AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Et ça continue pour les petites aventures de Christian Grey et sa dinde qu’il fourre à chaque Thanksgiving. Bon, l’avantage d’un disque de ce calibre, c’est qu’on n’aura pas de surprises : ce seront des inédits d’artistes “z’à la mode” puant la putasserie synthérotique et l’autotune en mode frelon, accompagnés de quelques standards du jazz et de la soul (notamment bien repris par Jose JAMES avec une voix chaude et des musiciens décidés). Gagné René. Car le tout se veut sensuel, complice, feulant. L’est-ce ? Mhhhh... En tous cas, niveau qualité musicale, on est très loin d’un "9 Weeks 1/2", qui lui même n’était déjà pas la panacée du genre, il est vrai particulièrement gâté dans les rutilantes années 80 qui ont placé la barre très haut.

Le premier titre donne le ton : c’est bien composé, franchement. Il y a bien pire, il y a de la mélodie, les arrangements sont certes contemporains mais écoutables. Mais le duo ne marche pas. Ca manque de peps, de complicité et d'une éja...xplosion. Explosion, voilà. Et la grande majorité de l’album sera comme ça : pas si mal, mais plan-plan, dans les clous. Comme le film d’ailleurs : bien fait, même pas mauvais, mais totalement inoffensif. Il y a quelques surprises : JRY et son refrain imparable (ces synthés !), THE DREAM péripute aux confins du possible avec son solo de gratte à la Steve STEVENS (on revient aux années 80 invariablement), ou encore une surprenante reprise de COLDPLAY, en mode bare-bones mais curieusement savoureuse. L’habituelle minute (bon, un chouïa plus) consacrée à Danny ELFMAN laisse libre cours à une étrange et intéressante guitare saturée symbolisant la menace au-dessus du couple. Très bien foutu, à la fois expérimental dans sa conception et très accessible, du ELFMAN quoi.

Il y a aussi les opportunités ratées, ou un peu gâchées, notamment par un brickwall épouvantable : tout à fond, c’est ça la sensualité ? HALSEY est ridicule, le rimshot du John LEGEND à lui seul plombe la chanson (par ailleurs bonne) ; quant à KYGO, c’est inécoutable, à en vômir. Le jeunisme fait également des ravages, avec quelques titres complètement déplacés. SIA, son titre est mignon, mais a-t-elle écrit une seconde chanson dans sa vie ? Titre mignon donc... si elle avait la bonté d’arrêter de chanter deux secondes. Quant à Nicky MINAJ, soyons sérieux, c’est à chier du gravier. Musicalement et sémantiquement, c’est du niveau CP. No kidding.

Du reste, le disque peut se résumer à "Kiss Me", son “vrai” dernier titre : il veut être si sensuel qu’il en devient repoussant. Mais... Et si en fait c’était fait exprès ? Christian ? Lâche ce fouet !