N’ayant pas eu la force d’écouter cet album depuis de nombreuses années, j’ai décidé de faire l’effort pour les besoins de cette chronique. Mal m’en a pris car l’expérience a été bien douloureuse. Dans mes souvenirs, deux titres étaient réellement exécrables : "The Angel and the Gambler", incroyablement fade, long et répétitif, et "Como Estais Amigo" où la voix de Bailey, malgré les bonnes intentions du texte, se révélait vite insupportable. Cette nouvelle écoute m’a confirmé la nullité de ces morceaux, mais elle m’a conduit à mettre dans le même sac le pachydermique "Don’t Look to the Eye of a Stranger" et le vite balourd "Lightning Strike" avec son accélération digne d’un groupe de garage. A peine mieux, "When Two Worlds Collide" et "Educated Fool" ont au moins le mérite d’avoir des intros sympas avant l’enlisement (Bailey a même un petit côté FISH au début du premier). "Futureal", pourtant correcte dans mes souvenirs, vaut à peine la moyenne. Reste bien entendu "The Clansman", superbe composition devenue inécoutable en version Bailey depuis que Bruce la reprend sur scène.
Ce qui me frappe, au-delà du manque d’inspiration évident de l’ensemble, c’est le quasi-amateurisme des compos et de leur exécution, tellement loin du savoir-faire et de l’exigence habituelle du groupe et de Steve Harris en particulier. J’y vois une forme de renoncement : après s’être vu reprocher de vouloir tout contrôler, il semble avoir cette fois laissé filer, ce qui ne lui ressemble pourtant pas. Il essaiera d’ailleurs avec une apparente honnêteté de défendre cet album, ainsi que le chanteur qu’il avait choisi. En pure perte, la sanction sera implacable, en premier lieu celle du public, les ventes plongeant et le groupe se produisant dans des salles de plus en plus petites. Il était temps pour MAIDEN de passer à autre chose, et de sortir enfin de ces années 90 qui lui ont si peu souri.