Après le succès d’estime rencontré par Le Stéphanois, LAVILLIERS réunit en studio les musiciens de haut vol Maurice Vander (claviers), Francis Moze (basse), Michel Ripoche et Mino Cinelu aux percussions, Jean-Marie Hauser (batterie), Hervé Derrien (cordes), Ricardo Santos (contrebasse), Patrice Cinelu (guitare électrique), André Ceccarelli (batterie), Sauveur Mallia (basse), Yvan Jullien (trompette), Bruno Gehin (piano électrique), et le chanteur, qui joue aussi de la guitare acoustique sur tous les morceaux, concocte un mélange de chansons 'à textes' influencées par Léo FERRE avec un accompagnement assez rock.

Les deux chansons qui ouvrent l’album racontent le LAVILLIERS qui a travaillé dans la mine à Saint-Etienne : "Les Barbares" et "Fensch Vallée" sont des hymnes à la classe ouvrière, au travail, à la condition rude mais fière des ouvriers qui déjà n’ont plus d’avenir. Ces deux titres deviendront des classiques de son répertoire. Les mots sonnent juste, l’atmosphère du monde du travail est parfaitement rendue. On imagine les usines dans le froid et la brume et l’arrivée des travailleurs.

Autre atmosphère, autre problème sociétal, avec "Berceuse pour une shootée". Nanard y est seul à la guitare acoustique et sa voix bouleversante raconte le quotidien d’une droguée, un texte fort et superbement interprété. "Plus dure sera la chute" anticipe la carrière de star de LAVILLIERS racontant les avatars d’un chanteur bouffé par le rock-system, le manager, les tournées, avec des mots très durs je ne suis qu’un produit, … une chanson que l’on jette.

"Haute surveillance" traite un peu du même sujet mais en nettement moins réussi. En revanche, "La Zone" aux percussions subtiles contient certainement les vers les plus forts de la carrière de LAVILLIERS : Et sur des tombes bien proprettes / Riez beaucoup et pissez bien / C'était de braves gens honnêtes / Bien installés dans le chagrin. Plus loin, il donne la définition de sa musique : Notre musique nous ressemble / On la consomme comme un béguin / Elle roucoule, elle déconne /Elle éjacule, elle fait du bien /Et dans la nuit de l'amazone / La solitude… .

"Ecoute", de facture plus classique, avec ses cuivres et cordes, est un peu fade, coincée entre "La zone" et "Junkie", autre grand moment qui raconte les aventures déjantées de deux losers, où on perçoit les références cinématographiques : Macadam cow-boy c'était nous / Dans tous les plans, dans tous les coups / Un grand barjo complètement jeté / Un petit vicelard bien allumé /Il fallait cogner et déguerpir / Se fendre la gueule à en mourir / On aurait jamais pu prévoir / Ce qui nous arriverait plus tard.

"La Musique" clôt le disque en douceur, sur des notes langoureuses de saxophone. Ce disque lance véritablement la carrière de LAVILLIERS qui, très vite, passera à l’Olympia et jouera dans le circuit des MJC, gagnant grâce à un superbe show ses galons de bête de scène. Ce L.P assez court contient des morceaux incontournables, devenus des classiques ("Les Barbares", "Fensch Vallée", "Berceuse Pour Une Shootée", "La zone" et "Junkie") qui restent dans le top du top de LAVILLIERS.