Non mais sans blagues vous attendiez quoi d’un nouvel album d’ACCEPT ? Troisième groupe de Papy Metal à dégainer son disque cette année, il semble que la tendance soit à enterrer cet opus, là où certains ont crié au génie devant le dernier JUDAS PRIEST pourtant tout aussi "fonctionnarisé" que celui de nos teutons (et au demeurant également produit par Andy Sneap qui semble se spécialiser dans le métal pour EHPAD).

Bien entendu, les Allemands ont depuis longtemps lâché l’affaire, le choix de Mark Tornillo en 2010 pour remplacer le génial UDO ayant condamné le groupe à devenir son propre Tribute Band en choisissant un vocaliste clone de son précédent hurleur en chef, renonçant tacitement à toute réelle ambition artistique. Depuis ACCEPT, sous la houlette du seul survivant de la première heure, l’excellent guitariste Wolf Hoffman, s’ingénie à appliquer la recette qu’il maîtrise à merveille : un Heavy rugueux et viril, carré et sans grande fantaisie mais hyper pro et rarement décevant tant nos sexagénaires maîtrisent leur recette à merveille.

Si vous aimez les riffs saignants, le chant suraigu, les chœurs virils, les refrains en forme d’hymnes, les solos de guitare soignés et expressifs, les sections rythmiques lourdes et massives, vous ne serez donc pas déçus, ces ingrédients délectables (ou pas) sont bien présents dans la galette. Si vous en êtes lassés, passez votre chemin car aucune surprise ne viendra ici raviver votre flamme. Passons sur la pochette ouvertement évocatrice du génial "Metal Heart" de 1985 et volontairement inquiétante, et plongeons dans le vif du sujet.

"Diving Into Sin" est une bonne entrée en matière, le groupe nous propose une version revisitée du titre "Metal Heart" avec l’intro orientale et les références classiques sur le solo de guitare (le Requiem de MOZART cette fois) pour un résultat pas un chouïa original mais plutôt convainquant. "Humanoïd" nous offre un versant plus speed d’ACCEPT, avec un bon refrain et une ambiance sympa, alors que "Frankenstein" est un des bons titres de l’opus malgré le chant qui peine un peu dans la côte. Les parties de guitare harmonisées sont en revanche superbes, et le solo de Wolf Hoffman délectable (mais presque tous le sont).

Au rayon des titres qui sortent un peu du lot, citons encore "Man Up" avec son intro labellisée AC/DC et son gros refrain signature, "Southside Of Hell" un peu plus original que le reste, ou encore la ballade "Ravages Of Time" assez touchante et traversée des belles lignes de guitare lead. Le reste est un peu plus quelconque, mais jamais mauvais et un petit quelque chose d’accrocheur se cache souvent au sein de chaque titre, un riff, un pré-refrain, un solo, comme celui de "Unbreakable" sur lequel Wolf fait un clin d’œil au "Peer Gynt" de GRIEG. Du coup l’album s’écoute d’une traite sans problème et on peut même trouver du plaisir à y revenir.

ACCEPT ne s’en sort finalement pas si mal que çà, ce nouvel opus n’apportera rien au genre ni à leur gloire, mais vient correctement compléter une discographie finalement inégale.
Je trouve d’ailleurs que rayon Papys, c’est étonnamment SAXON qui a sorti le meilleur album du lot, mais ACCEPT n’a pas démérité, le JUDAS étant selon moi le moins réussi des trois (ou le plus décevant). Et puis ce n’est pas parce que la recette est toujours la même qu’un plat devient immangeable, je mets donc un trois à ce disque dont je n’attendais pas grand chose et qui constitue donc pour moi plutôt une bonne surprise. Si ce devait être le dernier album d’ACCEPT (snif), il reste à les remercier pour les merveilleux moments qu’ils nous ont offerts tout au long de leur carrière. Respect.