En complément de His'n'Hers, qui montre un Pulp qui cartonne, Island Records sort à peine un mois plus tard l'EP The Sisters. Si l'on prend également en compte la compilation Masters of the Universe éditée par Fire, les fans de la bande à Jarvis Cocker auront eu trois disques en trois mois, ce qui est pour ainsi dire généreux. Ça l'est d'autant plus que la qualité est plus que présente, que ce soit dans un présent britpop alléchant ou un passé alternatif méconnu mais passionnant.

The Sisters est donc un complément de His'n'Hers, et ce n'est pas rien de le dire. En effet, la lecture de la courte tracklist permet de repérer un morceau éponyme, curieusement non retenu pour l'album. Ce ne sera pas la première fois dans l'histoire de la musique, rappelons-nous par exemple Houses of the Holy, enregistrée en 1973 par LED ZEPPELIN mais qui n'apparaîtra que deux ans plus tard, sur le pénible Physical Graffiti. Les raisons d'un tel rejet sont multiples, la première étant le déficit qualitatif, autrement dit on vire une chanson vraiment naze. Naze, "His'n'Hers" (la chanson) ne l'est pas du tout, oh que non. Pour le coup, la section rythmique, pourtant oubliée au profit de Jarvis, Senior et Doyle mène cette fois la danse. Ceci étant, la synergie est toujours présente, et si le chanteur occupe logiquement le premier rang, ses comparses dressent une toile de fond des plus subtiles, alternant entre des couplets limite tribaux et un refrain plus classique mais relativement attractif. Une belle pépite donc, qu'il serait dommage de rater – ça tombe bien, les rééditions récentes de His'n'Hers (l'album) l'incluent comme bonus.

Le reste de l'EP The Sisters contient également du tout bon, notamment avec... "Babies". C'est la troisième fois, après The Gift Recordings (1993) et His'n'Hers (1994) qu'on retrouve cette chanson. C'est à croire que les membres de PULP aiment la caser dès qu'ils le peuvent. On ne s'en plaindra pas, si ce n'est pour le côté « je prends la place destinée à un inédit », et Dieu sait combien PULP en a composé. On trouve aussi "Your Sister's Clothes", une chanson au refrain à retenir, et "Seconds", qui aurait carrément mérité une meilleure exposition médiatique tant elle présente bien ce à quoi on peut s'attendre avec PULP. Dansante, dramatique, so british... que demande le peuple ?

Si PULP bénéficie d'un état de grâce, d'un âge d'or, ce n'est pas seulement dû au hasard. Il suffit de se pencher sur ce qui n'a pas été retenu sur le LP. The Gift Recordings nous l'avait déjà montré, et The Sisters le confirme : PULP est un monstre doué, qui ne sait pas, ne sait plus comment rater sa musique.