Une sirène de bateau, des vagues de synthés mélancoliques, et déjà viennent les frissons. Bienvenue dans l'univers schizophrène de Brave, le chef-d'œuvre de MARILLION sous l'ère Hogarth.

Après un Holidays in Eden plus pop, le contraste est violent. Les chansons s'enchaînent, remplies de tristesses et de rage. Dès "Bridge" et "Living With the Big Lie", la couleur est donnée. Et le magnifique visage de la pochette au regard si dur ne nous laisse pas de doute sur le contenu. Brave est sombre, très sombre. Et riche aussi, une richesse inégalée de la part des musiciens du groupe.

Si l'ensemble paraît très homogène, les chansons complexes ("Living With the Big Lie", "Goodbye To All That") se mêlent à celles plus calmes ("Runaway", "The Hollow Man", sublimes) et aux grands moments de rock pur ("Alone Again in the Lap of Luxury" ou le grandiose "Paper Lies"). Tous les morceaux bénéficient d'une production et d'une composition millimétrées, un vrai régal à chaque écoute.

Seule "Hard as Love" me paraît moins réussie, brisant la magie des 12 minutes de "Goodbye to All That". Quant à "Made Again" et ses arpèges délicats et poignants, elle conclut de manière sobre et acoustique ce monument du rock néo-progressif qu'est Brave.

S'il est considéré – à juste titre – comme le meilleur album de MARILLION, il est aussi l'un des moins accessibles et des moins commerciaux. Je ne le conseille pas à un néophyte voulant découvrir ce groupe au talent immense, mais au succès mitigé.
C'est pourtant par cet album que je suis entré dans son univers fascinant, comme quoi.

Je lui préfère tout de même Marbles, surtout à cause de "Ocean Cloud". Mais, ce n'est là qu'un point de vue personnel.