1988, après le départ de Fish, on racle les fonds de tiroir et on capitalise comme on peut sur l'immense succès de MARILLION à cette époque, avec un album live (The Thieving Magpie) et une compilation d'inédits (B'Sides Themselves). Rares sont les faces B qui puissent rivaliser avec le contenu des quatre albums studio de l'ère Fish. En cela, B'sides Themselves m'a plutôt déçu car je m'attendais vraiment à ce que ces inédits soient palpitants.

Bon, voyons quelle période couvrent ces inédits : 1982 et 1983 pour pas mal d'entre eux. Mazette, va falloir encore se farcir les batteurs-manchots de l'époque, Mike Pointer et John Martyr. Qui a dit que le progressif était toujours technique ? Certainement pas eux en tout cas !
Ah ! "Grendel", le cas "Grendel" ! Voici un morceau qui divise les foules : la pièce progressive ultime pour les uns, une vaste clownerie copier-collé de "Supper's Ready" pour les autres. Pour ma part, n'ayant pas un avis aussi tranché, je pense qu'il se situe quelque part entre ces 2 affirmations. En tout cas, une chose est sûre, la réputation de clones de GENESIS vient en grande partie de cette pièce !

Les passages en arpèges les plus calmes de "Grendel" sont souvent magnifiques et inspirés, Fish s'y montrant théâtral comme jamais. En revanche, les passages les plus animés sont à la limite du ridicule et d'une pauvreté qui dépasse l'entendement. Je ne parle même pas de la montée en puissance vers la 13ème minute, une repompe totale de "Supper's Ready" ! Heureusement, Fish nous fait son one-man show tout le long, cela permet de sauver les meubles.

Les inédits de 1983, l'époque de Script For A Jester's Tear, sentent le néo-prog moisi à plein nez, entre les gros synthés et la batterie poussive ("Charting The Single" et "Three Boats Down From The Candy"). Le célèbre single "Market Square Heroes" n'est pas vraiment inédit mais, comme il n'est jamais apparu sur un album studio, il a tout à fait sa place ici. Inutile de tourner autour du pot 107 ans, je n'aime pas ce morceau. Seul le pont instrumental me botte. On y retrouve durant quelques secondes les influences écossaises de Fish. Il nous fait d'ailleurs un festival de R roulés sur ce titre !

"Cinderella Search", issu de la période Fugazi, s'avère d'un tout autre niveau. On pourrait presque le considérer comme un classique. Pour le reste, pas de grosses surprises : "Lady Nina" et "Freaks" s'inscrivent bien dans la lignée pop de Misplaced Childhood, et "Tux On" dans le coup d'éclat rock de Clutching At Straws. On peut juste regretter que ces deux titres recourent systématiquement à une batterie électronique, ce qui ne les aide pas à bien vieillir.

B'sides Themselves a principalement une valeur historique : c'est juste le témoignage de ce que l'époque de Fish offrait de meilleur (et de moins bon).