Si on devait comparer ce nouvel opus de Roch PRESDECHEZNOUS à un autre disque récent, ce serait sans nul doute celui de David HALLYDAY : même tendance à vouloir à tout prix sonner moderne, avec une prod électro et brickwallée, de l’autotune (totalement inutile en plus) qui change et enlaidit drastiquement le timbre autrefois chaleureux de l’Apollon des Appalaches, des essais désespérés de sortir des gros singles baveux, et.... au final, un album mineur mais qui n’arrivera pas à être totalement mauvais puisque, comme pour ce cher rejeton Ah-que, VOISINE reste un bon artisan de petites chansons de variété fleur-bleue bien foutues. Bon artisan et qui l'a toujours été mais, je vous vois derrière votre sourire chafouin, vous êtes en train de compter et oui, ça fait 27 ans, depuis le phénomène Hélène, qu'on n'avait pas réellement entendu le gossebô sur nos ondes. Ca cache quelque chose.

Le disque souffre donc de son style et de son côté formaté, avec peu de variations dans les sons et les tempos. "Le Phare", avec ses chœurs ultra-putassiers mais son joli refrain, est un bon condensé de l’album puisque moults titres viendront s’abreuver à la même source d’inspiration. Ca peut passer ("La Fée" qui est un genre de mélange de MIKA et de Christophe MAE, mais en mieux je vous rassure...). Mais ça peut aussi casser, comme sur le premier single au refrain tubesque mais trop facile et désespérément trop cliché. Et puis quitte à parler de ce refrain, il a osé. Oui, il a osé. "Souviens-toi de nos plus beaux souvenirs” : BANG ! Cash, la plus mauvaise parole de l'année, et devinez quoi ? C'est bien évidemment la chanson qui est passée partout, absolument partout, dix fois par jour, à la radio, à la télé, dans les grands magasins, dans tes chiottes l'ami. Quel bonheur qu'un artiste constamment raillé et sous-estimé revienne à la popularité avec sa plus mauvaise chanson depuis 20 ans ! Ca donne vachement foi dans le futur de l'industrie musicale, ça.

Dans cet enchaînement de chansons pop électro où rien ne dépasse, "Nos Combats" n’a donc aucun mal à rafler la mise avec son ambiance différente, et à vrai dire un peu plus classique, plus variété lambda des années 80... un domaine dans lequel Roch et son équipe de zicos sont restés efficaces. Si efficaces qu’ils peuvent même se permettre des petites coquetteries, comme "Dieux Verts" et ses changements d’accords euh... bizarres est un euphémisme. ALAN PARSONS PROJECT, le groupe préféré de Roro (NDLR : Véridique) ? Sur ce coup-là, on pense plus à KING CRIMSON qu’à JAIRO ! C’est du Prog Roch Voisine, et non, je n'ai pas honte de ce jeu de mots laid. Souviens-toi des plus beaux souvenirs, hein !!! Oui je sais, c'est une arme fatale.

Plombé par un titre de fin qui aurait dû être plus soigné, plus léché - et disons-le, un poil plus sincère, le disque passe tout seul, ne fait aucun mal, absolument aucun, mais il est un peu décevant de voir un artiste pourtant resté populaire auprès de ses fans tomber dans les travers du jeunisme, alors même que les passages les plus purement classiques sont de loin les plus réussis. Il existe également des radio edit que l'on peut trouver ça et là et qui sont en fait des remixes assez pourris, qui ne font que confirmer le but de cet album : rajeunir son auditoire, artificiellement. VOISINE n’a pas besoin de ça ; et si cet album n’est pas une purge sans nom, nous n’en avons pas particulièrement besoin non plus. Allez, le chemin n’est pas barré, place à la suite.