Si PULP existait encore en 2006, il célèbrerait alors ses 28 ans de carrière, et plus important, ses 25 ans de présence discographique. Le groupe fondé par le chanteur Jarvis Cocker a mis du temps à s'imposer, mais à force de persévérance, il a fini par percer dans les années 90 et à devenir une référence culte de la britpop, ce qui n'est pas rien. Oui mais voilà, lorsque sort The Peel Sessions, cela fait déjà 4 ans que le groupe a splitté, et qu'il ne semble pas prêt de se reformer. The Peel Sessions est donc, si l'on exclut la rétrospective Hits (2002), la première oeuvre post-mortem officielle de Pulp.

Ça a de la gueule, n'empêche. The Peel Sessions compile les « concerts » donnés par PULP dans les studios de Maida Vale tout au long de sa carrière. Le caractère double de l'album ne témoigne pas d'un nombre anormalement élevé de passages cependant, puisque le second CD contient, en plus d'un concert donné en hommage aux 40 ans de l'émission de Peel, d'autres lives relativement classiques diffusés entre 1995 et 2001. Un programme bien chargé donc, notamment pour le fan de Pulp.

C'est le premier CD qui attire le plus l'attention, ne serait-ce que par la présence des sessions. Mais la surprise est de taille en ce qui concerne les quatre premières pistes, datant de... 1981. Hé oui, les morceaux du PULP préhistorique refont surface, et pas n'importe lesquels ! Ceux qui ont été enregistrés après que Peel a entendu les démos de Jarvis et ses potes ! Historiquement parlant, même si la musique était mauvaise, ce serait déjà un incontournable. Mais à l'écoute des morceaux, on comprend pourquoi le célèbre DJ anglais s'est penché sur PULP. Voilà un post-punk certes générique mais jouissif qui démarre pied au plancher. Il est alors intéressant de faire le lien avec les EP parus plus tard, et de se rendre compte de manière claire et nette que Pulp aurait pu devenir un solide second couteau du genre. Mais le groupe a dans un premier temps privilégié une voie plus folk-pop, comme en témoigne ici "Wishful Thinking", seul rescapé qu'on retrouve plus tard sur It (1983), le premier LP du groupe.

Le reste des sessions est bien plus classique puisqu'on se trouve dans le terrain bien connu de l'âge d'or de PULP. De par l'absence des musiciens additionnels et d'arrangements de cordes, les morceaux se parent d'un nouvel habit sonore, plus sobre, offrant un nouvel angle de vue qui est le bienvenu. Ainsi, on entend mieux par exemple le violon de Russell Senior, en particulier sur "Acrylic Afternoons". Lors de la deuxième session, les auditeurs ont eu tout le loisir de découvrir la face B de Lipgloss, "You're a Nightmare", une vraie petite tuerie qui aurait amplement mérité une meilleure exposition. Ensuite, il y a quelques approximations sur le CD 1, comme le chant sous-mixé de Jarvis sur Cocker, ou tout simplement les morceaux issues de la session de 2001. Même l'autre inédit, "Duck Diving", est à peine intéressant.

Le second CD, quant à lui, contient des pistes enregistrées avec un public heureux d'être là – et on le comprend. Les morceaux se tiennent relativement bien sur scène, notamment ceux extraits de This is Hardcore (1998). Mais le moment le plus fort reste notamment "Do You Remember the First Time?" où Jarvis se donne à fond pour un résultat brillant. Ceci étant, il faut reconnaître qu'il n'y a pas là de quoi se détourner durablement des versions studio, ça reste du bonus franchement super, mais du bonus quand même.

The Peel Sessions est un album qui reste un achat majeur pour les fans de PULP bien entendu, mais aussi pour les archéologues du post-punk. L'opus est historique, peut-être à plus d'un titre, quand bien même il reste mineur. Ceci étant, même un non-initié peut y jeter un oeil, c'est pas interdit et ça fera toujours un fan de PULP en plus.