1970, année du retour à la terre pour le GRATEFUL DEAD. C'est ce qu'il convient de retenir de la manière la plus basique, au vu des multiples difficultés connues par le groupe, internes et du point de vue public.

Banjo, percussions et guitares acoustiques, pedal-steel maîtrisée par Jerry Garcia depuis un moment (rappelons qu'il en a joué pour JEFFERSON AIRPLANE) supplantent pour de bon les claviers de Tom Constanten, seul musicien éphémère de l'histoire du groupe. Les refrains en choeur et teintés d'Amérique profonde comme "Casey Jones" ne sont pas au goût de tous les jeunes Californiens rêvant d'étoiles noires.

Dire toutefois que le DEAD est passé brusquement de 'tout' à 'rien', d'un groupe 100 % rock psychédélique à un groupe gentiment folk est un peu exagéré (les acides ont dû trop altérer l'écoute de Aoxomoxoa), comme le fait que GENESIS est un groupe rock progressif devenu pop du jour au lendemain, avec toujours des arguments financiers pour l'appuyer. L'argent qui est d'ailleurs, très factuellement pour le coup, au coeur du problème de Garcia et de sa bande à l'époque... Disette donc urgence musicale, et réussite !

"Uncle John's Band" avec son folk-country parcouru des roulements tribaux de Bill Kreutzmann, cela sent le mélange de CROSBY STILLS & NASH et l'envie d'aller plus loin, pas trop en revanche. "Black Peter" est une petite merveille blues avec un rien du DEAD planant pour ne pas que cela sonne trop sec. Les choeurs comme les guitares-banjo en arpèges de "High Time", "Cumberland Blues" et "New Speedway Boogie" sont un bonheur. Tant pis pour les imperfections du chant de Jerry gommées par les effets de doublage !

Enfin, "Easy Wind" est l'un des meilleurs efforts blues offerts par Pigpen à mon sens, avec le retour de son harmonica depuis le premier album, encore des roulements de batterie... Une chanson du parolier Robert Hunter seul, chose fort rare, et l'un des rares moments où la cohésion du groupe est la plus forte sur ce brillant Workingman's Dead. Et le meilleur reste à venir.