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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Style : Maxime Le Forestier , Julien Clerc
- Style + Membre : Laurent Voulzy

Alain SOUCHON - C'est Déjà Ça (1993)
Par MARCO STIVELL le 15 Juin 2016          Consultée 7218 fois

Avec C'est Déjà Ça en 1993, Alain SOUCHON est au beau milieu de sa période dorée qui se poursuivra jusqu'au début des années 2000. L'année précédente, Laurent VOULZY, son frère, faisait paraître Caché Derrière, autre chef d'oeuvre.

Les quatre premiers morceaux permettent à eux seuls de mesurer l'étendue d'un tel succès, à la fois artistique et commercial. Balancée par quatre accords folk auxquels se superposent quelques notes de guitare électrique - devenues symboliques - par Michel-Yves Kochmann, "Foule Sentimentale" ouvre le bal avec une rare distinction. Ce n'est plus le son aérien d'Ultra Moderne Solitude ; les mots, entonnés par la voix fragile et magnifique de SOUCHON, masquent à peine un fond d'ironie affutée comme un rasoir : "Foule sentimentale, on a soif d'idéal... Attirée par les étoiles, les voiles, que des choses pas commerciales...". Portrait désabusé de notre société de consommation et médiatique, elle est une sorte de carte de visite.

Les deux chansons suivantes proposent des métaphores grandioses, pour peu qu'on laisse les mots nous dévoiler leur sens. "Passez notre amour à la machine, faites bouillir pour voir si les couleurs d'origine peuvent revenir ; Est-ce qu'on peut ravoir à l'eau de Javel des sentiments ? La blancheur qu'on croyait éternelle, avant ?" Tout est dit, non ? La musique folk-pop à la française n'a jamais été aussi bien traitée, surtout pas par la "nouvelle scène"... Allez, à la machine ! Kochmann égrène ses cordes de dobro avec une vigueur remarquable.

On peut en dire autant du reggae de "Sous les Jupes des Filles", idée de choix pour illustrer l'éternelle incompréhension entre les femmes et les hommes. Elles plus souvent indépendantes et détachées, nous soumis plus volontiers à l'influence de la testostérone... Et les frasques diverses, les grands principes, les guerres, tout ce qui peut exacerber puis soulager une frustration masculine, une envie de briller pour attirer leur regard à elles. Cette chanson est, comme disait mon professeur de musique favori, "une analyse sociologique en 4 minutes", par une voix faussement innocente !

Enfin, "Les Regrets", l'une des plus personnelles et des plus réussies de la carrière de l'artiste. Le rouquin Alain parle avec force nostalgie de son adolescence, d'une insouciance perdue, d'une "allégresse perdue sur des bateaux de conquête", tout en rappelant ces rêves, les filles, la route des vacances, les chansons de Robert Zimmerman alias Bob DYLAN. La musique, indissociable du texte tant les deux se complètent, est une nouvelle réussite made in VOULZY. De la pop 60's conduite par un arpège de guitare réverbéré aussi simple que désarmant et un solo final de toute beauté.

Il serait injuste de réduire l'album C'est Déjà Ça à ces quatre poids lourds mais que voulez-vous ? Bien sûr, juste après "Les Regrets", il y a "Les Filles Electriques", fort attachant avec sa ritournelle de piano, son texte à fleur de peau et son caractère "vieille chanson" tant affectionné par SOUCHON. Dans la même veine, il y a "Chanter C'est Lancer des Balles"... "des ballons qu'on lance pour que quelqu'un les rattrape / Des ballons d'hélium pour faire monter les hommes".

Le reproche que l'on pourrait faire à ce disque – notez le conditionnel -, c'est justement de s'éloigner de son prédécesseur par un son typique des années 90, relativement bon marché et à base de programmations. Là où VOULZY parvient à développer tout un univers magique en employant les mêmes recettes pour Caché Derrière, SOUCHON et sa prose en chanson s'en sortent un peu moins bien, comme en témoignent les sons arides de "Sans Queue Ni Tête", pourtant plein d'humour, et d'"Arlette Laguiller". Chanson que je n'apprécie que très modérément d'ailleurs, Alain était alors encore un fidèle de la lionne extrême-gauchiste, jusqu'à ce qu'il lui trouve les dents trop dures.

Après celle-ci, VOULZY fournit encore la musique du titre éponyme, qui est une ouverture aux peuples brimés de ce qu'on appelle "tiers-monde", le Soudan en particulier, avec un beau témoignage de force intérieure par ceux qui prennent leur avenir en main en Occident et qui pensent aux leurs, là-bas. La musique permet à Lolo de se renouveler quelque peu, c'est joli et forcément, cela marque un public de plus en plus sensible aux alternatives à la mondialisation telle qu'on l'a connue.

Michel Coeuriot s'en sort décidément mieux avec VOULZY en termes de réalisation, mais l'ensemble de l'album se tient d'un point de vue qualité, et la moitié des morceaux proposés suffit à en faire un des classiques de la chanson française. Plus de 300.000 exemplaires vendus, c'est mérité.

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   MARCO STIVELL

 
   GEGERS

 
   (2 chroniques)



- Alain Souchon (chant)
- Michel Coeuriot (réalisation, synthétiseurs, piano, orgue, basse)
- Michel-yves Kochmann (guitares)
- Basile Leroux (guitares)
- Laurent Voulzy (guitares, basse, choeurs)
- Laurent Faucheux (batterie)
- Guy Delacroix (basses)
- Denis Benarrosch (percussions)
- Celmar Engel (programmations synthétiseurs)


1. Foule Sentimentale
2. L'amour à La Machine
3. Sous Les Jupes Des Filles
4. Les Regrets
5. Les Filles électriques
6. Arlette Laguiller
7. Chanter C'est Lancer Des Balles
8. Sans Queue Ni Tête
9. Le Fil
10. C'est Déjà ça



             



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