Copain SOUCHON, pas seulement Alain. On aime sa voix, son chant détaché mais quand même habité, on se rassemble autour de la chaleur de son univers folk et de ses chansons feu de camp, que lui aussi aime faire partager.

D'où cette idée naturelle de reprendre des morceaux de son enfance, comptines et autres pour proposer son disque de reprises, car il devait bien s'y mettre à son tour. De façon admirable, il reverse ses droits à la Ligue contre le cancer, un beau geste.

À Cause d'Elles est réalisé avec Renaud Letang, une fois de plus, ce qui nous promet quelque chose d'agréable au moins sur le plan musical, de beaux moments folk et peut-être un peu plus que ça. En fait, le producteur et l'artiste suivent la logique de l'album précédent, Ecoutez d'où Ma Peine Vient (2008) qui contenait certaines chansons plus colorées.

Letang et le batteur Vincent Taeger usent de tout un choix de percussions, il y a un choeur d'enfants qui ouvre l'album, c'est tout mignon. "En Sortant de l'Ecole" de Prévert et Cosma prend des tons calypso, il y a quelques claps dans les mains, des tempos country exotiques ("Memphis Tennessee") et des orgues qui sonnent comme des jouets anciens. Cet ensemble est ponctué par l'accordéon et Nicolas Villebrun à la guitare électrique.

Alain SOUCHON chante donc ces chansons avec une émotion plus ou moins marquée, parfois monocorde comme sur "Les Crapauds", un de ces airs qu'on entend beaucoup chez les scouts. Musicalement, on trouve aussi un peu plus de densité et "Le Petit Grégoire" reste l'un des meilleurs choix de cette sélection, comptine sur les participations de la Bretagne aux armées françaises dans un passé pas si lointain. "Simone" a un goût de MALICORNE vu par la Souche.

D'ailleurs, il propose aussi des reprises très courtes et seul a cappella, n'hésitant pas à détourner "L'hirondelle" en message politique. "Marianne" et le poème de Villon ("Je Plains le Temps de Ma Jeunesse") sont très bien. "J'ai Dix Ans" n'a pas la flamboyance de l'originale, mais cette chanson a toujours eu une tonalité enfantine, et ça reste un moment sympathique.

Comme ce disque en fait, au moins sur le principe. SOUCHON n'y est pas auteur, sauf pour un titre qui figure déjà au rang des classiques de la chanson française des 50 dernières années. La voix ne s'accorde pas toujours avec les couleurs musicales d'un point de vue intonation et présence. Certains auditeurs et fidèles du rouquin aimeront peut-être écouter régulièrement ce disque, mais ce n'est pas un passage obligé.