En 1979, les MISFITS n'ont toujours pas réussi à sortir le moindre album. La tentative Static Age de 1978 s'étant soldée par un échec, il a bien fallu se contenter du maigre lot de consolation que constituait l'EP 4 titres Bullet. Mais il faut croire qu'en cette fin de décennie 1970, le destin semble continuer à s'acharner sur le groupe de Glenn Danzig. Alors que les MISFITS tentent de revoir leurs ambitions discographiques à la baisse en planchant sur un simple EP 5 titres, les voilà forcés et contraints de ne sortir finalement qu'un petit 45 tours ne contenant que 3 des 5 chansons originellement prévues. Les deux titres annulés, "Who Killed Marilyn ?" et "Where Eagles Dare", seront finalement édités en 1985 sur la compilation Legacy Of Brutality, dans des versions fortement overdubbées par Glenn Danzig lui-même. (*)

L'équipage des MISFITS version 1979 a encore changé : Franché Coma (guitare) et Mr. Jim (batterie) sont ici respectivement remplacés par Bobby Steele et Joey Image. C'est pourtant, sur ces trois titres explosifs, à la même rage et à la même violence horrifique que celle à laquelle nous assistions sur les sessions Static Age que nous avons affaire. Un punk rock cru, sauvage, sans concession, foncièrement horrifique et bien bien dégueulasse. La qualité assez moyenne de l'enregistrement servira de prétexte au groupe pour prétendre que les chansons de cet EP ont été enregistrées... dans une maison hantée. Pffff, n'importe quoi, mais à l'époque le bouche à oreille a du marcher, et les MISFITS vont continuer de se faire une réputation en or sur la scène punk américaine de la fin des années 1970. Glenn Danzig continue ici d'affiner sa sinistre recette, avec un "Horror Business" qui dépote bruyamment, et une section rythmique qui carbure du feu de l'Enfer. L'excellente "Teenagers From Mars", titre issu des sessions Static Age, se voit ici recyclée dans une nouvelle version qui n'est pas fondamentalement différente de celle de 1978, mais qui peut au moins se vanter d'avoir vu le jour, elle ! L'EP se termine sur un "Children In Heat" un peu plus convenu, mais qui clôt brillamment les hostilités.

Fait notable : c'est avec ce troisième single/EP des MISFITS qu'apparaît enfin la célèbre mascotte du groupe, le "Crimson Ghost", cette fameuse figure fantomatique tirée d'un vieux poster de film d'horreur des années 1940, appelée à être dupliquée à l'infini sur une quantité astronomique de t-shirts et de divers produits dérivés dans les décennies à venir. Preuve indéniable que single après single, le groupe du New Jersey continuait de forger un peu plus son identité, et que cette troisième publication officielle constitue une nouvelle étape importante dans l'histoire des MISFITS.

(*) Les versions originales de ces chansons verront cependant le jour en 1996. Une nouvelle version de "Where Eagles Dare" sera publiée quelques mois plus tard sur le single Night Of The Living Dead.