Un an et demi après la sortie de Somewhere In Time, IRON MAIDEN revient pour son septième opus. Cette fois, Bruce Dickinson a été écouté, et c’est un groupe soudé comme jamais qui va tenter de trouver l’équilibre parfait entre l’agressivité des premiers albums et les acquis du précédent dans l’élargissement du spectre sonore et l’unité thématique. Adrian Smith y trouve également son compte, et les trois compositeurs attitrés du groupe (avec Steve Harris bien entendu) sont ainsi au meilleur de leur forme, ce qui change tout. Le thème de l’album tourne autour de pouvoirs paranormaux du 'septième fils d’un septième fils', issu tant du roman fantastique de Orson Scott Card que des écrits du fameux Alister Crowley (oui, le "Mr Crowley" de Ozzy).
Difficile de parler réellement d’un concept album, mais les morceaux sont indiscutablement reliés par un thème commun. Et cette pochette, quelle merveille !

L’album est tout aussi splendide, les tubes pleuvent, les parties instrumentales sont d’une incroyable qualité et Bruce est impérial comme jamais. Prog ou pas prog ? On s’en fout, tout est réussi : les claviers, les galops, les ruptures de rythme, les incroyables soli de guitare; le groupe retrouve même une audace proche de celle de ses débuts et s’autorise toutes les fantaisies sans se planter une seule fois. Allez, je vais chipoter sur "Can I Play With Madness" que je trouve un peu en retrait, mais tout le reste tue !
Le début d’album est tonitruant avec la speedée "Moonchild" aux claviers un peu à la "Baba o Riley" des WHO, suivie par la plus réfléchie "Infinite Dream" enjolivée par la partie de guitare 'hendrixienne' de Dave Murray sur les couplets et sa belle séquence musicale centrale appuyée par les claviers. Le reste est à l’avenant avec des refrains superbes et des couplets mémorables ("The Evil That Men Do", "The Clairvoyant", "Only the Good Die Young") ou encore l’intro superbe de "The Prophecy" et sa fin magnifique à la guitare acoustique (le reste du titre est également excellent). Vient enfin le joyau "Seventh Son of a Seventh Son". Ce dernier est indiscutablement un des plus grands titres de MAIDEN car tout y est parfait, de l’intro grandiose aux vocaux de Bruce (quelle classe sur le refrain), en passant par sa longue partie centrale et le monologue vocal souligné par des chœurs splendides et un accompagnement d’une grande finesse de Nicko McBrain. Je crois bien que la reprise après l’accalmie est la plus belle partie instrumentale jamais enregistrée par le groupe, avec des solos totalement inspirés de Dave et Adrian, le jeu stratosphérique de Steve et la batterie qui donne une vie incroyable à l’ensemble.

Cet album s’est inscrit d’emblée au firmament des réussites du groupe pour énormément de fans, notamment les plus récents (les anciens comme moi préférant souvent le tryptique Beast, Piece et Powerslave), et a suscité d’innombrables vocations. Le disque n’a d’ailleurs pas pris une ride, continuant à inspirer tous ceux qui le découvrent.
On ne savait alors pas qu’il s’agissait du dernier grand chef-d’œuvre d’une incroyable série de sept albums quasi-parfaits, exploit jamais reproduit depuis dans le métal comme dans la plupart des genres. Quel que soit le regard porté par chacun sur la suite de leur carrière, MAIDEN mérite bien notre reconnaissance éternelle et notre plus grand respect.