Quelle prise de tête pour mettre une note à cet album ! A sa sortie en 1982, personne n’avait rien entendu de pareil, ni même le plus souvent eu connaissance de l’existence de ce groupe allemand qui avait pourtant pondu un an plus tôt l’excellent Breaker. Mais Restless and Wild nous a mis une ENORME claque, de celles dont on garde la trace à vie, grâce notamment à quatre énormes titres.
Tout d’abord, l’excellent morceau éponyme avec son riff écrasant, le chant fabuleux de Udi Dirkschneider qui navigue entre des phrases retenues et des accents plus aigus et féroces, et des choœurs martiaux, marque de fabrique du groupe.
Un cran au-dessus, on trouve "Neon Nights", pièce fabuleuse servie par une intro à tomber par terre : de jolis arpèges quasi classiques, une ligne de guitare hyper grave et un riff super efficace pour engager un tempo medium mettant en valeur le chant de Udo et les imparables montées en puissance et en volume des guitares. Le refrain, quoique répétitif, est grandiose, et Wolf Hoffmann fait méchamment chauffer sa Flying V dans un solo modèle d’expressivité et de construction, avant une fin plus rapide et entraînante.
Cet album contient évidemment aussi le légendaire "Fast as a Shark", premier véritable morceau speed de l’histoire du métal. Je ne reviens pas sur les polémiques que l'intro a suscitées, mais ce titre est une véritable bombe, encore capable de nous exploser la tête aujourd’hui, alors imaginez à l’époque ! La prouesse d’ACCEPT est d’avoir réussi à rester mélodieux malgré le tempo démentiel (voir le solo de Wolf et le refrain), ce qui sera malheureusement de plus en plus rare chez beaucoup de ses successeurs.
Enfin, bien entendu, Restless and Wild est l’album de "Princess of the Dawn", un des trois plus grands titres de l’histoire du métal, morceau ultime dont il est impossible de se lasser, au riff si simple, dépouillé et parfait, au chant magique de Udo, au solo incroyable de Wolf (lui aussi au panthéon du métal) et dont la fin extraordinaire me fait penser à celle du tout aussi fabuleux « I Want You" des BEATLES.
Après ces quatre monuments, nous trouvons dans cet album six morceaux qui souffrent forcément un peu de la comparaison. J’aime beaucoup l’énergique "Ahead on the Pack" à l'intro grinçante et au break/solo un peu psychédélique, de même que "Flash rockin’ Man" au riff si classique mais efficace.
"Shake your head", "Get Ready" et surtout "Don’t Go Stealing My oul Away" lorgnent largement vers AC/DC et sont un poil moins réussis, quoiqu’également très efficaces.
"Demon’s night" à l’ambiance lugubre est légèrement moins inspiré mais reste très correct.

Nous voici donc devant ce fameux dilemme : quelle note mettre à un album dont certains titres méritent 7/5 et d’autres plutôt 3-4/5, la moyenne doit faire dans les 5, non ? Cet opus n’est certes pas parfait, ACCEPT fera d’ailleurs mieux quelques années plus tard, mais il est une des pierres fondatrices du genre, et rien que pour cela, il mérite la note maximale.