Mai 1983, il flotte dans l’air comme un léger parfum de doute avant la sortie du nouvel album d’IRON MAIDEN. The Number of the Beast nous avait mis une telle claque que beaucoup considéraient que le groupe ne pourrait rien nous proposer d’aussi bon. Clive Burr partait ; le groupe était allé enregistrer à Nassau (les Bahamas c’est pas très métal) ; finalement, Bruce n’allait pas forcément mieux tenir la distance que son prédécesseur. Il était de bon ton, déjà à l’époque, de brûler ce que l’on avait adoré, au point que lors de la sortie en avant-première de la chronique de Enfer magazine, l’inquiétude est de rigueur, l’article se concluant par un éclairé et prémonitoire (lol) pour un groupe vieux de 7 ans, on pouvait espérer mieux !. Autant dire que les sabres sont de sortie et les gibets commencent à se dresser.

Heureusement, tonton Zégut a commencé à nous rassurer en diffusant le premier single (celui qui parle d’Icare) véritable bombe mélodique pourvue d’un refrain qui tue. Enfin, l’album est arrivé, avec sa pochette bien déjantée, le gros jeu de mot du titre et la photo médiévale avec la cervelle sur la table. Dès les premières notes et la célébrissime intro batterie de Nico, le choc : cet album est une véritable bombe !

Soyons précis : "Revelations", "Flight of Icarus" et "The Trooper" sont des hymnes immortels, encore joués dans la tournée en cours Legacy of the Beast. "Where Eagles Dare" et "To Tame a Land" (mon titre préféré de MAIDEN toutes époques confondues) sont les deux meilleurs morceaux de l’album, pièces proprement incroyables et entrées au panthéon du métal. On y ajoute "Die With Your Boots On" et "Still Life" qui, chacun dans son genre, sont des petites merveilles Heavy, avec une mention spéciale pour le refrain du premier et l’intro hendrixienne de Dave Murray sur le second. Il nous reste "Sun and Steel" et "Quest For Fire" qui dans n’importe quel autre voisinage seraient considérés comme excellents mais pâtissent un peu de la proximité avec les chefs-d’œuvre précités (cela dit, réécoutez les lignes de basse de Steve du premier et la partie instrumentale du second, modèles de construction mélodique).

Le son, probablement avec l’arrivée de Nico et grâce au travail de Martin Birch, bascule plus clairement vers le métal, plus froid et clinique que dans les albums précédents mais d’une clarté et d’une précision extrêmes. La prestation des musiciens est époustouflante, Steve en tête de la première à la dernière note, mais Bruce est impérial, les guitaristes incroyablement inspirés et Nico apporte de la puissance et de la rigueur à l’ensemble.

Nous tenons là un chef-d’œuvre absolu du métal, de ceux qui ouvrent moults portes et créent quasiment un sous-genre à chaque titre. Qu’IRON MAIDEN soit éternellement loué pour nous avoir offert un tel bonheur !