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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Style : Léo Ferre , Sanseverino, Claude Nougaro
 

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Bernard LAVILLIERS - Cinq Minutes Au Paradis (2017)
Par BAYOU le 9 Octobre 2017          Consultée 4942 fois

Soixante-dix ans ans au compteur, dont cinquante de carrière. Que le temps a passé vite depuis les débuts de Bernard LAVILLIERS. Pourtant, le vingt-et-unième album du Stéphanois, Cinq minutes au paradis reste dans la même veine, aborde les mêmes thèmes que les autres. Bernard est resté fidèle à ses engagements. Pas du genre à s’exiler au Portugal ou en Suisse pour échapper au fisc, pas du genre à écrire une chanson débile comme "J’ai embrassé un flic" et encore moins de soutenir Fillon à l’élection présidentielle. Il a ses valeurs et les porte fièrement. Même si, bien entendu, il gagne pas mal d’argent, il ne renie pas son passé ni ses origines.

Sans surprise, on retrouve dans ce nouvel album son goût des voyages, sa lutte farouche contre le capitalisme et les patrons voyous, contre le fric. LAVILLIERS est un roc, une référence, un artiste engagé comme FERRE, FERRAT, BERANGER. Certains diront que ce sont toujours les mêmes recettes. Certes, mais on peut préférer une excellente recette ancienne à une nouveauté indigeste.

Histoire d’enfoncer le clou, "La gloire" est un poème de Pierre Seghers, comme naguère "If" et "Est-ce ainsi que les hommes vivent ?". LAVILLIERS a truffé ses chansons de références littéraires, de Cent Ans de Solitude à Au-dessus du volcan, le gros baroudeur costaud est aussi un intellectuel de goût.

Comment le marin, le voyageur des mers pouvait-il rester insensible aux pauvres gens qui traversent la Méditerranée pour fuir la guerre, la faim, la mort ? "Croisières méditerranéennes" ne tombe jamais dans le cliché à deux balles, mais raconte parfaitement le drame des réfugiés. "Charleroi" aborde le thème des villes abandonnées : Je vois ma ville porte coulée / Maison à vendre abandonnées / Les canapés sur le trottoir / Où quelques vieux viennent s'assoir. Les trois premières chansons de l’album se suivent pour développer une puissance incroyable et donnent le ton. C’est de toute évidence du grand LAVILLIERS.

On retombe dans le plus léger, le classique, avec "Montparnasse-Buenos Aires", un peu nostalgique et puis le Bernard révolté, l’homme des hauts-fourneaux, celui qui a écrit le somptueux "Les doigts d’or", règle son compte à Mittal, et cette usine qui devait créer des emplois… mais en Chine ! Fer et défaire / Mais la monnaie ça change de main, de continent / Ça rend les gens étranges et les Chinois contents / Et les Chinois contents / Fer et défaire. La suite logique, "Bon pour la casse", traite du licenciement : Convoqué par le DRH / Et l'inquisition / L'ascenseur monte vers la terrasse / J'me pose une question / Il me dit "Si je considère / Votre position / Descendu par les actionnaires / Pliez vos cartons" / Je lui dis "Il n'y a rien à faire ?" Il me répond "Non".

LAVILLIERS est lucide, mais il laisse l’album se fermer sur "L’espoir" : Sur mes doutes et la colère / Sur les nations déchaînées / Sur ta beauté au réveil / Sur mon calme retrouvé / Le soleil se lève aussi / J'attendais cette lumière / Pour me sortir de la nuit / Me sortir de cet enfer en duo avec Jeanne CHERHAL. Récapitulons : tous les ingrédients pour un excellent album sont présents, la poésie, les voyages, la colère, le duo d’espoir avec une chanteuse, les musiques qui retrouvent l’ambiance des années 1970. On peut aussi ajouter les deux titres écrits par Benjamin BIOLAY, "Montparnasse-Buenos Aires" et "Paris la grise", deux boléros qui s’intègrent parfaitement à l’ensemble.

Enfin, mention spéciale à "Vendredi 13" et les mots de Bernard sur le massacre du Bataclan, pour ne jamais oublier que nos frères sont morts ce soir-là ! Un peu de sang sur ma guitare / Beaucoup de corps sur le boulevard / Bataclan ! / Et l’hymne à l’amour, ce sera pour un autre jour / Yesterday, / Du sang noir sur du velours / Yesterday, / Je cherche encore mon amour / Sur les quais sombres passent des ombres, un début émouvant qui se poursuit par un cri de vengeance Au gibet noir de Montfaucon / Aux bûchers de l’Inquisition / Aux assassins de la Commune / A Vichy / Aux chemises brunes /Liberté ! / C’était dans les années sombres / Liberté ! / Souviens-toi de ceux qui tombent.

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   BAYOU

 
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- Bernard Lavilliers (guitare, chant)
- Fred Pallem (arrangeur)
- Romain Humeau
- Florent Marchet (piano, basse)
- Xavier Tribolet (guitares, claviers)
- Emiliano Turi (batterie)
- Jeanne Cherhal (chant)
- Clément Doumic (guitares, claviers)
- Feu Chatterton (chœurs, percussions)


1. La Gloire
2. Croisières Méditerranéennes
3. Charleroi
4. Montparnasse-buenos Aires
5. Muse
6. 5 Minutes Au Paradis
7. Vendredi 13
8. Paris La Grise
9. Fer Et Défaire
10. Bon Pour La Casse
11. L'espoir



             



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