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MARILLION - Clutching At Straws (1987)
Par JOVIAL le 19 Août 2010          Consultée 13026 fois

MARILLION était-il en mesure d'offrir un digne successeur à Misplaced Childhood ? Voire de le surpasser ? Parier l'affirmative était une réponse osée, insensée même, tant le groupe anglais avait réussi à produire un disque magistral, une quasi-référence du rock progressif des années 80. C’était sans compter sur Clutching at Straws, l'énorme claque de l’année 1987. Ne cherchez pas, MARILLION tient là son œuvre ultime, la plus aboutie, et n’a fait ni ne fera jamais mieux. Chef-d’œuvre, sommet, apothéose, point barre. Album parfait ? On ne doit pas en être loin. Je cherche, je cherche, et non, pas un seul défaut à l’horizon.

À l’image de sa pochette, Clutching at Straws est d’une noirceur intense, dès les premières notes de son triptyque d’entrée, "Hotel Hobbies/Warm Wet Circles/That Time of the Night". MARILLION verse dans la mélancolie, sans pour autant basculer dans une musique lamentatrice, mais au contraire dans un style plus direct, jonglant entre élégance et puissance. Les claviers forment une véritable brume sombre et impénétrable, de laquelle seuls les arpèges clairs de Rothery, magnifiques au passage, et le chant à chaque instant mesuré d'un Fish inspiré, parviennent à s'extirper. La symbiose basse/batterie est quasiment parfaite, efficace mais sachant également s’éclipser lorsque l’ambiance l’exige. MARILLION varie ses compositions, de la fragilité la plus émouvante ("Torch Song") à la rage contenue ("That Time of the Night"), en passant par la délicatesse affligée de "Sugar Mice" et de "Going Under" ou la puissance classieuse de "Slaìnte Mhath". Avec "Incommunicado" et "Just for the Record", le groupe redonne un peu d’entrain et de gaieté à son album, par ses deux morceaux enjoués et entraînants. "White Russian", d’une violence et d’une amertume inouïes, reste un peu en décalage, mais serait pour moi la perle méconnue de cet album. Critique acerbe du bloc de l’Est et du néo-nazisme, guitares incisives et claviers désespérés ponctuent cette grandiose pièce, d’une tristesse prenante.

Steve Rothery est au 7ème ciel. Avec une maîtrise et un feeling fantastiques, il transcende chaque morceau par des soli et arpèges sublimes, tellement beaux que les larmes montent facilement aux yeux. En véritable adéquation avec Fish, il adapte ses humeurs à ses parties, contribuant à la construction de cette ambiance si touchante. Mark Kelly effectue ici ses derniers soli aux synthétiseurs, avec classe et technique, et embaume l’album de ses nappes de claviers, tandis que Fish nous noue la gorge par sa prestation inoubliable. Pour "The Last Straw", MARILLION assure son final par un morceau grandiose, auquel participe en renfort la chanteuse Tessa Niles dont la performance vocale est loin de passer inaperçue. Enfin, production soignée oblige, le groupe nous régale par un son d’une très grande qualité.

En conclusion, on a compris quel est mon point de vue au sujet de Clutching at Straws. Disposant d’une cohérence incroyable, de textes inspirés et d’une musique intensément prenante, l’album ne mérite que des louanges. Oui, ma chronique s’étale en dithyrambes, mais que faire de plus en face de pareil album ? Difficile de croire qu’il a été écrit et enregistré alors que les tensions entre Fish et ses musiciens ne faisaient que croître. C’était donc le dernier album de MARILLION en compagnie de son chanteur écossais qui nous laisse avec une œuvre magistrale et des larmes pleins les yeux. L’album n’a pas pris une ride. Intemporel !

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   (2 chroniques)



- Fish (chant)
- Steve Rothery (guitare)
- Mark Kelly (claviers)
- Pete Trewavas (basse)
- Ian Mosley (batterie/percussions)
- Tessa Niles (chant additionnel sur titres n° 2 et 10)
- Chris Kimsey (chant additionnel sur 'incommunicado')
- John Cavanagh (voix sur 'torch song')


1. Hotel Hobbies
2. Warm Wet Circle
3. That Time Of The Night (the Short Straw)
4. Going Under
5. Just For The Record
6. White Russian
7. Incommunicado
8. Torch Song
9. Slaìnte Mhath
10. Sugar Mice
11. The Last Straw/happy Ending



             



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