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GRATEFUL DEAD - Workingman's Dead (1970)
Par SASKATCHEWAN le 8 Décembre 2014          Consultée 2830 fois

Début 1970, le Mort reconnaissant est encore loin d’être sorti du pétrin. Pire, il s’enfonce. Les dettes liées à l’enregistrement d’Aoxomoxoa pèsent toujours sur les finances du groupe, qui désespère de rembourser la Warner. Quand le père du batteur Mickey Hart, accessoirement manager du groupe, se barre avec la caisse, nos hippies préférés prennent un sacré coup derrière la tête. Les problèmes se déplaçant en meute pour chasser, une descente de la brigade des stup’ manque d’envoyer la joyeuse équipe en prison méditer sur les méfaits de la poudre de perlimpinpin. Les trips acides de ses petits camarades font de moins en moins marrer le claviériste Tom Constanten, qui claque la porte après cette énième péripétie.

Jerry Garcia comprend alors que les sessions studios interminables sont un luxe qui appartient au passé. Lui et le reste de la bande enregistrent leur quatrième album dans l’urgence, en abandonnant d’un coup les longs développements psychédéliques qui faisaient la réputation du GRATEFUL DEAD. A l’époque, l’harmonie qui se dégage du super-groupe folk Crosby, Stills, Nash & Young impressionne Garcia. Avec le parolier Robert Hunter, ils concoctent une musique nouvelle pour le groupe, à partir d’influences country, rock et folk.

Le revirement spectaculaire opéré par le GRATEFUL DEAD n’est pas forcément du goût de tous ses anciens fans. Alors qu’il était plutôt affilié au mouvement étudiant et à la Californie moderniste auparavant, le DEAD de Workingman’s Dead fait ouvertement de l’œil aux classes populaires américaines et à un public en général plutôt rétif aux expérimentations loufoques. A la différence des autres changements d’orientation musicale à venir dans la carrière du groupe, la révolution folk de 1970 est une pleine réussite, une preuve éclatante du talent des rockeurs de Palo Alto.

Ce sont les chansons lentes qui tirent le mieux leur épingle du jeu. « High Time », morceau contemplatif, rappelle avec force que la musique traditionnelle américaine a fait de la solitude une de ses sources d’inspiration principales. « Black Peter », joué sur un rythme tranquille, est dans la même veine. Bob Weir à la guitare et Phil Lesh à la basse forment un duo tout en retenu, loin de l’exubérance des albums passés. Les deux batteurs sont un peu en retrait : on voit mal l’utilité de doubler Kreutzmann par Hart, d’autant plus que l’inévitable Pigpen s’occupe également des percussions. Le pauvre Mickey Hart, placé dans une situation inconfortable après la fuite de son père, a dû penser la même chose à l’époque, ce qui explique sans doute son départ après les sessions d’American Beauty.

Du côté des morceaux plus enlevés, les inspirations du DEAD se font moins subtiles. « Dire Wolf », avec son introduction typiquement country, ainsi que « New Speedway Boogie » et « Cumberland Blues » appliquent tellement scrupuleusement les recettes de leur genre d’origine qu’on croirait entendre des reprises de classiques. Ecoutez-moi ce banjo sur « Cumberland Blues », qui a dû provoquer quelques arrêts cardiaques chez les admirateurs de soli endiablés période Anthem of the Sun. On en retrouve certes quelques traces sur le magnifique passage instrumental d’« Easy Wind ».

Workingman’s Dead est sans aucun doute un hommage réussi à la musique américaine. C’est avec cet album et le suivant que GRATEFUL DEAD installe définitivement sa popularité auprès du grand public aux Etats-Unis. Le premier volet du diptyque est néanmoins le moins réussi, le groupe se contentant de suivre à la lettre des recettes déjà éprouvées. American Beauty transcendera cet héritage pour devenir le seul véritable chef-d’œuvre de la période folk du DEAD.

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   (2 chroniques)



- Jerry Garcia (chant et guitare)
- Mickey Hart (batterie)
- Bob Weir (chant et guitare)
- Ron 'pigpen' Mckernan (chant et claviers)
- Phil Lesh (chant et basse)
- Bill Kreutzmann (batterie)


1. Uncle John's Band
2. High Time
3. Dire Wolf
4. New Speedway Boogie
5. Cumberland Blues
6. Black Peter
7. Easy Wind
8. Casey Jones



             



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