les changements et évolutions à avoir transformé le groupe anglais, que nous avions laissé au pinacle du stardom international. Déjà, plus de deux années se sont écoulées depuis "Arena" leur live officiel. Le groupe s'est ensuite scindé en deux parties. La première, composée de John et Andy Taylor, est parti jouer les jolis coeurs en compagnie de Robert PALMER en créant le gang de Hard-rock bien burné POWER STATION. Les trois autres ont monté le projet ARCADIA. Personne n'est resté inactif, mais les querelles et autres gestions d'égo, assorties d'une invraisemblable consommation de cocaïne - à l'exception du batteur Roger Taylor qui va s'enfuir le plus loin possible de ce pandémonium intégral. Bref, l'heure est déjà à la remise en question, pas simple quand on a à peine plus de 25 ans et l'avenir derrière soi.

Du coup, c'est une moitié de groupe - moins Roger donc, et le gratteux Andy qui souhaite continuer dans le Rock méchant - que nous retrouvons ici : le ténébreux John Taylor, à la désormais fragile cloison nasale, accompagné du skipper Simon le Bon et de Nick Rhodes qui peine à réunir les énergies disponibles.
Mais nos artistes relevant le gant proposent à nos esgourdes bien oublieuses en cette année 86 le super single "Notorious" au ton dansant et plus 'sérieux' finalement que leurs grands classiques de New-wave. On navigue dans des eaux plus musicales, plus funky. Le single est un franc succès, rien à dire. On pense alors que les fab five - enfin three - vont s'en sortir sans dommage. Le single suivant "Skin trade" est d'ailleurs quasiment aussi agréable à l'oreille, mais il tarde à grimper dans les charts et ne fait pas la performance escomptée en s'arrêtant à la place 22 du billboard, chose impensable pour les DURAN. Quel camouflet !
L'inquiétude de devenir des 'has been' pointe le bout du nez et les égo s'emballent. Le dernier single à porter les espoirs des boys est "Meet el presidente", un titre carrément funky et de facture sympa mais pas mémorable, qui laisse les fans sur le cul tellement éloignés qu'ils sont des préoccupations des adorateurs de "The reflex". Si loin qu'il fera moins bien encore que son prédécesseur.

Pour le reste de l'album, c'est souvent funky - L'influence de Nile Rodgers toujours à la production ? - , ainsi la guitare de "So Misled", composition pas vraiment à la hauteur. C'est parfois ambient comme sur "Winter marches on". On connaît le talent de Simon pour pondre des mélodies poétiques et touchantes, mais le résultat reste peu original. Nous avons aussi de la World dance avec "A matter of Feeling", puis beaucoup de grosses guitares sur "Hold on" et sur la sympathique "Vertigo". Je retrouve pour ma part un peu des sonorités passés sur "Proposition" qui fait toujours la part belle aux guitares grasses. Il faut d'ailleurs signaler qu'Andy Talor et Warren Cucurullo -sessionman puis futur membre - se sont partagés les sessions et que le groupe vivait un tel bordel à ce moment précis que nul ne sait qui a joué quoi.

Bref, la pente descendante. Inutile d'en faire des tonnes, on sait très bien ce qui a toutes les chances d'arriver. On constate que la qualité des titres est en deçà et que le choix d'axer le son du groupe sur le funk ne fut pas une idée judicieuse. Certes le single "Notorious" reste dans les mémoires, mais ce n'est certainement pas le cas de l'album qui déçoit de nombreux fans de la première heure sans en gagner d'autres.